Éternité, Tome 1 : Renaissance

Chapitre 19 : Doute

Matthew s'assit au pied du lit et contemplait Elizabeth de ce regard à la fois admiratif et triste. Elle était couchée sur son lit et se frotta les yeux en signe d'épuisement avant de se mettre à bâiller.

-Alors, un autre poème ? Demanda-t-il en sortant un livre de son sac à dos.

Elizabeth affirma en hochant de la tête mais continuait à bâiller. Elle prit un bon moment avant de se rendre compte que Matthew était ailleurs. Le livre qu'il tenait entre ses mains penchait sur le côté d'un air négligeant tandis que son regard semblait perdu. Elle fronça des sourcils et se redressa.

Matthew était beaucoup trop distrait en ce moment mais il refusait toujours de partager ses angoisses. Cela faisait un mois qu'il était revenu mais son attitude n'avait toujours pas changée. Il était plus distant, plus froid et nettement moins joyeux. Ce qui s'était passé là-bas n'avait rien d'innocent et elle voyait bien qu'il était traumatisé. Elle aurait voulu savoir mais il refusait constamment de le lui dire. Elle détestait cela mais Matthew lui coupait la parole à chaque fois qu'elle abordait le sujet.

Elle passa sa main dans les cheveux désordonnés de Matthew mais il ne réagit pas, encore dans son monde.

- Tu ne veux toujours pas partager, j'imagine ? Demanda-t-elle, sarcastique. 

Il ne répondit pas, trop profondément enfouit dans le flot de ses pensées. Comment pouvait-il lui expliquer ? Cela était tout simplement impossible. S'il lui décrivait les événements qui s'étaient passés au camp, elle risquerait de prendre peur. Qu'allait-elle penser de lui ? Non, il se devait de la protéger. Mais ses pensées divaguaient toujours vers son parfum si délicat, son cœur pur qu'il entendait battre si harmonieusement à ses côtés et son sang qu'il voyait affluer dans chacune de ses veines... Non, il se devait de ne pas laisser libre court à ses envies. C'était la première fois qu'il ressentait ce désir. Qu'allait-il faire ? Que devait-il faire ? Que ferait Edward ? Il bercerait sûrement Bella et s'enfuirait par la fenêtre. Oui, il allait lui lire son poème et tâcherait de se calmer tandis qu'elle s'endormirait à ses côtés. Il devait impérativement se ressaisir. Oui, c'était ce qu'il fallait faire.

Il se détacha enfin de sa réflexion et la vit l'observer, un air inquiet dans les yeux. Il lui fit un sourire rassurant et elle soupira en passant la main dans ses cheveux. Il fallait vraiment qu'elle trouve ce qu'il cachait.

- Aller fermes les yeux, dit-il rapidement en ouvrant au hasard le livre.

-Qu'est-ce qui t'arrive, Matt ? Demanda-t-elle en remarquant son ton pressant. C'est encore une envie de sang ?

- Non, dit-il en usant de toutes ses ressources pour calmer son cœur qui battait nerveusement, ce qui était mauvais signe. Fermes les yeux.

Elizabeth obéi et reposa sa tête sur son oreiller, d'un air vexé. Inspirant un grand coup, il la regarda d'un air triste et se mit à réciter le poème qu'il connaissait déjà :

Mon visage, dans tes yeux se reflètent
Comme se reflète aussi le tien, dans les miens
Et la pureté des cœurs
Dans nos visages reposent
Nul n'a connu deux hémisphères plus purs
Sans jamais voir le nord ni l'ouest qui déclinent
Tout ce qui meurt n'était pas harmonieusement repartis
Si nos deux amours ne font qu'un
Ou si nous nous aimons sans entrave
Sans jamais défaillir
Nul ne mourra


Tandis qu'il regagnait la fenêtre en enjambant le balcon et qu'Elizabeth s'enfonçait de plus en plus dans le sommeil, il réfléchis au poème qu'il venait de réciter.

- ... Nul ne mourra.