Pourquoi ?
Pourquoi fallait-il que je tombe sur elle maintenant ?
Je restai en retrait avec un bouquet dans les mains. Ma mère était à quelques mètres de moi, agenouillée devant la pierre tombale de son mari. Je pinçai les lèvres ne sachant quelle attitude adoptée.
Elle m'avait menti. Elle avait fait en sorte de m'éloigner de ce que j'appelais mes amies. Elle m'avait isolée pour pouvoir me manipuler. Malheureusement, elle ne devait pas s'attendre à ce que je sois si différente de la Mélanie d'avant. De sa Mélanie.
Je savais qu'elle n'aimait pas ce que j'étais devenue. Pendant toute cette période de convalescence, elle avait gardé mes affaires et ma chambre d'avant intactes, mais il avait fallu que je déplace ou jette tout. Je savais bien qu'elle n'avait pas aimé ces gestes, mais pour mon plaisir elle ne disait rien.
– Elle me déteste, Yves. Elle me déteste. Elle ne m'appelle pas. Elle... Elle a tellement changé. Je pense que tu serais fière d'elle.
Ma mère éclata dans un sanglot atroce. Je ne l'avais jamais vu si fragile. Elle, qui était toujours forte, voire hautaine, avec moi, avait perdu tout ce courage devant la tombe de mon père. En la voyant ainsi, si seule, je ne pus m'empêcher de verser des larmes.
Elle était si seule. Je me demandais même comment elle faisait pour tenir le coup. Je regardais mon bouquet de fleurs avant de m'avancer et de le déposer devant la pierre. Je sentis le regard de ma mère choquée. Elle ne s'attendait pas à me voir et moi non plus.
Je sortis mon portable et écrivis ce que je pensais d'elle.
Je t'en veux de m'avoir caché la vérité. Tu savais tout depuis le début, tu m'as privée de mes amies, tu m'as isolée et manipulée pour que je reste avec toi. J'espère vraiment que tu te rends compte de ce que tu as fait.
Ses pleurs se firent plus intenses, mais elle hocha la tête affirmant ce que j'avais écrit. Elle s'excusa, encore et encore. Et moi, je ne trouvais pas d'autres moyens de lui en vouloir plus. Elle était déjà au bord du précipice. Si je la laissais, sauterait-elle ? Certainement. Je ne pouvais pas l'abandonner maintenant même si elle avait été une femme égoïste.
Elle voulait simplement de pas être seule. C'était ce que j'avais compris.
– Je te pardonne, lui soufflai-je en la prenant dans mes bras. Je te pardonne.
Elle pardonne trop vite ? Certainement, mais personnellement je n'aurais pas supporté de voir ma mère pleurer à cause de ses erreurs. Ici, sa mère est consciente de ce qu'elle a fait subir à Mélanie. Et Mélanie n'est pas dupe, une part d'elle-même lui en voudra encore même si elle dit qu'elle la pardonne.
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A ta recherche
Short StoryJe gardais ton visage en mémoire. Je gardais cette photo de nous près de mon coeur. Je ne savais pas qui tu étais, ni où tu vivais, mais un jour je me souviendrais, un jour je braverais mon amnésie. Un jour je te reverrai.