Chapitre 18

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-Tu reprends le travail quand ?


Sofia me sonde, nonchalamment installée sur notre canapé en daim beige, un verre de vin rouge au creux de ses doigts fins.


-Après demain normalement. Le chef exige que je passe par la case psychologue. A les entendre je suis traumatisée, tabassée et humiliée. A cause de ces quelques marques sur mes poignets. Pourtant, je vais bien So' et ça me fou en rogne, j'ai besoin de bouger !


Ces derniers jours ont été affreux. Et quand je dis affreux j'entends ennuyeux à souhait. Je déteste l'inaction, l'inertie. J'ai besoin d'oublier, de passer à autre chose et pour ça il me faut une distraction. Et il faut dire que la solitude n'est pas le meilleur remède.

Ma haine est immense mais je suis soulagée de voir à quel point je réussis à la canaliser.

Pourtant, malgré mon état qui s'améliore je n'arrive pas à détacher mes pensées de lui. Chris.

Je le hais, le déteste. Je n'ai qu'une idée en tête, le faire plonger, me venger.


Mais alors, pourquoi est-ce que je n'ai pas mentionné avoir vu son visage ?


Lors de la déposition, je me suis tue sur l'identité de mon kidnappeur, je crois que j'ai préféré oublier cet instant où il a retiré son casque. Les questions sont arrivées trop tôt. J'avais besoin de temps, de calme, et la précipitation avec laquelle ils ont souhaité m'interroger a forcé mon mutisme. Je leur dirai ce que je sais mais avant ça, j'ai besoin de me rendre à cette adresse seule. L'adresse que j'ai repéré dans son porte monnaie.


Durant ces quelques jours, la solitude m'a poussée à la réflexion. J'étais au bord de l'implosion tant mon esprit était en surchauffe. Il plongera, j'en suis sûre, je m'en fais la promesse mais avant ça, je dois comprendre. J'ai besoin d'enquêter seule, dans mon coin. Je ne peux pas croire que mon Chris et cet homme soient les mêmes. Enfin, c'est lui, bien lui, j'en ai aucun doute, je veux seulement une explication, une vraie. Pourquoi ?


Bien qu'il m'ait fait comprendre à quel point j'étais insignifiante, j'ai besoin d'avancer seule quelques jours, sans coéquipier et de démêler cette histoire.

Le point final ne sera pas mis tant que je ne saurais pas ce qui c'est passé cette nuit là, lorsqu'il a disparu.


-Dany...Je me fais vraiment du soucis pour toi.. Je sens que tu me caches quelque chose et parfois ton silence me vexe. Tu sais que tu peux me faire confiance alors pourquoi ne rien me dire ?


La voix tendre de Sofia m'étonne et me pousse à l'écouter avec attention.


-Tu peux compter sur moi. 5 ans que l'on partage cet appartement et j'ai l'impression que je ne sais rien de toi. A part ta famille et ton travail je ne t'ai jamais vu avec un homme, ni même rencontré tes amis. Et depuis cette soirée en boite, tes aveux m'ont vraiment attristée. J'aimerais que tu sois heureuse mais je ne comprend rien ! Comment t'aider si je ne comprend rien ?


Son ton est réellement inquiet. Je sais que Sofia tient à moi, réellement. Et quand j'y pense, c'est bien la seule à me comprendre, m'écouter et se soucier de moi. Mes parents n'ont jamais rien souhaité d'autre que de me façonner à leur image. Qu'importe ce que je pouvais bien ressentir tant que je savais l'étouffer et suivre leur propre règle.

Je te retrouverai...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant