Suite à la vente aux enchères, nos deux héros se sont revus de nombreuses fois. Alaska tombait petit à petit sous le charme du beau jeune homme, ce qui lui faisait terriblement peur, s'attacher à quelqu'un ne faisait pas partie de ses habitudes. Isaac Yokin quant à lui réussit à gagner une belle somme d'argent grâce à la vente aux enchères, il déversa tous les bénéfices à une association de recherche contre le cancer. Ses sentiments envers Alaska ne faisaient que s'accroître. Six mois après, les deux amoureux vendirent chacun leur appartement pour acheter une toute petite maison au bord de la mer. Un soir face au coucher du soleil, Isaac mit un genou à terre et demanda la main de sa douce. Alaska pleurait d'émotion après avoir hurlé son « oui », Isaac était désormais l'homme le plus heureux du monde.
On parvienait à entendre ses pleurs au-delà du village.
Malgré la fraîcheur ambiante, cette première matinée de novembre était illuminée par un doux soleil, le vent était calme, il balayait les feuilles qui venaient de tomber au sol. Les habitants de la ville de Saint-Malo avaient sorti leurs vêtements chauds. Les vagues déferlaient sur les rochers de la côte. La mer était froide, l'écume atteignait les photographes imprudents à la recherche d'images sensationnelles. On entendait les enfants hurler les scores de leur partie de policiers-voleurs jusque dans la maison du jeune couple.
Alaska était seule contre son chagrin qui ne diminuait pas. La jeune femme savait que personne ne pouvait la sortir de son trou noir. La maladie qui avait emportée Isaac trois jours auparavant était étrangement inconnue des médecins et laissait la pauvre femme effondrée à seulement quelques mois de son accouchement.
Assise par terre, au milieu des déchets de sa maison qu'elle n'avait pas songé à ranger depuis que son amour était parti. Elle ne cessait de penser à cette journée qui décida d'enlever le père de son futur enfant, cette matinée où elle trouva son mari étendu dans le jardin, au milieu de la pelouse fraîchement tondue. Ce moment où elle essaya de ne pas s'inquiéter, elle imaginait un possible malaise, elle s'approchait doucement en retenant son souffle. Le teint blafard de son mari et ses multiples taches rouges ne présageaient rien de bon. Elle appela les secours tout en étant rassurée par les battements réguliers du cœur d'Isaac.
Après plus de 9 heures à attendre dans ce grand hall d'hôpital, les médecins la rassurèrent sur la bonne santé d'Isaac. Alaska se précipita alors dans la chambre qui venait d'être attribuée à son mari. Il paraissait en bonne forme mais la machine au-dessus du lit indiqua subitement un changement soudain et l'homme perdit aussitôt connaissance. Les médecins confirmèrent la mort d'Isaac quelques heures après malgré les tentatives de réanimation. Une mort comme cela n'était pas concevable pour Alaska, elle ne se résoudrait pas à cette issue et n'envisageait en aucun cas de laisser partir son amour mais surtout le père de leur enfant le jour de son anniversaire.
Ce matin là, elle décida d'arrêter de se morfondre et de reprendre sa vie en main, non pas d'oublier son mari mais plutôt de recommencer comme un semblant de sa vie d'avant. Elle commença alors par ranger sa chambre, leur chambre. Elle ouvrit la fenêtre, ce qui fit remonter une odeur immonde de poisson cru depuis le marché présent dans la ruelle. Les marchants hurlaient la qualité et la fraicheur de leurs produits. Alaska sentit une larme couler sur sa joue en repensant aux matins lorsque Isaac travaillait et que toutes les cinq minutes, il se penchait dans l'embrasure de la fenêtre et hurlait aux marchands de se taire. La jeune femme essuya d'un revers de manche le souvenir, qui la faisait pleurer et referma la fenêtre. La jolie brune balaya l'ensemble de la pièce qui était recouverte des mouchoirs qui avaient accueilli ses pleurs. Elle ramassa à la main les pots de glaces qu'elle avait terminés à la cuillère à soupe quelques heures auparavant. Alaska descendit au rez-de-chaussée, ouvrit le placard de l'entrée et s'empara de nombreux sacs poubelles. Elle remonta et se dirigea vers un semblant de buanderie qui servait de dressing au jeune couple. Cette décision fut excessivement difficile pour la jeune femme, mais son choix était fait, une fois les sacs remplis elle les enverrai à des personnes qui en avaient vraiment besoin.
Le lendemain, débarrassée des souvenirs qui rendait triste la jolie brune, elle se décida à retourner à l'hôpital pour sa dernière échographie. Ce pas fut d'une extrême douleur pour Alaska. Quand elle arriva dans le grand hall où quelques jours auparavant elle apprit la mort de son mari la douleur lui remonta dans la gorge et les larmes dévalèrent ses pommettes. Elle s'assit dans la salle d'attente et sécha ses joues. Elle avait le regard perdu sur la vue de la fenêtre lorsque le radiologue l'interpelle . La jeune femme se leva et se dirigea vers la salle indiquée par l'homme. Elle allait connaître le sexe de l'enfant sans lui. Une fois que ce fut fini le radiologue lui appris qu'elle attend une petite fille. Elle était heureuse, coupable d'être si heureuse sans lui, lui qui rêvait d'une fille à son papa. Une fois que la jeune femme eut fini de s'habiller, elle prit toutes ses affaires et se dirigea vers la sortie. Une infirmière l'interpela :
« -Excusez-moi, mais le professeur Hamilton souhaiterait s'entretenir avec vous.
-Merci » dit-elle en lançant un bref sourire à la demoiselle
En s'avançant vers le cabinet du professeur elle aperçut Isaac sortir de celui-ci. Elle referma ses paupières et tourna la tête. Lorsqu'elle ouvrit les yeux aucune trace de lui, elle pensa à une hallucination, elle avait pu lire ce genre de symptômes suite à la perte d'un être cher sur les forums qu'elle avait consultés. Ce fut tellement dur pour elle de s'obliger à se rappeler sa disparition en se disant que ce n'était seulement qu'une hallucination. Elle avança sur les quelques pas qui lui restait à franchir jusqu'à la porte du médecin, une fois qu'elle l'eut atteinte elle donna trois légers coups sur la porte. Une voie en sortie, elle lui indiqua d'entrer. Alaska pressa la poignée...
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Suis moi
General FictionLe silence fait retentir le moment où tout est déjà trop tard. A travers notre plume nous avons fait vivre à Alaska une histoire qui fait valser les sentiments, les doutes et les larmes... On peut tuer celui qui dit la vérité mais pas la vérité elle...