Prologue

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Assise sur le lit, je laissai mes doigts caresser les pans de ma veste grise. Ces vêtements avaient été les miens apparemment. Tout comme ce visage triste se reflétant à travers la fenêtre de la chambre.

- Comment vas-tu Mélanie ?

L'homme en blouse blanche resta derrière moi. Je sentais qu'il avait un grand sourire sur son visage, comme à notre première rencontre.

- J-je vais m-mieux, bégayai-je en regardant mes mains aux phalanges fines.

J'étais mince, voire maigre. La couleur bleue et violette de mes veines ressortait sur ma peau d'une blancheur cadavérique. Je détestais cette sensation. Je n'étais pas aussi douce que les couvertures. Je ressentais la douleur à chaque fois que l'on me prenait le bras ou les épaules. Mes muscles avaient encore besoin de travail, avait souligné le docteur.

- Mélanie... dit-il avec tristesse. Tu as l'autorisation de sortir. Ta mère t'aidera avec les tâches quotidiennes. Ton psychologue qui te suit habituellement sera présent pour des séances une fois par semaine.

Plus le Docteur Berry parlait, plus mes pensées dérivèrent vers le passé. Ou ce qu'il me restait en mémoire. Le cerveau est un outil étonnant m'avait-il dit il y a plusieurs semaines. Il était composé de plusieurs parties et personne ne savait à quoi correspondait exactement chacune d'entre elles. Nous étions ignorants.

L'ignorance, j'en étais atteinte depuis que j'avais ouvert les yeux sur ce lit d'hôpital. Le Docteur appelait ça l'amnésie rétrograde. Je ne me souvenais plus d'une grande partie de ma vie avant l'accident. Avant que le camion ne m'envoie à plusieurs kilomètres sur la bordure de la route.

Mon nom, ma famille, mes amis, tout était plongé dans un flou irréversible. L'infirmière gardait espoir pour moi. Elle pensait que je retrouverais mes souvenirs dans quelques semaines ou mois. Mais elle avait tort. J'allai sombrer encore dans ce puits effrayant sans aucune connaissance de ma vie d'avant.

Je me levai, pris mon sac, et rejoignis ma mère dans le couloir après un dernier regard dans la chambre où j'avais séjourné pendant six mois, deux semaines et 6 jours. Le point de départ de ma nouvelle vie.

Mélanie Faure, je m'appelais Mélanie Faure. Je ne devais pas l'oublier.

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