Chapitre 15

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Voila maintenant un mois et demi que je n'ai pas revu Chris.

Je crois que je n'ai jamais autant pleuré de toute ma vie durant ses 45 jours éprouvants. Nuits après nuits, jours après jours mon quotidien était rythmé par mes pleurs et mes inquiétudes.

Le chemin que mon père empruntait en voiture ne passait pas par l'avenue, je n'ai même pas pu l'observer de loin. M'assurer qu'il était bien là. Il me l'a promis pourtant mais la peur ne me quittait pas un seul instant.


Enfermée dans cette prison dorée depuis 45 jours et enfin la liberté me tend les bras.

Je tremble d'excitation, de peur, d'appréhension, de gène, d'impatience.


Je passe la grille en jetant un regard qui se veut confiant à ma mère.

Elle m'adresse un coucou maîtrisé, sans sourire. Un geste automatique qui ne veut rien dire. Pas de « A ce soir ma chérie » ni de « Travailles bien à l'école », rien que ce geste dénué de sens. Toujours ce même geste.


Lorsque je sais que je suis sortie de son champs de vision, mes jambes se mettent à écraser le sol, la neige à toute allure. Je pique un sprint comme jamais je ne l'aurais soupçonné. Ma délivrance arrive. Elle est toute proche. Je vais le revoir. Chris. Mon exutoire. Mon tout.


Essoufflée, j'arrive devant la ruelle. Je n'ose pas passer la rue. J'ai peur, je crains de ce que je vais trouver, ou plutôt de ce que je ne vais pas trouver.


Et pourtant en m'avançant discrètement, je le vois. Plus amaigrie que jamais. Les larmes me montent aux yeux. Il semble abattu, plus misérable qu'à notre première rencontre. Il ne me voit même pas arriver.


-Chris... Je murmure. Le souffle court.


Soudain, il tourne la tête et ses yeux vairons me transpercent si fort, que mes larmes coulent, mes sanglots s'élancent et je fond, en pleur.


-Dany... Dany... C'est toi...


Il se lève a une telle vitesse qu'en seulement quelques secondes ses bras m'enveloppent avec puissance.


Je crois étouffer mais non... Au contraire, je respire enfin.


-Dany... Mon dieu Dany..Tu m'as tellement manqué. J'ai cru que tu ne reviendrais plus.Jamais.


Je sens une de ses larmes couler et atteindre ma joue, là où les miennes se déversent sans limite.


-Je t'ai dis que je reviendrai... Je reviendrai toujours te chercher. Quoiqu'il arrive...


Il me sert plus fort encore et ce matin pour la première fois, nous n'avons pas petit déjeuné. Nous nous sommes enlacés durant les trente minutes que nos vies veulent bien nous accorder.


**********************


Aujourd'hui, j'ai prévu de nous préparer le meilleur petit déjeuner. Je garde depuis la veille au soir deux pommes dans mon sac que je n'ai pas mangées au dîner. J'ai cuisiné des cupcakes et pressé quelques oranges dans une bouteille en verre que j'ai prétendu être pour la classe pour le goûter qui précède les vacances de février. En plus, j'ai ramené mes sandwich quotidien au beurre de cacahuète.


Ce matin, je prend plus d'avance qu'à mon habitude. Maman ne se doute de rien, elle pense que j'ai besoin d'arriver tôt pour entreposer toutes mes pâtisseries au lycée.


J'ai également refusé que mon père me dépose, ma mère trouvant que j'étais trop chargée et c'est une chance pour moi, il ne pouvait pas, son travail de procureur lui prend trop de temps.


J'ai le sourire aux lèvres lorsque je foule les rues de New-York. Chris va être content. Lui et moi sommes tristes de ne partager qu'une petite demie heure de notre temps chaque jour. Aujourd'hui nous avons une heure et de quoi se nourrir pendant 10 jours.


Lorsque j'avance dans la petite ruelle sombre, mon cœur s'arrête de battre. J'inspire une bouffée d'air comme jamais. Cette inspiration brûle mes poumons, les martyrise. J'ai froid, j'ai mal, je crois que je meurs. Je suis du regard mes sacs entier s'effondrer dans la neige. Les pommes roulent jusque dans le caniveau, les cupcakes s'écrasent contre la poudre blanche. La bouteille en verre explose à mes pieds mais je reste de marbre. Tétanisée, paralysée, effondrée.


Il est parti.

Chris est parti.


Je ne vois presque plus ce qui m'entoure. Je n'entend plus rien. Je crois entendre crier, je crois même que c'est moi mais je n'en suis pas sûre. Je m'étale au sol, mes genoux ont cédé. Ça je le sais, parce que je le sens. Mes tibias viennent de buter contre des morceaux de verre et ça fait mal. Mais ce n'est rien comparé à ce que je ressens à cet instant. La neige devient rouge écarlate à mes pieds. Mais je m'en fou. Il est parti. Il n'est plus là. Et c'est la seule chose qui compte.

Sa couverture, ses sacs, ses livres. Plus rien ne témoigne de notre vie, de nos instants. Cette ruelle, ma ruelle, notre ruelle est vide, morte.

Je crois que des gens s'avancent autour de moi. Une femme me prend la main, elle essaye de comprendre. Mais ces cris, ils ne cessent pas. Ils me font mal à la tête, ils me déchirent. Ma gorge me brûle, des gens me soulèvent mais je me débat. Je ne veux pas partir, il va revenir !

Mes joues sont baignées de larmes, mon corps me fait souffrir, je vais étouffer, m'évanouir. On attrape mes bras et deux hommes en blouse blanche me demande mon prénom.

Je n 'ai pas de prénom.Je ne suis personne. Sans lui je ne suis rien.


-Mademoiselle? Est-ce qu'on peut appeler quelqu'un ? Vous vous êtes blessée, il faut qu'on vous emmène à l'hôpital.


Je me débat de nouveau,je ne veux pas partir. Il va revenir j'en suis sûre, je le sais, il me l'a promis.




Il n'est jamais revenu.


<3<3<3<3<3

COUCOU LES LOULOUS :) :) :) :)

Encore un dernier chapitre et on s'arrête hein??? :P

J'espère vraiment que cette suite vous plait :)

Si c'est le cas, commentez et votez :)

bisouuuuuuu

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