Chapitre 6 - Appartement

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La poitrine contractée, je n'arrivais plus à respirer. Un filet d'air passait le pas de ma bouche, mais pas assez. Ma voix sifflante, je réussis à me traîner jusqu'à mon portable posé sur la table de chevet près du lit.

– Mélanie ?

Muette.

Respire.

– Mélanie, écoute-moi bien tu fais peur là. Tu te souviens de la pub où la fille appelle sa mère avec une voix déraillée, eh bien c'est ce que je vis en ce moment avec ton appel. Prends une longue inspiration et expire. Inspire et expire. Tout va bien, je reste avec toi. Inspire et expire.

Ce manège dura pendant de longues minutes avant que ma poitrine respire de nouveau. Soulagée, je restai un instant assise sur le parquet, dos collé au lit pour garder un appui.

– J-j'en ai m-marre, finis-je par souffler.

– Tu as été dans le coma, la réadaptation à la vie est longue et difficile. Mais je ne veux pas que tu abandonnes.

– Bourq-quoi bas ?

– J'ai trop investi de temps pour toi.

Prise par surprise, je lâchai un rire. Il fit de même.

– Tu te rappelles quand on s'est rencontré ? Tu étais un zombie qui déambulait dans le parc de l'hôpital. Je t'ai suivi du regard jusqu'à ce que tu t'assoies enfin sur un banc. J'ai même arrêté de parler à Émilie pour toi. Elle était au téléphone avec moi. Je lui ai presque raccroché au nez pour venir te parler à toi. Tu ne me disais rien.

– M-muet-te, soufflai-je en laissant un rire s'échapper face à ce souvenir.

– Totalement ! Je voulais tellement te faire parler et j'ai réussi, dit-il fier.

– T-tu m-m'as én-ervée. J-je t'ai crié d-dessus !

– C'est vrai, mais tu m'as parlé !

Je secouai la tête en soupirant, mais un sourire restait gravé sur mon visage. Après cette rencontre, nous étions restés amis. J'allais tous les jours dans le parc alors qu'Antoine me parlait à chacune de ses pauses. J'avais gagné un ami. Sa petite-amie était d'abord réticente à mon égard. Peut-être que j'étais une peste venue lui piquer son Antoine, mais après plusieurs discussions, elle avait su que ce n'était pas le cas. Nous étions devenues de bonnes amies, mais sans plus.

Antoine avait ce plus. Il était le meilleur ami à qui je pouvais tout raconter. Il était ma bouée de sauvetage. Ma mère et lui étaient les seules personnes qui pouvaient me remonter à la surface quand je me noyais.

– M-merci Antoine.

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