Mes dents n'arrêtaient pas de mordre ma lèvre inférieure. Mes jambes gigotaient à l'approche de l'heure. Il n'était pas tard ; il était trop tôt en réalité. Mais après mon coup de fil à Paul, je ne voulais pas être en retard. Je lui avais demandé un nouveau point de rencontre entre moi et Julien. Et heureusement, Julien avait accepté de me revoir.
Je me sentais honteuse après m'être enfuie la dernière fois. C'était embarrassant de le revoir après cette première rencontre. J'espérais simplement qu'il ne pensait pas que j'étais partie en courant à cause de sa surdité.
Toutes ces révélations m'avaient anéantie.
- Salut Mélanie.
Je relevais la tête avec surprise.
- Tu as changé... dit-il en fronçant des sourcils.
Je ris puis écris sur mon portable.
C'est sûr ! Je ne suis plus cette pimbêche qui embêtait les autres et s'habiller qu'avec des vêtements de marque pour montrer sa supériorité. Je ne suis plus cette fille.
- Oui, et pourtant j'ai réussi à tomber amoureux de cette pimbêche, avoua-t-il.
Tu devais être affreusement amoureux pour ne pas voir à quel point elle était fausse.
- Je suppose... L'amour rend aveugle hein ? cracha-t-il, sûrement en colère contre lui-même.
On peut dire que dans ton cas, ça devait être vraiment flagrant !
Il éclata de rire en lisant l'écran de mon portable tout en secouant la tête. Debout l'un à côté de l'autre, il n'avait que quelques centimètres de plus que moi. Tandis qu'il regardait les passants, je ne pouvais m'empêcher de fixer son sourire.
Un sourire qui le changeait. Lui, son visage, ses yeux, ses pommettes, ses lèvres fines. Soudain consciente de ce que je faisais, je relevais mon regard vers le sien puis détournai la tête en rougissant. Mon cœur battait trop vite.
- Tu faisais ça aussi avant. Me regarder sans raison puis détourner la tête comme si tu avais fait une bêtise, souffla-t-il d'un air attendri.
Il leva sa main pour la déposer sur ma joue. Après une caresse chaude et confortable, je me reculai mon visage, mal à l'aise. Une grimace avait dû me trahir, car il s'excusa puis coinça ses doigts dans les poches de son jean.
Un silence nous enveloppa. Nous regardâmes les enfants jouer tout en marchant à travers le parc floral.
J'ai changé, tu as raison. Je ne suis plus celle que tu as un jour aimée, Julien.
Il s'arrêta de marcher. Je me retournai pour le regarder avec tristesse.
- Tu... Tu ne te souviens vraiment de rien ?
Je secouai la tête. Il pinça ses lèvres avant de continuer notre promenade. Aucun mot ne fut échangé pendant plusieurs minutes jusqu'à ce qu'il dise qu'il vaudrait mieux qu'on rentre chez soi. J'hochai la tête. Il m'accompagna devant la bouche de métro puis s'en alla en me faisant la bise.
C'était froid. Triste. Distant. Je le perdais.
À chaque pas qu'il faisait, je sentais qu'il s'effondrait un peu plus dans un abysse sans fond. Et c'était moi qui avais provoqué ce sentiment. Je me mordis la lèvre, coupable, avant de m'élancer vers lui.
- Julien !
Il ne se retourna pas. Il traversa le passage piéton. Je courus derrière lui quand il arriva de l'autre côté. Essoufflée par ma course de quelques mètres et mon stress, je lui pris le bras. Julien me regarda avec surprise.
- Que... ?
- T-t-on numéro !
Il me fixa pendant quelques minutes avant de sourire. Je lui tendis mon portable et il y tapa les numéros qui m'empêcheraient de le perdre à nouveau.
Parce que j'avais peur, peur de ne plus le revoir. Après toute cette recherche, toute cette galère. Je l'avais enfin trouvé. Je ne pouvais pas m'éloigner de lui sans apprendre à le connaître. Je pouvais au moins essayer.
Voilà ils papotent et papotent, et je me retrouve avec le plus long chapitre de cette histoire -_-
- Et ce serait de notre faute ? Je te rappelle que c'est toi l'auteure !
Avec de grands yeux, je regarde Mélanie les bras croisés, debout dans un coin de ma note d'auteur.
- Tu es censée bégayer, tu sais ?
- C'est toi qui écris les dialogues, pas moi, dit-elle en me pointant du doigt.
Et je suis censée bégayer pendant encore combien de temps ?- Euh... Quelques semaines, dis-je avec un sourire que j'espère satisfaisant.
- T'en sais rien en fait...
- Oui... Je dois faire des recherches. Encore.
Silence. Mélanie soupira d'exaspération.
- Pourquoi t'es aussi méchante avec moi ? demandé-je, étonnée. Ton caractère ne devrait pas être comme ça.
- J'étais une sale garce, j'ai rompu avec mon parfait amour à cause d'un stupide pari, je me suis suicidée, je suis tombée dans le coma puis je suis devenue amnésique à mon réveil ! J'ai toutes les raisons du monde pour t'en vouloir !
- Pas faux, soufflé-je en grimaçant. T'as pas vraiment eu une vie simple...
Elle me lança un regard lourd de reproches.
- Je ne vais pas tomber amoureux de Julien parce que tu vas le taper sur une page.
Je voulus répliquer que je pouvais clairement faire ça, mais m'abstins quand son regard me menaça. Encore.
- Ce ne serait pas réaliste, c'est sûr, dis-je sur le ton de la prudence.
- Bien. Il va se passer quoi alors ? demande-t-elle, curieuse.
- Hors de question que je te raconte la suite ! Et je te rappelle que les lecteurs lisent notre discussion donc pas de spoil dans les notes d'auteur !
Elle soupira avant de s'éclipser.
Bon là je crois que c'est vraiment le chapitre le plus long de l'histoire avec une note d'auteure qui n'a servi à rien x) Je vous laisse et m'en vais finir ma mousse au chocolat !
- Pourquoi tu fais une mousse au chocolat le matin ? demande Mélanie.
- ... Retourne dans ton appartement Mél'. J'ai d'autres histoires à écrire que la tienne !
Là, elle est vraiment partie ;)
VOUS LISEZ
A ta recherche
Short StoryJe gardais ton visage en mémoire. Je gardais cette photo de nous près de mon coeur. Je ne savais pas qui tu étais, ni où tu vivais, mais un jour je me souviendrais, un jour je braverais mon amnésie. Un jour je te reverrai.