1. T'es chiant !

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Fin Juin
Chicago, Illinois

Courir. Je cours. De plus en plus vite. Mes muscles se chauffent. Mon coeur bat plus vite et plus fort. Mes joues deviennent rouges. Mes cheveux se plaquent contre ma nuque. La transpiration remplit mes narines. J'ai vraiment besoin d'une douche. Une fois que j'aurais finis ce que j'ai à faire.

Il fait nuit. Des bruits de pas se fait entendre dans la douce nuit. Des bruits qui se rapprochent de moi. J'essaye de contenir cette distance. Et j'y arrive.

J'arrive à un croisement de rues. Je m'arrête deux secondes. Il faut que je me décide. Il va bientôt me rattraper. J'ai encore sept secondes avant qu'il n'arrive à mon endroit. Je tourne à droite et je poursuis ma route. Toujours en courant et avec mon tee-shirt mouillé de transpi.

Il fait sombre. J'arrive dans une ruelle isolée. Je me cache derrière une poubelle. Je dois l'arrêter. Je dois en finir. J'attrape une branche qui traîne par terre. Et j'attends. J'attends sept secondes. C'est le temps qui lui faut pour me rattraper. Il arrive. J'entends ses pas. Il se rapproche. Il a arrêté de courir. Il semble reprendre son souffle.

— Où es-tu salopard ? gueule-t-il à plein poumon.

Dans ton cul connard. Mon coeur bat la chamade. C'est signe que je stresse. Ou que je vis. Vis-je vraiment ou survis-je à cause du jeu ? Du stupide jeu ?

Quand je le sens suffisamment proche de moi, je me jette sur lui. Je ne lui laisse pas de répit. Un coup à la tête, un coup dans son ventre et il tombe à terre. Je m'accroupis à côté de lui puis je le tiens par la gorge. Je sers mes doigts. Ce dernier me regard comme si j'étais un monstre. Je n'en suis pas un. Je joue tout simplement. Il porte ses mains à sa gorge.

— Morveux, craché-je.

Je me relève et je lui donne un coup de pied. Il roule sur le côté. Il tente de se relever. Il n'y arrive pas. Je souris.

— Tu es faible. Tu espères gagner ?

Il grogne. Je m'adosse contre le mur.

— Je ne veux pas gagner. Je veux jouer, bafouille-t-il.

— Et bien on va jouer.

Il se relève avec difficulté et il marche vers moi. Approche donc. Il tente de me donner un coup à la gueule que j'esquive. Au final, c'est avec son autre main que je reçois le coup. Putain de merde, ça fais mal ! Je touche ma joue en le regardant. Un regard noir. Le type se recule de quelques mètres.

— Tu as peur ? rigolé-je.

— Je devrais ? Murmure-t-il.

— Je le vois dans tes yeux.

Au loin, des sirènes de police retentissent. J'en profite pour le battre. Coup de pieds. Coup de poings. Tout est permis. Son corps tombe. Il est faible. Il ne faut pas être faible. Il faut jouer. Il faut survivre.

— Minable, ricané-je.

Je me retourne et je commence à courir. Mon pied se coince entre deux cailloux et je tombe. Putain. J'arrive à me battre mais pas à courir ? Mes genoux me font mal. Ma tête aussi. Je sens un filet de sang qui longe ma face. Je l'essuis et je repars. Arrivé sur la route principale, je me fond dans la masse. Les gens ne se doutent de rien. Ils rient avec leur famille. Je marche jusqu'à arriver dans un petit appartement. C'est là où j'habite. Avec ma soeur et ma mère.

Je vais dans ma chambre puis j'entre dans la douche. Les gouttes glissent le long de mon visage et de mon corps. J'enlève toutes traces de lutte. Personne ne se doute de rien. Après être propre et habillé, je me regarde dans le miroir. Mes cheveux bruns sont emmêlés et mouillés. Puis je sens un picotement sur mon front. Je soulève les quelques mèches qui cachent mon front et j'admire une magnifique entaille fait quand je suis tombé. Non mais quel imbécile je fais ! Je désinfecte puis je pose un pansement.

Lost in gameOù les histoires vivent. Découvrez maintenant