Recueil de textes

JOUR/NUIT

N U I T

L'amour. C'est tellement dur. Jamais je n'ai été satisfaite dans ce domaine, je doute l'être un jour. C'est survendu, on nous vend du rêve, des diamants en plastique. C'est pâle, c'est gris. Après une bataille, pouf! endormi. C'est jamais comme on le veut vraiment, c'est tellement déprimant.

J O U R

C'est si beau. Du sentiment à l'état pur, le seul bout de vivant dans l'humanité. C'est dur, bien sûr, mais plus c'est périlleux, plus la victoire est grande. J'ai été tellement heureuse et épanouie à une époque... Je me souviens... D'avoir aimé...

N U I T

Y a pas de victoire. Y en a plus, jamais. C'est fini. Tu te vends, tu te dévoues, tu saignes, tu cries, tu fais tout ce qui te paraît juste, jamais rien de travers. Mais il se passe rien. Du vide. Le pire c'est que ça te bouffe de l'intérieur, cette connerie, ça te consume silencieusement, et l'espoir qui te reste brûle en même temps que ton cœur.

J O U R

Le feu, le feu, la passion de l'âme, la flamme. C'est ça, c'est comme on nous le décrit, encore tout brûlant et fumant dans nos mains, une chaleur quand le froid revient. Quelque chose à quoi s'accrocher, un pilier. Une raison de vivre peut-être.

N U I T

Ou de mourir. Tu les connais, ces gens qui se sont tirés une balle, qui ont fait le grand saut? Morts, morts d'un incendie dans la tête, une petite braise qui a pris trop d'importance. Des larmes, un cri, le silence, le raccourci de longues souffrances.

J O U R

Moi je ne mourrai pas comme ça, pas tant que j'aime, pas tant qu'il fait jour, je ne mourrai pas d'amour. Jetez moi vos cris, vos détresses, vos sentiments, vos dépressions, vos SOS. Je ne tomberai pas, pas comme ça. La nuit ne peut plus m'atteindre, pas tant qu'elle est là, près de moi, celle qui fait brûler mon être.