Virtuellement vrai [EN PAUSE]

Chapitre 6

Pour tout vous dire, je n'étais vraiment pas enchanté de me retrouver face à celle qui fut mon ancienne petite amie. Roxane et moi, nous nous étions quittés il y a déjà plus d'un an, et c'était ma plus grande erreur ; régulièrement encore, en regardant un croissant de lune froid et austère, je soupire et me souviens de son regard si glacial et intense.

Mais je ne comprenais pas. Pourquoi voulait-elle me faire payer ce passé ? Notre couple s'était peut-être éteint en des termes plutôt mauvais étant donné ce qui s'était passé... Mais tout de même !

Je ne comprenais pas ; c'est pour cela que j'essayais, mentalement, de me préparer à tout : au meilleur comme au pire... Surtout au pire, si l'on regardait bien la situation.

- Qu'est-ce que tu viens faire ici ? Lui dis-je, peu ravi de la voir.
- Certaines choses, profiter de la fête, passer mon ennui...
- Réponds à ma question.
- Mais c'est pourtant simple, cherche bien, Thomas.

Je fronçai les sourcils. Certains regards me fixaient, d'autres faisaient des allers-retours entre Roxane et moi. Dans l'ombre du jardin, je sentis mon groupe, déjà, bouillir et s'agiter. Quelques murmures me parvenaient.

Pourtant, ce qui me concernait et qui m'intéressait en ce moment était Roxane. Ses yeux me paraissaient plus... glacés encore qu'auparavant. Était-ce une illusion ?

- Réfléchis deux minutes, Thomas, je sais que tu en es capable, ajouta Roxane en souriant discrètement.
- Je ne vois... Attends. Lucas, quel jour sommes-nous aujourd'hui ?
- Hum... Le 16, il me semble... Vendredi 16 juin... Mais attends, c'est...
- Tu as besoin de ton stupide frère pour te souvenir de ça ? répliqua Roxane.
- Eh ! Protesta le concerné.
- Bravo, cependant, c'est bien ça. Est-ce que ça te revient en mémoire, mon ange ? Le jour de notre rencontre ! Il y a quelques temps, nous nous sommes aimés...

Les murmures montaient de plus en plus. Roxane ferma les yeux et haussa les épaules avant de faire un mouvement de la main comme si elle chassait une nuée de mouches, en signe de dégoût pour les autres.

- Attends, je ne vais pas parler de ça. Pas devant tout ce beau monde, ironisa-t-elle. Allons dehors.
- ... Et pourquoi devrais-je faire ça ?
- Parce que tu me le dois, évidemment. Depuis ce jour... Tu n'as pas le choix, Thomas. À moins que...

Je jetai un coup d'oeil, d'abord à gauche, puis à droite. D'un côté, il y avait Marie qui fixait Roxane d'un air morne et un peu agacé, Clément qui semblait rester calme mais qui, je savais, à l'intérieur de lui, bouillait, et Jeanne, qui écoutait discrètement, accompagnée d'Amandine et John.

De l'autre, Loïc parlait de plus en plus avec Alice, qui, de son côté, lorgnait Roxane d'un œil mauvais ; Kevin et Tristan s'appliquaient à soutenir Lucas : mon meilleur ami semblait être prêt à passer de la haine aux larmes, du détachement à la honte, du silence aux cris. Il était devenu une bombe instable, qui pouvait en définitif exploser d'une seconde à l'autre.

- Et au nom de quoi Thomas te doit-il quelque chose ? Intervint Loïc.

Roxane lui jeta un regard méprisant :

- Et au nom de quoi te mêles-tu de ce qui ne te regarde pas, toi ?
- C'est mon ami, et je ne t'ai jamais vue ici, se défendit Loïc. Tu n'as aucun droit sur...
- Et toi, tu n'as aucun droit de me parler sur ce ton alors tais-toi.

Loïc murmura un « Connasse » bien senti, mais Roxane ne s'en formalisa guère.

- Comme Thomas l'a dit, tu fais partie de son passé, rajouta John.
- Il a gâché le mien ! S'énerva-t-elle. Alors, Thomas, il faut qu'on parle sérieusement, tous les deux. Mais j'imagine que tu n'as pas envie qu'ils sachent, n'est-ce pas ?

Je regardais à présent Roxane d'un œil vide ; je la voyais sans la voir, trop confus par la situation. Que devais-je faire ? Accepter ou refuser ?

Accepter, ce serait admettre ma défaite face à ses chantages... Et refuser... me ferait perdre beaucoup plus. Je n'avais pas le choix...

