Virtuellement vrai [EN PAUSE]

Prologue

Je m'appelle Thomas et j'ai dix-neuf ans. Je sais... Ce n'est pas un début d'histoire très original. Il existe des milliers d'histoire commençant par « je m'appelle ainsi et j'ai tel âge, voici mon histoire ». J'en suis réellement désolé, parce que je sais à quel point il est pénible de commencer comme cela. Je ne peux pourtant pas faire autrement. Je n'ai pas le choix.

Je sais qu'il ne me reste que peu de temps. Je sais ce que tu te dis : c'est encore une histoire de fiction. Soit. Pense ainsi si tu le souhaites. J'ai failli tout perdre à cause de ça. Tout. En très peu de temps. À vrai dire, tu n'imagines même pas ce que je vis. C'est au-delà de tout ce que tu pourrais imaginer. Pourtant, ces derniers temps, j'ai souffert. J'ai vu la véritable forme de l'amitié, de l'amour, de la passion.

Mais, j'ai aussi vu bien pire.

La trahison, celle qui te fend le cœur jusqu'à l'âme en un seul coup de sabre. La haine, celle qui te ronge l'esprit jusqu'à ce que tu fasses une erreur. La colère, qui te pousse à détruire tout, et même ce que tu as accompli de meilleur. La peur qui te paralyse et qui t'empêche d'être lucide dans ces moments décisifs. J'ai aussi connu le doute, ce tourbillon qui te pousse à renoncer à ce que tu fais et à te sous-estimer. Mais aussi et surtout, j'ai connu le désespoir.

Toi qui lis ces lignes, peut-être as-tu connu cette douleur. Mais c'est une chose qui est atroce. C'est un sentiment qui te détruit de l'intérieur, qui t'emprisonne dans tes regrets. C'est comme un ouragan dans ton esprit. Tu te détruis petit à petit dans une explosion qui ne te laisse aucune chance. Tu es entre les vents furieux qui t'arrachent, membre à membre. Tu es balayé, seul, sans repères. Et tu es incapable de faire quoi que ce soit pour t'échapper.

Dis-moi, toi qui me lis, crois-tu à l'extraordinaire, à un monde magique, au-delà de la réalité ? Penses-tu avoir un destin exceptionnel ? Ou au contraire, comme moi, pensais-tu être le dernier des héros, celui ou celle à qui on ne confierait pas le destin du monde ? J'étais de ces types qui ne pensaient pas à ça. Mes amis pensent que je suis rêveur, poète, parfois même tête en l'air. Pourtant, malgré tout ça, crois-moi, j'ai conscience de la réalité, de cette cruelle réalité qui nous emprisonne dans ce monde. Je sais qu'il est presque impossible que ce soit « moi ». Je pensais être normal. Je pensais être un adulte de dix-neuf ans comme les autres, jeune, ayant des amis et allant à la fac. Je pensais être tout ça.

Puis j'ai découvert mon destin. J'ai découvert que les yeux n'étaient peut-être pas de si bons outils, ou plutôt qu'on ne sait pas comment s'en servir. J'ai appris que derrière la science, il y avait un autre univers. Une face cachée d'une réalité que l'on ne maîtrisait pas. J'ai compris que l'humain était arrogant, que l'on ne contrôlait pas du tout ce que l'on pensait acquis. J'étais tout à fait normal.

Et j'ai découvert mon Alter, mon moi... virtuel.