Chapitre 8 - Chez ma mère

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Je le savais pourtant. Je savais que je n'étais pas la petite fille modèle qui restait à l'ombre. Rien qu'en voyant les vêtements qui habitaient mon armoire, je pouvais savoir que je n'étais plus la même.

Beaucoup de robes, la plupart noire ou de couleur sombre. Beaucoup de shorts ou de leggings, moulants. Beaucoup de décolletés, prononcés.

J'aimais ce genre de vêtements. J'adorais les porter et me pavaner avec. Je me souvenais de mon arrogance. Je me souvenais d'avoir été une garce avec des personnes que je jugeais inférieures à moi, et il y en avait beaucoup...

Je pris une énième robe et la pliai pour la ranger dans un sac. Un sac qui finirait dans une benne pour les personnes défavorisées. Depuis mon réveil, j'avais acheté d'autres habits, moins osés, et je me sentais mieux dans ceux-là.

La penderie enfin vide, je soupirai en fixant les six sacs remplis d'affaires inutiles.

- Chérie, tu as fini ? Tu es sûre de vouloir t'en débarrasser ?

Ma mère apparut dans l'embrasure de la porte de mon ancienne chambre. Celle que j'avais eue avant mon accident. Sur un coup de tête, j'avais décidé de lui rendre visite, même si en réalité, je voulais simplement m'éloigner des amis de Julien et de Julien lui-même. Mon séjour à Paris était une erreur.

- T-trop de v-êtem-ments, soupirai-je.

Elle lâcha un rire puis me prit le bras pour me traîner dans la cuisine où elle avait préparé des cookies. Depuis mon réveil, elle me chouchoutait avec sortie au cinéma, achat de produits de beauté, cookies à volonté. Tout en continuant sa manie du rangement.

Je ne disais rien et me contentais de la remercier. Mais j'espérais qu'un jour, elle passe à autre chose. Qu'elle trouve d'autres occupations que... moi. Sa peur de me perdre à nouveau se voyait à chaque regard qu'elle me lançait. Je me sentais affreuse.

Après nous être assises sur le canapé avec les sucreries en main, je lui révélai que je l'avais revu entre deux bouchées. Je lui racontai ma conversation avec son amie dont je ne connaissais toujours pas le nom.

Elle paraissait choquée et apeurée.

- M-maman ?

Elle éclata en sanglots en n'arrêtant pas de s'excuser. Je ne comprenais rien.

- C'est faux. Tu es amoureuse de lui. Tu... Tu es tombée amoureuse de lui pendant ce stupide pari. Tu as fait exprès de le plaquer pour tout recommencer de zéro. Tu voulais tout lui dire. Tu ne voulais plus jouer, mais il a fallu que son ami le lui dise avant toi et tout a dégénéré. Tout a dégénéré.

Ces sanglots l'empêchèrent de parler plus. De m'en dire plus sur mon ancienne vie. Elle savait tout. Pendant que je tentais désespérément de retrouver mon passé, ma mère savait tout de cette histoire.

Je laissai mes larmes couler en essayant d'apaiser le sentiment de trahison. Je reniflai avant d'essuyer mes yeux. J'avais envie de lui crier dessus. De lui dire ce que j'avais vécu avec ma solitude. Mais je n'en fis rien.

- Et en-ensuite, qu-que s'est-il b-bassé ? demandai-je en gardant une voix calme et basse.

- Tu..., dit-elle avec hésitation. Tu m'as appelé en me disant qu'il ne t'aimait pas. J'ai essayé de t'empêcher de... Je... Tu t'es jeté sous un camion en pleine nuit.

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