Chapitre 5

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— Rebonjour, Ness, saluai-je en rentrant dans les locaux de la milice.

— Mahault, je ne pensais pas te revoir de si tôt... Et Logan, ajouta-t-il en voyant le guerrier entrer. Qu'est-ce que vous faites là ? Vous êtes venus vous rendre ?

— Tout à fait, approuvai-je.

— On a bien réfléchi, acquiesça Logan. Et on s'est dit que c'est toi qui avais raison, que c'était normal de faire face aux conséquences de nos actes.

— Oh... souffla-t-il surpris.

— Donc on est venus se rendre, conclut Logan amusé par notre petit effet sur le milicien.

— Et bien c'est avec plaisir, dit-il en se levant. Vous savez, je n'ai rien contre vous personnellement...

— On sait, Nessy.

— Mais j'ai dû signaler ton évasion, Mahault. Et ta peine est devenue plus lourde.

— Et Logan ? m'insurgeai-je.

— J'ai fermé les yeux pour cette fois. Que voulais-tu que je fasse ?

Il sortit ses clés et nous fit entrer dans une cellule. Il nous en proposa une chacun, mais Logan refusa, alors il n'insista pas.

— Je dois récupérer vos armes, annonça le milicien.

— Donne lui ton épée, ordonna Logan.

Je la donnai à Nes sans réticence. Logan fit de même comme s'il ne tenait pas plus que ça à son arme. Il s'installa sur le banc et m'ouvrit les bras.

— Ness, fis-je en me retournant, mais en reculant doucement vers Logan. Alors un convoi va nous emmener à Tiranomé, c'est bien ça ?

— Oui, approuva-t-il. Il devrait être là demain, du coup. Vu que Logan est avec toi, tu dois avoir moins peur.

— C'est sûr... approuvai-je. C'est toi qui vas te retrouver dans une position inconfortable.

Il me dévisagea surpris.

— Oui, Logan s'en va. Alors tu te débrouilles tout seul pour Mératorine, maintenant. Avec tous les pillards qui se sentaient intéressés par une ville en ruine, les bandits en mal de planque et qui se voient bien diriger une citée encore faible... Le genre de choses dont il s'occupait jusque là.

— N'essaie pas de me faire peur, Mahault, gronda-t-il.

— Je n'essaie pas, c'est vrai, Ness. Débrouille-toi pour engager des guerriers, parce que dès que la nouvelle du départ de Logan se sera répandue, il y aura surement du grabuge.

— Bien. Je tacherai de m'en souvenir, assura-t-il moins satisfait, tout à coup.

— De rien, je t'aime bien, alors je préfère te prévenir.

— Oui, merci. Mais tu sais, Mahault. J'ai l'habitude qu'on me laisse tomber. Alors non, je ne vous sortirai pas de là.

Je le regardai s'éloigner puis reculai encore jusqu'à être à portée de main de Logan. Il m'agrippa par ceinture et me fit tomber sur ses genoux.

— Tu es vilaine, crapaud, me dit-il à l'oreille.

— Il l'a cherché, dis-je sans conviction. Il a aggravé ma peine et il t'a couvert. Moi, personne ne m'aime...

— Mais si, susurra-t-il en passant ses mains sur mes cuisses. Il y a ton sorcier.

Je me dégageai, agacée.

— Reviens là, souffla-t-il en m'agrippant à nouveau pour me refaire tomber sur ses genoux. Ne boude pas, Mahault.

Les frissons se concentrèrent sur ma colonne vertébrale. Peut-être qu'en fait je devais adorer mon prénom pour réagir comme ça chaque fois qu'il le prononçait.

— Comment vas-tu m'occuper jusqu'à l'arrivée du convoi ? demanda-t-il d'une voix soudain plus rauque.

Ses yeux, ses grands yeux gris brillaient pour moi. Cette lueur, je savais désormais que c'était la magie qui l'allumait. Elle dessinait une flamme dans les prunelles sombres d'Alistair, de l'or dans celle de la fille aux yeux d'or, de la glace dans ceux de Sévère, chez Liam, je n'avais jamais vraiment pu voir... et chez Logan, c'était comme un scintillement lumineux discret qui lui donnait cet air si angélique... au bord des larmes. J'avais beau le savoir, je l'oubliai à chaque fois pour l'embrasser dans l'espoir d'être en mesure d'effacer de mon homme toute tristesse. Qui manipulait qui, franchement ?

ServiteurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant