Chapitre 10

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Le reste de la journée était passée comme un rêve. J'avais brièvement expliqué ce qu'il s'était passé à ma mère et je comptais appeler Cloé plus tard dans la soirée. Éden ne m'avait envoyé aucun message et je n'osais pas le faire, j'avais vraiment aimé ce moment avec elle mais la vitesse à laquelle tout ça s'était déroulé m'effrayait.  Habituellement, il me fallait plus de temps pour ressentir ce que j'éprouve pour elle. Elle m'entraînait dans quelque chose que je ne connaissais pas et maintenant que j'y pensais, un sentiment d'appréhension me saisissait. Je décidai de me détendre et me fis couler un bain chaud, j'y ajoutai des huiles et me glissai dans l'eau. Soudain, mon téléphone sonna. Je le saisis précipitamment et décrochai sans même regarder qui appelait.

-DIS MOI TOUT.
-Bonjour Cloé !
-T'es rentrée et tu m'as même pas appelée. Je ne sais pas comment le prendre.
-Je comptais le faire plus tard ma belle, le prends pas mal !
-Mouais... Maintenant que je suis au téléphone autant en profiter non?

Je devenais son sourire à l'autre bout du fil. Je soupirai.

-Je l'ai embrassée.

Au début, juste le silence me répondit puis elle se mit à crier toutes sortes de choses. Je dûs éloigner le téléphone de mon oreille pour ne pas perdre un tympan.

-Je suis tellement heureuse... L'autre garce l'aurait tellement mauvaise!
-On peut ne pas parler d'elle..?
-Ouais... Du coup vous êtes ensemble ?
-Non. Enfin je sais pas. J'imagine qu'elle en a envie...
-Et toi non?
-Ça va trop vite Clo...
-Charlie. Elle a l'air d'être bien comme fille. Et elle est jolie!
-Comment tu sais ?
-... Euh... Tu me l'as décrite et tout...
-T'as quand même pas stalké ?
-Non non!
-T'es irrécupérable!

J'éclatai de rire. On resta encore une demi heure au téléphone et elle finit par raccrocher en me lâchant un je t'aime, un peu précipitamment. C'était bizarre de sa part mais je n'y fis pas vraiment attention. Je sortis alors de la baignoire, m'enroulai dans une serviette et regagnai ma chambre pour me mettre en pyjama. Cela fait, je me jetai sur mon lit et allumai mon pc. Je n'avais reçu aucun message de la part d'Eden, j'avouais être un peu déçue. Mais de l'autre côté, je ne lui en avais pas envoyé non plus. Je décidai de traîner sur Facebook et je finis par ouvrir mon ancienne session, malgré mon hésitation. Je regrettai aussitôt. La première chose que je vis était une photo de Sam. Je ne l'avais plus vue depuis longtemps. Elle embrassait une fille sur la joue qui riait aux éclats. Elles étaient belles. Un peu tremblante, je me rendis sur son profil. Je faisais une erreur et je le savais. Plus je voyais les photos défiler plus des flashs me revenaient. Les pleurs, la porte claquée, les mots. Mes lèvres désespérément posées sur les siennes. Dans l'espoir qu'elle reste, qu'elle ne parte pas... Sans m'en rendre compte, les larmes se mirent à couler et une douleur que j'avais eu l'habitude de ressentir me prit à la poitrine.

-SURPRISE! Charlie..?

La voix de Cloé me fit tourner la tête.

-Ma belle... Qu'est ce qui se passe?

Elle déposa son sac et deux plateaux repas que ma mère avait dû lui donner, à côté de ma porte et vint me rejoindre. Quand elle vit l'écran de l'ordinateur, une vague de haine emplit son visage. Elle le ferma brutalement en lâchant un "salope" vibrant de colère.

-Viens là, idiote...

Elle me prit dans ses bras et me berça doucement.

-Je vois que j'ai bien fait de venir... Désolée d'avoir raccroché si vite mais je voulais venir ce soir pour qu'on parle d'Eden... J'ai téléphoné à ta mère et elle a accepté... J'étais si contente pour toi... Que tu aies trouvé quelqu'un...

Mes pleurs s'intensifièrent. Elle caressait à présent mes cheveux et me serrait un peu plus fort.

-Charlie... Chut... Ça va aller, je suis là. C'est fini tout ça...
-Je... Je crois qu'une partie de moi... L'aime encore...
-Je sais... Avec ton coeur en guimauve là...
-Elle... Me manque...
-Attends mon chat...

Elle écarta les couvertures et se coucha en dessous, avec moi. Ça faisait un moment qu'elle ne m'avait plus vue comme ça et je la sentais troublée. Elle croyait que je l'avais oubliée. Et pour être tout à fait sincère, moi aussi. Peu à peu, mes pleurs cessèrent, et je m'endormis dans les bras de ma meilleure amie.

Dans ses yeuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant