Chapitre 23 - Le parc et le train

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Je lui avais dit que je ne voulais plus de ce jeu. Je lui avais dit que je voulais m'en aller. Je lui avais dit que je voulais avancer sans ce lourd passé.

Lui était désespéré au fur et à mesure de mon discours. La peur, une vraie peur se reflétait dans ses pupilles. J'avais mal. Pour lui et pour nous, mais c'était la décision que j'avais prise. Il fallait que nos chemins se séparent. Qu'il m'oublie.

"Je comprends," avait-il prononcé.

Il avait accepté, mais il voulait quelque chose avant que je ne parte : un baiser. D'abord hésitante, j'acquiesçai finalement. Nos visages se sont rapprochés, nos vêtements se sont froissés, nos mains se sont montrées baladeuses. Les lèvres bougèrent et le temps s'arrêta.

Et pendant ce temps-là, je vis une scène. Lui et moi. Nous nous embrassions en riant. Je reconnus le paysage de la photo prise ensemble sur le pont.

Le présent revint. Il avait serré les poings, regardé le bitume et m'avait laissé m'enfuir. Moi je pleurais en partant.

J'avais eu un flashback. J'avais vu mon passé avec lui, même si ce n'était qu'un instant, j'avais réussi à apprécier cette scène.

Était-ce vraiment une bonne décision de l'avoir laissé ? Je ne le savais pas, mais le choix était fait, je ne pouvais pas y revenir dessus.

Je retournai à mon appartement et fit mes bagages. Je fourrai quelques vêtements à la hâte dans une des valises pour partir chez ma mère. Je lui téléphonai avant et bien sûr elle était ravie de savoir que je revenais vivre avec elle. Elle devait sûrement penser que je l'avais pardonnée, mais je n'avais fait que comprendre son attitude, je ne l'avais pas excusée pour ses mensonges et cachotteries.

Je supposais que je devais faire des efforts tout comme elle devait en fournir.

Assise dans le train, je sortis une photo de ma poche. Moi et Julien nous embrassant sur le pont. La photo qui m'avait tant touchée. La photo sur laquelle toute cette histoire avait commencé. La photo qui m'avait aidée à le retrouver et à connaître la vérité sur moi.

Je ne pouvais pas vivre sur les regrets. J'avais retrouvé Julien, j'avais essayé de me souvenir, j'avais tenté de l'aimer. Mais l'amour ne se commande pas. Pendant que Julien aimait un fantôme, moi je voulais aimer un homme inconnu. ça n'avait pas marché. Tant que lui aimait une autre fille, notre nouvelle relation ne pouvait pas fonctionner, donc j'avais abandonné.

J'avais lâché prise.

Un sourire sur les lèvres, je regardai le paysage urbain défiler à grande vitesse. Quelques mois près des vaches et poules me donneraient assurément des photos mémorables.

Encore un épilogue que je vais poster dès que je termine de l'écrire (dans quelques minutes donc x)).

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