Chapitre 24

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La panique le partageait à l'angoisse. Je me débattis en cherchant Logan du regard, prête à crier, mais d'un coup, je cessai de me débattre. Mon corps refusait de se défendre, ma tête n'en voyait même plus l'intérêt. Je n'avais plus la moindre volonté.

— Merci Lyam, dit Alistair.

— Ça va aller, Émissaire ? demanda le milicien en posant la main sur mon épaule. C'est une teigne.

— Ça ira, répondit Alistair. Sévère a besoin de ton aide.

— J'y vais.

Alistair me jaugea du regard. Il me prit la main et m'entraina vers la porte de la maison la plus proche pendant que ce traitre de Lyam s'éloignait. Lorsqu'il l'ouvrit, une luminosité violente m'éblouit, mais impossible de lever le bras pour me cacher les yeux, c'est à peine si je pus les fermer.

— Pardonne-moi, Mahault, je manque de délicatesse...

Aussitôt la luminosité chuta et je pus voir ce qui m'entourait. Malgré la situation, je restai sidérée. Il s'agissait d'une sorte de jardin, mais pas comme ceux que je pouvais connaitre... Celui-ci était découvert, offrant sa terre au ciel. Comme dans les légendes, il était bordé de fleurs aux couleurs agressives qui embaumaient des parfums comme ceux des filles du bordel. Les arbres croulaient sous les fruits, les allées de plantes montraient la plupart des fruits que j'avais vus chez Alistair, mais aussi des légumes, bien plus colorés que tout ce que j'avais déjà vu.

Sous une tonnelle de feuillages avait été installée une table avec des chaises, dans l'herbe. Au loin, un château magnifique se peignait à l'horizon, un château avec d'immenses fenêtres et de hautes tours de pierre blanche, un peu comme l'intérieur de la petite maison d'Alistair. Et au-dessus de tout cela s'étendait la plus étrange et insolite des aberrations. Le ciel. D'un bleu clair, il s'était foncé quand j'étais entrée, et quelques nuages le parsemaient, cachant le soleil. Sphère lumineuse à peine esquissée dans le firmament, je sentais sa chaleur m'agresser la peau et sa lumière m'éblouir malgré le nuage qui faisait écran.

— Bienvenue chez moi, invita Alistair en s'installant à la table de métal forgé sous la tonnelle.

Il y eut comme un déclic à l'instant où il referma la porte et je retrouvai ma liberté de mouvement. Aussitôt, je dégainai mon épée. Alistair fit non de la tête, et aussitôt, mon arme disparut.

— Tu te trouves sur mon territoire, je n'y permettrai aucune violence.

— Laisse-moi partir, demandai-je en levant les mains en signe de paix.

— Je suis désolée, mais non. Tu es ma prisonnière. Viens, installe-toi... Ou reste et profite. J'imagine que tu sais où nous sommes.

— Ton espace de sorcier, répondis-je en reportant mon attention sur un pied de fraisier au fruit en train de murir.

— C'est ça. Un cadeau de Narabasie, déesse de l'Éther.

— Je croyais que tu étais un disciple de Mératorine.

— C'est mon allégeance principale, en effet, mais mon statut est un peu spécial.

— J'en ai entendu parler, approuvai-je froidement. Les sorciers maitrisant un peu de chaque élément sont l'élite de la sagesse divine, un truc comme ça... Il fallait au moins ça pour que tu puisses imposer tes idées à tout le monde.

— Venant de toi, ma petite manipulatrice, ça me fait bien rire, se moqua-t-il. Mais je ne parlais pas de ça. Je suis l'Émissaire, Mahault, ça veut dire que les déesses mères m'ont confié une mission. Elles sont venues à moi quand je n'étais encore qu'un enfant pour me demander une faveur, celle de leur accorder la liberté qui leur avait été dérobée.

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