Reviens-moi

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Il le trouva assis par terre, dans le couloir de l'entrée, le regard toujours aussi vide.

Il se laissa tomber à côté de lui, en glissant contre le mur.

- Orel...
- Pourquoi c'est si compliqué ? fit la voix d'Aurélien, tremblante.
- Si je pouvais revenir dans le temps, sache que je ne changerais rien de ce qu'on a vécu.
- Alors pourquoi tu as si mal pris le fait qu'ils soient au courant...
- Parce que c'est le début des emmerdes. On va jamais pouvoir gérer ce qu'on fait en public ou pas, et j'ai tellement... honte. Pas de toi, mais j'ai trop peur que les gens ne l'acceptent pas. J'ai bien trop galéré, ne serait-ce qu'avec les dealers qui m'en voulaient... On s'en prendrait plein la gueule.
- Mais il y en a, des gens qui l'assument et le vivent bien, je ne veux pas vivre caché. Et je sais bien que toi non plus.

Gringe baissa la tête. C'est vrai.

Je n'ai pas envie de vivre enterré, ça non. Mais je n'ai plus envie de souffrir, et encore moins que toi, tu souffres.

Tu es insouciant, tu as envie de faire confiance aux gens, à la vie.

Mais mon amour, tu es aveugle.

Que devons-nous faire, si je ne suis pas prêt ?

Tu ne pourras pas passer ta vie à m'attendre...

Et pourtant.

*
* *

Un peu moins d'une année plus tard

- Et... Comment va Guillaume ? demanda timidement Aurélien.
- Il ne sort pas souvent, il écrit beaucoup, répondit Skread.
- Et on pense qu'il boit beaucoup, continua Ablaye, il pue souvent l'alcool et il a pas l'air vraiment bien.

Aurélien soupira.

Ça faisait quelques mois que après plusieurs disputes et embrouilles, Guillaume et lui s'étaient séparés.

Il ne vivait plus qu'entre ses cris qui lui répétaientt sans cesse qu'il ne voulait pas le dire, pas le montrer, qu'Orel avait tort, que c'était voué à l'échec.

Alors Gringe s'était barré.

Il ne l'avait que très brièvement croisé en ville, de loin, et avait des nouvelles de lui par leurs potes en commun.
Gringe avait recommencé à dealer, était agressif, ne sortait plus.
Il savait qu'il était allé vivre chez un ami à lui qui vivait avec sa copine, mais que selon Claude, Guillaume n'allait pas pouvoir squatter éternellement chez eux.

Bref.

Il lui manquait terriblement.

*
* *

Coup dans le ventre, Guillaume se plia en deux.

Ça faisait bien trop longtemps que ça ne m'était pas arrivé.

Deuxième coup, en plein visage cette fois-ci.

C'est ma faute. Pourquoi j'suis obligé de prendre des décisions de merde ? Je me rappelle même plus pourquoi j'ai recommencé à dealer.

Troisième coup dans les côtes, sa respiration se bloque un instant.

Ah si, je me souviens. Pour avoir une bonne raison de me foutre en l'air et de mener une vie minable.

Gringe se fait mettre au sol, sur le dos, et se prend un poing dans le nez, qui commence aussitôt de saigner.

Ben non en fait, j'en avais déjà une : t'avoir lamentablement perdu.

Enième coup de pied au niveau de sa cage thoracique.

Le pire, c'est ce que j'ai fais de nous.
Je t'ai fait espéré des choses impensables, que j'ai ensuite balancées dans une poubelle en te crachant à la gueule.
En gros, c'est ça.

Il essaie en vain d'encaisser les poings qui s'acharnent sur son corps meurtri.

Le pire, c'est que je ferais n'importe quoi pour te récupérer. Même défiler sur un char de la GayPride. Surtout si c'est avec toi.

Son visage se crispe sous la douleur.

Je ferais n'importe quoi pour t'avoir à nouveau à mes côtés, mais je suis devenu une pauvre merde, encore pire que celle que j'étais déjà.

Ses yeux deviennent humides.

Tu ne voudras plus jamais de moi.

Et il pleure, sans même essayer de retenir les larmes.

Tu me manques.

ObsessionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant