Chapitre 11

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 Je traversai le quartier en courant et regagnai la maison d'Alistair. À l'abri sous le porche, je frappai à la porte. J'attendis, mais personne ne répondit. Je fermai les yeux de plus en plus embarrassée. Si Alistair ne pouvait pas me recevoir, il ne me restait plus qu'à aller dans l'appartement une pièce de la fille aux yeux d'or et de tenir la chandelle. D'un sens, c'était presque réjouissant, je pouvais m'amuser à les gêner... Non, je n'y croyais pas moi-même. Ce serait horrible parce que Logan n'avait aucun respect pour moi et aucune gêne.

La pluie tombait déjà à flots. Je sentais déjà les vapeurs de soufre qui en émanait empuantir toute la ville. Cette fois, j'étais mal.

Alors que j'allais partir, la porte s'ouvrit derrière moi. Alistair était épuisé, je le vis au premier regard. Je me sentis mortifiée.

— Mahault, souffla Alistair mal réveillé. Il me semblait bien avoir entendu quelqu'un.

— Vous dormiez ? Je suis désolée...

— Entre, entre, insista-t-il. Ne reste pas sous le porche, tu vas attraper la mort... Et cesse de me vouvoyer, je ne suis pas si vieux...

J'entrais, un peu gênée, mais infiniment soulagée.

— Je suis vraiment désolée, insistai-je.

— Tu t'es laissé prendre par la pluie ?

— Non, c'est encore plus gênant que ça. Je suis à la porte de chez moi.

— Non ! souffla-t-il surpris. Ton maitre t'a renvoyée ?

— Pas tout à fait. Il est chez une femme. Notre maison à brulé.

— A brulé ? L'une des maisons de ce matin était l'une des tiennes ? Tu ne m'avais pas donné cette impression.

— Non, ça s'est passé après. Il y a eu un autre incendie. L'auberge dans laquelle j'habitais est en ruine.

— Ce n'est pas possible, souffla-t-il en fronçant les sourcils. Je suis vraiment désolé pour toi, Mahault. J'espère que tu n'as pas trop perdu dans l'incendie ?

— Non, rien. Ce n'était qu'une auberge, pas une maison familiale, mais j'y vivais tout de même depuis des années, ça va me faire étrange.

Il acquiesça et me proposa une chaise.

— Et donc tu as pensé à moi, conclut-il avec douceur.

— Les auberges sont soit détruites, soit combles. C'est une véritable hécatombe. Je me suis retrouvée à la rue et il pleut dehors.

— Et ton maitre ne voulait pas de toi avec sa maitresse ?

— Un logement d'une pièce, une femme qui lui fait tourner la tête... Non, aucun de nous trois n'avait envie que je sois là-bas.

— Je vois, sourit-il. Tu es la bienvenue ici, Mahault. Sache juste que tu n'as pas besoin d'un tel prétexte pour venir me voir la prochaine fois.

Je ris. Son sourire m'apaisa sur le champ.

— Est-ce que vous voulez dormir encore ? Je ne veux pas vous déranger.

— Non, ce n'est pas la peine. Ne t'en fais pas pour moi. Par contre, il faut que je te prépare un lit...

— Une place par terre me suffira, assurai-je. Ne vous dérangez pas pour moi.

— J'insiste...

Je le regardais tirer les draps de son lit et en mettre d'autres. Il faisait tout dans le calme, sans mouvement brusque. Avec bienveillance...

— On dit des gens qui sont de l'élément du feu qu'ils sont très vifs, nerveux, surexcités, notai-je.

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