Chapitre 16

38 10 4
                                    

– Lucas !

Un cri déchira l'air, et je ne sus pas si c'était le mien, ou celui de mon ami. J'étais totalement perdu. Tout autour de moi tournait. Les arbres semblaient être aussi brumeux que le sort évoqué par Quinn. Je ne pouvais pas croire que mon ami était mort, par la faute de ces stupides démons. Non. Ce n'était pas possible. Un grand vide me remplit l'estomac, et je ne pensais plus qu'à une chose : les éliminer. Tous. Jusqu'au dernier. Mon poing se serra de lui-même. Mes phalanges se mirent à blanchir. Au loin, le bruit du tonnerre résonna.

– Ne... m'enterre... pas... si vite !

Je tournai la tête vers l'écho qui ne me semblait plus si lointain. Là où se trouvait l'arbre... et mon ami. Le blondinet était encore en vie. Et il souriait ! Je soupirai de joie, mais aussi d'agacement et de peur. Imaginez-vous à ma place. J'avais eu la plus grande peur de mon existence. J'avais cru, l'espace d'un instant, avoir perdu mon meilleur ami.

Or, il était là, se tenant presque droit, tandis que les griffes du démon s'étaient fichées dans l'arbre. Malgré un splendide sourire qui éclatait comme les étoiles en pleine nuit, il saignait, coupé à l'épaule et à la joue. Il ne pouvait pas se battre à son maximum dans un tel état, d'autant plus que le monstre était bien plus fort, rapide, endurant qu'un simple humain, et qu'il ne possédait pour unique raison de vivre que la destruction et la mort au combat.

Or, nous ne pouvions pas reculer, même s'ils étaient prêts à tout pour nous tuer. Je ne voulais pas perdre un proche. Je ne le vouvais pas. Ni même perdre ce combat : nous portions la volonté, héritée de ceux qui étaient incapables de les vaincre, alors que nous étions les seuls à en être capable. Il nous était interdit de perdre. La vie de milliers... non, de millions d'innocents étaient en jeu.

Lucas repoussa violemment le démon qui recula de quelques pas. Le sabreur dégaina son arme et traça un arc de cercle sanglant sur le torse de son ennemi. Un grognement sourd monta de sa gorge. Un coup ne suffirait pas pour vaincre cet adversaire. Même avec un membre en moins, ces créatures pouvaient se mouvoir ; leur soif de sang était sans limite, surtout lorsqu'ils étaient furieux.

Mon camarade peina à se relever. J'armai mon bras. Il était hors de question de laisser mon ami se faire toucher une seconde fois, alors quand je vis notre adversaire foncer tête baissée, la bave à la gueule, pour achever Lucas, je passai à l'attaque. Je lançai mon attaque. De ma paume, jaillit un éclair, qui zizagua entre les arbres pour percuter ma cible. Cette dernière ne vit mon assaut qu'à une seconde de l'impact. J'étais sûr de la toucher. Et pourtant... le tonnerre ne fit que toucher le bras du monstre.

Le demi-diable trébucha et sautilla trois fois sur le côté. De la fumée entourait son bras. Surpris et en colère, il voulut se reprendre...

– Ne m'oublie pas, enfoiré !

... Mais Lucas ne lui en laissa pas le temps. D'un terrible saut, il tourna sur lui-même pour asséner deux coups d'épée, en diagonale, sur notre ennemi. Ce dernier se mit dans une posture de garde désespérée, trop surpris par la vitesse de l'attaque. Comme dans les films, mon camarade rugit en portant son coup :

– Quinzième lame : Double sentence !

Malgré sa peau de carbone, les lames, qui devinrent anormalement azurées, percèrent le corps cauchemardesque, comme s'il s'agissait de beurre. Le blond passa au travers, comme un voyageur dans un mirage. Et, tel ce dit-mirage, les cendres laissèrent place à notre récompense, une pièce, signe de tant d'espoir, que l'on récupéra tout de suite.

Maladroitement, il rangea ses sabres, et se retourna vers moi. Un grand sourire orna son visage. Un sourire assurément enfantin. Je me retins de sourire moi aussi, gardant mon sérieux. Cinq adversaires s'étaient présentés à nous. Nous n'en avions battus que quatre. Cela voulait dire qu'il en restait encore un.

Virtuellement vrai [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant