Chapitre 7 - Brasserie

595 81 13
                                    

Je tapai mes doigts sur la table en attendant Antoine. Il était en retard.

Le serveur arriva devant ma table, mais avant que je passe ma commande il prononça mon nom avec un soupir.

- ça fait longtemps que tu n'étais pas passée par ici... Je suppose que tu veux comme d'habitude, un mojito.

Il s'en alla, me laissant bouche-bée. Je le suivis du regard sans pouvoir faire autrement. Cet homme me connaissait. Et j'étais une habituée de la maison. Je refermai mes lèvres et les pinçai.

Quand il reviendrait me donner le mojito, je devrais lui demander. Joyeuse, je pouvais enfin savoir la vérité sur moi. Sourire aux lèvres, je levai la tête à la sonnette de la porte en pendant enfin voir Antoine, mais je fus scotchée par l'homme qui était entré. C'était un des amis de Julien. Il était resté assis pendant que la fille m'engueulait.

N'en pouvant plus, je me levai et me plantai devant lui. Une grimace s'afficha sur son visage.

- On pourrait. Parler ?

Je me félicitai intérieurement d'avoir réussi à tout dire sans bégayer, même si la pause était gênante.

- T'es vraiment qu'une garce. Revenir ici. Ouais t'as vraiment du culot, mais c'était pas étonnant te connaissant, cracha-t-il avec dégoût.

Sa pique me figea. Je le vis regarder aux alentours, les gens devaient nous fixer avec insistance, mais ça ne me dérangeait pas. L'homme me prit le bras pour me trainer à l'extérieur de la brasserie dans une impasse. Je me laissais faire, je voulais savoir, je devais savoir.

- Dégage d'ici, me menaça-t-il. Retourne d'où tu viens, je ne dirais rien à Julien.

- N-non, j-e veux s-savoir, affirmai-je presque paniquée.

- Savoir quoi ? Et pourquoi tu bégaies comme ça ? Ah tu fais ta victime maintenant ? C'est ta faute toute cette histoire je te rappelle ! Toi et ton foutu pari ! Finalement tu as bien gagné hein ? Julien est bien tombé amoureux de toi alors que toi tu jouais avec lui. Il t'aimait vraiment et toi...

Énervé, il secoua la tête alors que je fronçais des sourcils. Un pari ? Alors je n'avais pas vraiment aimé Julien ? Il n'avait pas été mon petit-ami ? Il avait été un jeu ?

Les larmes m'embuèrent les yeux. Je n'en revenais pas. La vérité était plus douloureuse que je ne le pensais.

- Oh arrête de faire ta victime ! T'es vraiment chiante. Si tu crois que tu vas le récupérer en pleurant comme ça, tu te fous le doigt dans l'œil ! Heureusement que j'ai découvert ton pari de merde après que tu l'aies plaqué. C'était pas sûr qu'il me croit avant ça. Sérieux dégage de sa vie. N'y reviens plus !

Je sursautais à ses paroles, effrayée par son ton. Il était vraiment énervé. Je reniflai et essuyai mes joues. Après avoir soufflé, je fis un sourire en le remerciant. Ses yeux s'agrandirent sous la surprise.

- M-merci d-de m'aboir barlé.

Je me retournai pour partir quand il m'interpela.

- Pourquoi tu parles comme ça ? demanda-t-il.

- A-accident, com-ma, hôbital... Amnésie.

- Qu-quoi ?

C'était à son tour de bégayer, mais je m'en allais déjà. Je ne pouvais plus rester là. Je ne pouvais plus respirer. Je ne pouvais plus tenir debout.

Je montai dans le premier bus que je voyais arriver et sortis au prochain arrêt. Je marchais tandis que le soleil se couchait. Je marchais sans savoir où j'allais. J'essayais de supporter toute cette peine. Mais je m'écroulais sur le banc d'un parc.

Je me pris la tête dans les mains et restai prostrée dans cette position pendant que la nuit tombait.

Photo prise sur ce site : http://brigitte-bardot.over-blog.net/2016/02/brasserie-lola-la-premiere-brasserie-vegan-de-france-a-paris.html

A ta rechercheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant