Chapitre 19

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Logan me tenait par la main. Nous avancions tous les deux en direction du convoi qui allait nous emmener à Narabasie. Je sais que Logan s'attendait à ce que je fasse quelque chose, à ce que je tente une dernière fois, mais... J'avais donné ma parole. Les pouvoirs de Naranékan occupaient mon esprit. Je repensais avec plus d'acuité à tout ce que j'avais vécu, entendu, je donnais un sens aux choses que je n'avais pas comprises, je parvenais à me rappeler d'opportunité que j'avais laissé passer, ou encore de miracles que j'avais réussi à produire sans avoir la moindre idée de ce que j'étais en train de faire... au final, je me donnais l'impression d'avoir été médiocre et bête toutes ces années. Je ruminais ces pensées lorsque Logan lâcha ma main et partit en courant.

— Logan !?

Il ne m'entendit pas l'appeler. Je cours après lui, inquiète, et le vit s'arrêter près d'un homme, un bel homme aux cheveux gris appuyé sur une canne noueuse. Logan s'arrêta devant lui et tomba à genou.

— Narabator, souffla-t-il en relevant les yeux vers le vieil homme qui le dévisageait avec un sourire doux. C'est vous que je cherchais.

— Matthew Logan Knight, approuva le dieu en hochant la tête. Nous étions destinés à nous revoir, en effet.

— Pouvez-vous ? accepteriez-vous de...

Logan bafouillait. Il était comme fou, prêt à se mettre à pleurer. Inquiète et perdue je me rapprochai de lui. Alors seulement, Logan sembla se rappeler de ma présence. Ce regard, jamais je n'en avais vu de semblable et aussitôt je compris.

— Non, non, je t'en supplie, ne t'en va pas, suppliai-je au bord des larmes.

Je tombai à genou et m'agrippai à lui.

— Mahault, souffla-t-il en me caressant les cheveux.

— Reste ! insistai-je. Il n'est pas si mal, ce monde, et il ne va faire que s'améliorer, tu le sais ! Je ferais tout ce qu'il faut pour que tu y sois bien, je te le jure, Logan, mais ne me laisse pas tomber.

— Me suis pas, dit-il en me repoussant doucement. Promets.

Il me déposa un baiser sur le front.

— Promet Mahault.

— Jamais !

— Tu ne survivrais pas là-bas. Tu serais malheureuse. Tu vois à quoi je ressemble dans ce monde ? Et bien tu serais comme moi dans le mien. Malheureuse, bête et méchante. Et je ne serais même pas là pour t'aider.

— Je viendrais te chercher et je t'obligerai à revenir, répondis-je angoissée.

— Non. Tu ne feras rien du tout.

Il m'agrippa par les cheveux et me força à le regarder dans les yeux, très sérieux.

— Promets-moi que tu ne me suivras pas.

Je résistai, mais son regard me calma. Et puis je savais qu'il avait raison.

— Je te le promets, lâchai-je du bout des lèvres.

— C'est bien.

Il me serra contre lui, longtemps, me berçant dans ses bras. Puis il me relâcha et me poussa en arrière. Deux bras me réceptionnèrent, je ne cherchai pas à savoir qui. Logan se tourna vers le dieu qui nous dévisageait avec un sourire sur les lèvres.

— Merci, Narabator, dit-il.

Le dieu se contenta de lui tendre la main. Logan la prit, et à l'instant où il la toucha, il avait disparut. Je gémis de douleur. Je n'arrivais pas à y croire.

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