Chapitre 20

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-Officiez Denver, c'est la troisième fois que nous parlons de votre mésaventure. Vous n'êtes pas choquée, j'en conviens et je l'entend parfaitement. Vous me semblez d'ailleurs en pleine forme pour quelqu'un qui vient de vivre un tel traumatisme. Cependant, vous ne racontez la scène que d'un point de vue technique, extérieur. Et si pour cette fois vous me parliez de vos ressentis ?


J'en suis à ma quatrième séance avec le Docteur Ba et comme à chaque fois, mes yeux sont rivés sur l'horloge, dos à lui. Les secondes sont des heures et si je n'étais pas si impatiente de reprendre mon travail, j'aurais déjà déserté son cabinet.


Malheureusement, ces séances sont obligatoires, même si je m'évertue à dire que je ne suis pas choquée, ni ébranlée.


Discrètement, je regarde mon portable, non sans relever l'heure qui, évidemment, n'a pas bougé depuis la dernière fois où je l'ai vérifiée. Aussitôt je repère la distraction rêvée : un SMS de Sofia.


Je passe le Weekend chez mes parents. Je serai de retour Dimanche soir. Sois sympa avec ton psy, plus tu coopères, plus tu as de chance de reprendre le taf !Bisous ! On s'appelle !


-Officier Denver ? Pourquoi ne pas me dire quels ont été vos sentiments, lorsque vous avez compris que la situation vous échappait ? Que vous n'aviez plus personne pour assurer vos arrières ?


Mon regard se tourne vers le docteur Ba et d'un léger froncement de sourcil, il attend, avec une fausse patience, ma réponse.


Coopère Dany...


-J'ai eu peur... Je murmure. Je suis monté sur cette moto, je ne pouvais plus faire demi-tour. Et lorsque l'homme s'est arrêté devant ce hangar, ce magasin désaffecté, oui, j'ai vu ma vie défiler.


Le docteur Ba pose discrètement son stylo sur son bureau en chêne et joint ses deux mains ébènes entre elles, comme si, cette fois, il m'accordait une attention toute particulière.


Pour ajouter à sa panoplie de signaux, il s'installe plus profondément dans son siège.


Si je n'étais pas flic, je saluerais son sens de l'attention et de l'écoute. Malheureusement, je sais que ce langage corporel est parfaitement étudié et calculé.


Il pense me mettre en confiance, mais au contraire, il m'agace.


Seulement, je dois jouer le jeu. Si c'est ce qu'il veut entendre, alors il l'entendra.


-Lorsque je l'ai suivie jusqu'à la cabine, j'ai souhaité plus d'une fois faire demi-tour, m'enfuir. Mais quelle flic serais-je ? Si pour sauver ma peau, j'abandonnais notre seule piste de retrouver ces enfants disparus ?


J'inspire profondément. Même si cette procédure m'ennuie, reparler de Chris, de cet instant, créer un nœud douloureux en plein cœur de mon ventre.

Je te retrouverai...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant