Chapitre 16

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Il pleuvait. Je me réveillai dans le lit de Logan, ses bras autour de ma taille. Une intense impression de déjà vu flottait dans la pièce, à la différence près que mon corps était rompu de courbattures et que ma conscience était sur le point de se pendre.

« Et là, songeai-je. Suis-je censée me jeter moi-même dehors  comme n'importe quelle autre maitresse de Logan ? »

Les yeux grands ouverts, je fixai longuement une poutre du mur en face de moi. Logan bougea il déposa un baiser sur mes épaules nues. Je sursautai, proche du dégout. Je dénouai ses bras d'autour de moi et me redressai. Les jambes faibles, je quittai la pièce en courant.

— On dirait qu'il n'assume pas, mon crapaud, ricana Logan depuis son lit.

— Non, vraiment pas, admis-je.

— Alors tu n'as pas aimé ?

— Là n'est pas la question.

Je refermai la porte de ma chambre et m'enfermai dans ma salle de bain pour prendre une douche. J'avais l'impression que Logan avait laissé sur moi une empreinte, qui, bien qu'invisible me brulait la peau. J'avais été idiote. J'avais perdu la tête. Je méritais toutes les souffrances qui arriveraient forcément ensuite. Je me détestait.

Qu'est-ce qui m'avait pris ? Pourquoi est-ce que ça s'était passé comme ça ? Qu'est-ce qui avait dérapé ?

Je soupirai. C'est moi qui avais dérapé. J'avais perdu la tête. J'étais tellement furieuse de ce qu'il osait me dire... Mais je ne comprenais pas que j'ai pu perdre la tête à ce point. Restait à savoir combien Logan me le ferait payer. Je ne me pensais pas sensible, mais je découvrais que même s'il était reculé, j'avais un seuil de tolérance à l'agression, et qu'il avait été franchement dépassé ce matin.

Je m'habillai et retournai au rez-de-chaussée pour récupérer mes vêtements abandonnés sur le sol. J'enfilai mon gant et me sentis tout de suite mieux. Je croisai Logan dans les escaliers. Un sourire ironique tordait ses lèvres.

— Tu es censé déprimer quand il pleut.

— Comment veux-tu que je déprime, mon crapaud vient de tromper le seul homme qui ait jamais voulu d'elle.

Je frissonnai. Logan était une véritable crevure.

— J'ai faim, ajouta-t-il.

— Je m'en occupe tout de suite.

Je laissai les fringues à l'étage et me rendit à la cuisine. Je n'avais pas de quoi tenir un siège, aussi je priai pour que la pluie cesse vite. Quand je servis Logan, il ne me quitta pas des yeux.

— On mange et on recommence ? proposa-t-il.

— Le propre d'une erreur, c'est d'essayer de ne pas le répéter.

— Ce n'était pas une erreur, c'était du sexe.

— L'erreur, c'est de l'avoir fait avec toi. Franchement Logan, tu es pourtant le premier à dire que ça ne t'intéressait pas.

— Tu avais des arguments convaincants.

— D'accord. Je décrète officiellement que je ne veux plus réentendre parler de ça.

— Je me fiche bien de tes décrets, crapaud. Mais la prochaine fois, montons directement dans ma chambre, ce sera plus confortable.

Il grimaça et ajouta.

— Et évite de me cogner, ça fait mauvais genre.

Je fis la sourde oreille. Je pensais vraiment que c'était la meilleure chose à faire dans ces cas-là. Je retournai en cuisine pour manger un peu et m'absorbai dans la contemplation de la pluie qui ruisselait sur les vitres. Ce n'était qu'une erreur, une petite erreur. Il était inutile d'en faire tout un drame...

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