- Alors ? Acceptes-tu mon offre, Thomas ?
- Je...
- Accepte, Thomas... s'il te plaît.
- Hum. Tu es plus raisonnable que ton ami, à ce que je vois... Sinon, tu sais très bien ce qu'il risque. Ce que vous risquez... ajouta-t-elle sournoisement.

Je me tournai et croisai le regard suppliant de Lucas. Ses yeux verts brillaient d'un éclat plus fort encore, et ils commençaient à rougir un peu. Il était sur le point de craquer...

- Tu ne dois pas refuser son offre... je t'en prie, Thomas. Fais-le pour moi.

Tournant le dos à Roxane, je m'approchai de Lucas avant de lui poser une main amicale sur son épaule. Je lui offris un petit sourire, auquel il répondit tristement.

- Reste en dehors de ça, Lucas. C'est mon problème. Pas le tien.

Résolu à prendre une décision, je m'approchai de Roxane en posant mon poing sur la table la plus proche avant de pointer un doigt menaçant vers elle. Si j'avais des éclairs à la place des yeux, je l'aurais réduite en cendres :

- Je t'interdis de mêler mes amis à nos histoires, tu m'entends Roxane ? Je te l'interdis ! Je m'estime avoir été gentil et patient jusqu'à présent, autant dans le passé que ce soir. Alors n'embarque pas Lucas dans cette affaire, et ne le menace pas : ça ne le regarde pas !
- Oh mais si, justement ! C'est aussi son problème ! C'est à ce moment précis que tu te trompes sur toute la ligne, Thomas. Autant sur moi que sur ton connard de meilleur ami !
- Je...
- Elle a raison, Toto. Laisse tomber. Je suis un connard...
- Ne dis pas n'importe quoi, Lucas, dit Alice en caressant sa joue et en le regardant tendrement. Cette folle veut blesser Thomas, et elle serait prête à tout pour ça...
- Non, elle a raison, reprit-il, la gorge nouée. Thomas, j'ai quelque chose à te dire... Quelque chose dont je ne t'ai jamais parlé auparavant.
- Pas tout de suite, Lucas. Sortons.
- Sage décision, ricana Roxane. Suivez-moi dehors... afin qu'on en finisse une bonne fois pour toute.

D'un pas à la fois élégant et froid, elle s'éloigna, ouvrit la porte et disparut dans l'obscurité de la nuit. Je traversai, également, le salon, en jetant un regard en arrière. Lucas, plus hésitant, me suivait en baissant les yeux. Le blondinet avait les yeux qui commençaient à rougir.

Nos amis s'étaient complètement arrêtés, à l'exception de certains qui discutaient entre eux, mais plus faiblement que d'habitude.

- Amusez-vous, lançai-je en ouvrant la porte. Je ne voudrais surtout pas gâcher la fête à cause de problèmes qui ne concernent que moi. On n'en a pas pour longtemps. Je vous promets de régler ce problème rapidement.
- Soyez prudents, nous dit Alice.
- Ne t'en fais pas, répondis-je en souriant.

En voyant la belle rousse me regarder avec ce triste regard, je sus, à ce moment-là, que tout avait été trop loin. Je sus que je devais régler ce problème au plus vite, que je n'avais pas le choix, que je ne pouvais pas faire autrement.

Je sus, en voyant les mines graves d'Amandine, Kevin, Tristan, Jeanne et des autres, que je ne voulais pas, ni les décevoir, ni gâcher leur soirée et leur moment de joie.

Alors, je pris la ferme résolution d'en finir une bonne fois pour toute, et de mettre cette histoire définitivement au placard, et de la reléguer au néant, à l'oubli et au passé.

Comme Roxane, quelques secondes auparavant, nous disparûmes à la seule lueur pâle et glacée de la Lune.

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NDA : Tadam ! J'espère que vous allez bien ! Moi, ça va, un peu occupé par mon travail puisque mes vacances vont bientôt se terminer... Et la période des exams va commencer ! Je suis dégoûté :( Mais bon, pas le choix ^^'

Voici le sixième chapitre. Je l'ai fait un peu plus court, parce que le septième sera... croustillant. On entrera vraiment dans l'intrigue à partir de ces événements. J'espère que vous avez passé un bon moment à le lire.

Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ? La confrontation entre Roxane, Thomas et ses amis ? Que Roxane peut-elle bien révéler ? Pourquoi Lucas a-t-il demandé à son meilleur ami d'accepter la proposition de Roxane ?

Vous le saurez au prochain chapitre ! :D Bisouuus !