Chapitre 26

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– Ce que vous venez de voir, dit Constantin, c'est l'énergie magique que vous pouvez dégager au total en tant qu'humains ayant découvert vos forces.
– Alors c'est notre limite ? Questionnai-je notre entraîneur.
– Plus ou moins. C'est effectivement votre limite, mais vous pouvez la dépasser. Vous pouvez aller au-delà de ce plafond, parce que la magie n'a pas beaucoup de limites, à vrai dire. Cependant, aller au-delà des limites que votre corps vous impose est dangereux. S'il est épuisant uniquement de montrer le maximum de votre pouvoir, que se passera-t-il si vous dépassez cette limite ? Votre corps aurait beaucoup trop de mal à supporter une telle pression, et vous risquez de faire une overdose magique. C'est précisément ce qui est arrivé, lorsqu'on vous a récupérés.

Je le fixai en déglutissant. J'avais fait une overdose magique, quelques jours plus tôt, et je ne voulais absolument pas recommencer. Il m'avait fallu presque une semaine pour récupérer et j'en étais encore affaibli. Lorsque j'en avais parlé à l'équipe A, Laura m'avait rassuré en me disant qu'il était tout à fait normal de se sentir faible lorsqu'on utilise une telle dose d'énergie, mais elle m'apprit aussi que notre faculté de récupération était assez effrayante. Elle avait alors ajouté que d'habitude, les mages n'avaient pas une telle faculté.

Nous étions à présent assis en tailleur face à notre entraîneur, qui s'était posé sur une rangée de gradins, jambes repliées, et les pieds posés sur le dossier du gradin inférieur. Dans son sac, il piocha une pomme d'un rouge appétissant et croqua dedans négligemment, nous laissant alors le temps de considérer ce qu'il venait de nous dire.

Je le regardais sans vraiment le regarder, je l'écoutais sans vraiment l'écouter, plus préoccupé par ce qui avait été annoncé précédemment. Nous avions donc une limite, et à vrai dire, je m'en doutais un peu. Mais je me demandais comment on pourrait vaincre nos ennemis si nous avions une telle restriction. En repensant à notre niveau et à celui de Constantin, je me demandais comment il était possible qu'une telle différence puisse exister entre nous.

Un simple souvenir de ce à quoi je venais d'assister me fit frissonner. Mon regard dut se perdre sur un point inintéressant habituellement, parce que Lucas claqua des doigts devant mon visage, me faisant littéralement sursauter :

– Hé, mais t'es cinglé ? Lui lancé-je. J'aurais pu faire un arrêt cardiaque, Lubaka !
– Mais Toto, t'étais complètement ailleurs ! Constantin allait attaquer une partie super importante.

Mes sourcils se froncèrent, alors que je reprenais doucement mes esprits. Pendant combien de temps avais-je été inattentif ? Qu'est-ce que j'avais raté ? Je haussai les épaules, considérant que, comparé à ce qu'il allait nous dire maintenant, ce n'était pas si important que ça. Lucas se pencha vers moi et me chuchota, peu discret :

– T'inquiète, t'as pas loupé grand-chose, c'ét... Aïe !

Un tout petit caillou ricocha sur le sol. Le blond se massa l'épaule en lançant un regard assassin à l'archer. Une ombre passa sur le visage de celui-ci ; il soupira, même si on pouvait clairement voir qu'il était content de son coup. Il hocha la tête, satisfait, et tapota ses mains entre elles pour faire partir la poussière, ou pour se féliciter, comme un travailleur fier de sa besogne achevée.

– Eh ! Tu m'as fait mal, là ! T'es complètement cinglé ?
– Non, je suis juste un professeur qui ramène à la raison son élève turbulent. Et ça calme un peu. J'ai fait d'une pierre deux coups... Enfin, d'une pierre, je n'ai fait qu'un coup. Il faudra que je teste le « d'une pierre deux coups », pour de vrai. C'est sûrement réalisable... Mon petit Lulu, tu veux bien être mon cobaye pour cette expérience ?
– Pas moyen ! Ronchonna le blond.

Je soupirai d'un désespoir amusé, en voyant mes deux compagnons se disputer au sujet de choses si légères. Après quelques remarques bien cinglantes envoyées de chaque côté, la clameur se tut. Lucas, dépité, se laissa tomber en arrière, et s'appuya sur ses bras, regardant notre entraîneur d'un air faussement intéressé.

Virtuellement vrai [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant