Obsession

A-t-il compris ?

- Orel... Orel réveille-toi, dit doucement Guillaume.

Un grognement visiblement mécontent lui répond : Aurélien est en train d'émerger.

- Claude m'a appelé, il sort avec les autres dans 15 minutes. Tu veux venir ?
- Mmh, répond Orel sans bouger d'un millimètre.
- Je prend ça pour un oui, dit Gringe en riant doucement.

Aurélien décide à bouger, pas vraiment réveiller. Il relève un peu la tête, et ouvre lentement les yeux.
Le visage de Gringe est à quelques centimètres du sien, ce dernier le regardant droit dans les yeux, et la main d'Aurélien est posée sur le côté du ventre plat de Guillaume.

Orel beugue un moment, détaillant le visage de son binôme. Ses yeux verts brillant d'une lueur nouvelle, qu'Aurélien ne savait interpréter, son nez droit, ses joues creuses, sa peau matte, sa barbe sombre.

Et ses lèvres pleines, un peu entre-ouvertes.

Son regard remonte et il regarde à nouveau Gringe dans les yeux, leurs visages toujours très proches.

Gringe lève sa main en direction du visage d'Orel, qui arrête de respirer. "Dieu sait ce qu'il va faire mon dieu, qu'est-ce qu'il se putain de passe ?" pense-t-il.
Gringe ne fait que dégager quelques mèches de cheveux qui cachaient les yeux d'Orel, puis laisse retomber sa main sur son ventre, effleurant la main de son ami.

Aurélien se reprend alors immédiatement, se lève brutalement et annonce qu'il va se doucher avant qu'ils sortent.
Guillaume le regarde quitter le salon d'un pas incertain, et fermer la porte de la salle de bain. Il n'a strictement rien compris à ce qui venait de passer.
Ça avait été étrangement agréable, pas gênant du tout, ce qui est étonnant pour Guillaume, à qui les contacts physiques déplaisait généralement, si ce n'est avec des filles en soirée. Et encore.
Il avait vu la façon dont Orel l'avait regardé, longuement. Et la façon dont il s'était un peu attardé sur le bas de son visage. Mais bon, Orel était réveillé depuis à peine une minute, il n'avait sûrement pas compris pourquoi ils se retrouvaient si proches et dans cette position.
"Après tout, c'est Orel. Il est toujours un peu dans les nuages." se dit Gringe.

Aurélien, dans sa douche, ne pensait pas exactement pareil que son acolyte.

Il commençait à y voir clair, et se rappelait que c'était lui qui s'était, comment dire, mis dans cette position, attendant une réaction de la part de Gringe bien différente de celle qu'il a eu.
Pourquoi n'avait-il pas bougé, pas réagi, pas rougi ? Il avait été à l'aise comme jamais, rendant tous ses gestes naturels et spontanés.
Quand à Orel, il n'avait pas été gêné mais... Déstabilisé.
Il ne s'attendait pas à se réveiller avec un Gringe tout guimauve qui lui caressait les cheveux.

Il sorti de la salle de bain les cheveux humides, et fut étonné de trouver Guillaume juste devant la porte. Il avait l'air de l'attendre. Il inspira et dit, le plus naturellement possible :

- On bouge ?
- Pas tout de suite à vrai dire. Enfin, si tu veux bien parler 5 minutes ?
- B-Bien sûr, de quoi tu veux parler ?

Gringe jeta un coup d'oeil au canapé, puis regarda à nouveau Aurélien.

- J'aime pas trop pas comprendre ce qu'il se passe, tu vois ?