CHAPITRE 11

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Point de vue de Charles Hamilton

Mon cœur battait la chamade, le secrétariat venait d'appeler, Alaska arrivait, pourquoi cette femme me rendait t'elle si différent ? Je ne parvenait pas à faire mon travail.

Avec les 6 399 familles je n'ai pas eu de scrupules pourquoi cette Alaska, la mère du 6400ème sujet me préoccupe tant ?

Elle frappa à la porte me tirant de mes pensées. Cette rencontre me rappelait notre premier échange. Elle était alors si perdue. On lisait dans ses yeux une souffrance qu'elle n'évaluait elle même pas complètement.

Aujourd'hui ce n'était pas si différent mais la douleur qu'on lisait dans son regard était tellement accentuée. Je ne croyais pas avoir déjà vu une femme si détruite. Je n'osais pas la regarder dans les yeux car j'aurais été capable de pleurer.

- Alaska tu... vas bien, heu non je veux dire tu vas comment ?

- Merveilleusement bien, j'ai l'air non ?

Je crois qu'une larme coulait sur ma joue, je n'évaluais tellement pas ce que je faisais subir à cette femme... je sentais son regard sur moi, elle pleurait aussi.

Point de vue d'Alaska

Le jeune professeur avait les yeux brillants, il se sentait tellement responsable que j'en oubliais presque qu'il faisait partie des responsables de ma détresse. Cette situation est tellement paradoxale. Je crois qu'il me comprend, je crois qu'il regrette mais je ne le saurais jamais.

"Écoute Alaska,

Dit-il en brisant le silence :

Je crois que découvrir la photo d'Arthémis est un bon moyen pour te rassurer...

Mon hochement de tête laissait entendre mon accord.

Il m'indiqua une pièce.

Entre dans cette salle, tu y trouveras une sorte d'imprimante, parmi plusieurs noms, sélectionne le tien. Ne t'inquiète pas pour le bruit, la machine fait seulement son travail. Je te laisse seule, tu en a besoin Alaska, bon courage. Merci Charles, je devrais m'en sortir...

Je n'arrive pas à le détester c'est plus fort que moi comment est-ce possible ?... je voudrais tant lui faire payer lui faire comprendre le pousser à regretter du fond de son cœur mais je crains que ce ne soit déjà fait et ses regrets m'empêchent de lui en vouloir...

Après plusieurs minutes, j'entrai dans la pièce avec un sentiment qui m'était inconnu, une sorte d'appréhension mêlée à cette contrariété qui ne me quittait plus...

La pièce baignait dans une lumière artificielle et n'abritait aucun meuble mis à part l'imposante imprimante et une chaise prête à accueillir les mères qui découvrait les visages vieillis de leurs tendres enfants. Doucement, je m'avançai sur les pas des autres participantes à l'expérience et m'approchai de cette imprimante qui semblait vouloir décider du destin de ma fille.

Je saisissais mon nom en me demandant la réaction de la machine. Elle commença à s'éveiller et à émettre des sifflements qui s'amplifiaient au fil de l'opération. Je m'interrogeais : est-ce qu'une photo sortirait vraiment de cette imprimante ? Comment imaginais-je ma fille ? Me faisais-je encore mener en bateau ? J'allais le découvrir : une pochette bleue sorti de la machine j'en déduisis que je devais l'ouvrir... je sortis alors la feuille légèrement cartonnée. Elle était blanche, vide, aucun semblant de visage ou de silhouette... je me raisonnai en me disant que l'encre mettrait certainement du temps à s'inscrire sur la feuille mais je préférai interroger Charles, il s'y connaissait après tout...

Suis moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant