Retrouvailles

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Une lueur nouvelle habitait ses yeux sombres, et un léger sourire en coin avait pris possession de ses lèvres.

Apparament, Gringe n'était pas le seul à en avoir envie.

Il l'attira à lui pour l'embrasser longuement tout en basculant à l'horizontal, Aurélien en dessous de lui. Il se collait à lui, la moindre parcelle de sa peau souhaitant être en contact avec celle de son partenaire.

Aurélien. Quelle histoire.

Il voulait garder cette image en mémoire pour toute sa vie : Orel qui s'aggripait à ses épaules, lui griffait de temps à autre le dos, cherchant éternellement son regard.

Pourquoi nous sommes nous quittés si longtemps ?

Ils ne se lassaient pas de leurs baisers langoureux, de leurs regards, de tout ça. Ils ne s'en lasseront jamais.

Comment est-ce que j'ai pu vouloir stopper une chose pareille ?

Et cette liaison physique qui essayait de traduire leurs sentiments qu'ils ne pouvaient exprimer, cette union insoutenable.

Définitivement, ils ne s'en lasseront jamais. D'eux, de leur quotidien. De tout.

Si tu savais comme...

- Je t'aime, Orel, murmura Guillaume d'une voix presque inaudible.
- Je t'aime aussi, lui répondit Aurélien.

*
* *

- Ça fait plaisir de te revoir mec. T'as fais quoi ces derniers jours ?
- Oh bah pareil que ces derniers mois, j'ai beaucoup écrit et...

Gringe jeta un coup d'oeil à Orel, quelques mètres plus loin, et repris :

- Et je suis tombé par hasard sur Orel, et puis me voilà ! dit-il en souriant.
- T'as l'air mieux, poursuivit Skread, avec Ablaye on avait remarqué que tu tisais tout le temps, que tu sortais jamais...
- J'ai pas bu depuis un moment ouais. Enfin, je n'expulse pas l'alcool de ma vie, tu me connais, dit-il en regardant sa bière. Mais je vais me calmer.
- C'est cool. Et avec Orel ? interrogea Skread avec un sourire complice.
- Ça se passe, répondit Gringe en élargissant encore son sourire, rayonnant.

*

- Oh mais t'as vu comment qu'il me parle lui ? OH TEMA TA GUEULE ENCULÉ, TES PARENTS SERAIENT PAS FRÈRES ET SOEURS DES FOIS ? hurla Claude, ce qui déclencha un fou-rire chez Orel.
- Non mais... Claude, tenta ce dernier entre deux éclats de rire.
- OUAIS C'EST À TOI QUE JE PARLE ! VIENS LÀ !
- Viens on va par là, réussit à articuler Orel en tirant Claude par le bras.
- Non mais le mec bouscule tout le monde, il se croit chez sa mère !

Aurélien traîna Claude jusqu'à Skread et Guillaume.

- Qu'est-ce qu'il a encore ?
- On me gâche pas mon happy hour, c'tout !

L'homme que Claude interpellait depuis avant s'était retourné vers eux, et marchait dans leur direction.

- Il était moins grand avant..., déglutit Claude.

Gringe porta son attention sur le mec en question. Même taille que lui, plus musclé, large d'épaule, cheveux et yeux bruns. Un visage aux traits épais, un air dur.

Pourquoi j'avais recommencé de dealer déjà ?

- Oh, Tranchant. Quoi de neuf ?
- Dieu soit loué, souffla Claude, croyant qu'il était tiré d'affaire.

Ah oui, je n'avais pas assez d'emmerdes à mon goût.

- Je... Rien de neuf, dit-il avec le peu de sang froid qu'il lui restait.
- C'est qui ? chuchota Orel à l'oreille de Guillaume.
- Pas un pote, si tu vois ce que je veux dire, répondit-il sur le même ton.
- C'est tes potes, ces deux cons ?
- De qui tu parles ?
- De l'écervellé qui n'arrête pas de gueuler et de l'autre qui doit être aussi intelligent que le premier.

Gringe se détacha du mur contre lequel il était appuyé et donna sa bière à Skread, qui n'avait pas dit un mot.

Il se posta à une vingtaine de centimètres du type en question, fixant son regard dans le sien.

- Répète pour le deuxième, je suis pas sûr qu'on parle de la même personne.

Silence glaçiale.

Est-ce que Gringe est en train de me défendre face à un type qui fait 20 kilos de plus que lui ?

- Ola, doucement mon bijoux, se moqua-t-il, je ne pensais pas t'énerver à ce point. Je ne ferai rien à ton petit-copain, poupée.

Et merde, pensa Orel, merde merde merde.

Le poing de Gringe partit sans qu'il ne le contrôle, et rencontra la mâchoire de son adversaire, qui riposta : un coup de genou bien placé fit se couper la respiration de Guillaume. Il lui sauta alors dessus, le mettant à terre.

Il ne décidait pas de sa force ni de ses gestes. Il agissait sous la rage. Il assumait la protection qu'il ressentait pour Orel. Et n'acceptait pas la souffrance et la moquerie.

Il s'était juré de ne plus faire de mal à Aurélien, et donc de rendre la situation facile pour lui.

Quand le sang coula lentement du nez du mec en dessous de lui, des mains aggripées à son pull le firent se relever pour s'éloigner.

Guillaume était du genre à tenir les promesses, à n'importe quel prix.

Le type, bien amoché, était bien décidé à ne pas en finir là, mais Skread l'attrapa et lui bloqua les bras dans le dos, l'empêchant de bouger.

Il ne s'en était pas rendu compte, mais toutes les personnes présentes dans la boîte ne disait plus un mot et observait la scène. Aurélien était derrière lui, lui tenant fermement les poignets.

- Laisse Guillaume, c'est fini, on se tire, déclara-t-il.

Il admira l'air choqué des gens autour d'eux, et se dégagea légèrement de la poigne d'Orel. Il les regardait un-à-un, leur lançant des regards haineux ; il n'était pas une bête de foire, qu'est-ce qu'ils avaient tous ? Il les dégoutait c'est ça ?

- J'en ai rien à foutre de vos putains d'avis. J'ai pas besoin de votre bénédiction pour vivre, cracha-t-il avant de sortir en attrapant la main d'Aurélien.

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