Trahison

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- T'as osé lui raconter ?! demanda Gringe, furieux.
- Mais non, tu sais bien qu'il donne des surnoms débiles tout le temps...
- Putain Orel t'as osé faire ça. Genre en 24 putains d'heures t'as réussi à déjà nous balancer comme ça. C'est quoi ton problème ? Je sais même pas comment t'as fait ! Tu lui envoies des textos en cachette en live, peut-être ? Putain !
- Alors déjà, crois ce que tu veux je lui ai rien raconté de ce qu'il s'est passé ! Et parle-moi autrement, merde !

Ça faisait 5 minutes que Claude attendait sur le pallier, derrière la porte, après que Gringe lui ai claqué cette dernière au nez. Il l'entendait gueuler, sur Orel certainement, mais ne captait pas grand chose.
Et comme à son habitude, s'en foutait royalement.

Orel ouvrit la porte, s'excusa et fit entrer Claude.

- Accueil chaleureux p'tite tête, ça fait toujours plaisir ! dit-il sur le ton de la rigolade.

Orel avait le visage fermé et l'air exaspéré :

- Pas ma faute, marmonna-t-il en refermant derrière Claude.

Celui-ci alla s'asseoir aux côtés de Gringe sur le canapé.

- Yo ! lança-t-il.
- Salut Claude, dit simplement Guillaume, se forçant à être souriant.

Orel venait d'entrer dans le salon.

- Dispute de couple j'imagine ? ria Claude.

Orel retint sa respiration. Gringe allait littéralement péter un câble alors qu'Aurélien, lui, n'avait presque rien dit.

Il se leva, se plaça face à Orel qui, lui, était debout entre la table basse et le canapé.

- J'en étais sûr, cracha-t-il à Orel avec haine.

Il le bouscula pour passer, prit sa veste et son paquet de cigarettes, et claqua la porte du petit appartement.

- Bah alors ? demanda Claude.
- T'étais obligé de tout faire foirer ? dit Orel en s'asseyant.
- Mais, j'ai fait exactement comme d'habitude. Je vois pas le soucis, dit sincérement Claude, innoncent.

Aurélien cacha son visage dans ses mains, se laissant tomber dans le canapé.

- C'est ça le problème, c'est que ça sera plus... Comme d'habitude.

Aurélien se redressa, les yeux humides et regarda dans le vide.

- Je peux rien te dire à propos de ça malheureusement, alors parle moi d'autre chose.
- C'est quoi le problème ? fit Claude sérieusement. Tu chiales comme une meuf qui vient de se faire larguer.
- Peut-être parce que c'est le cas.
- T'es une meuf ?
- Non mais.. Oh laisse tomber Claude.
- Bah quoi alors ?
- Oui oui je suis une meuf.
- Oh bah merde, dit Claude en riant.


*

Ça faisait une heure que Guillaume était dehors.
Il trainait dans les rues de Caen. Le temps commençait à se rafraîchir, mais il faisait toujours chaud pour un mois d'octobre.
Il n'était pas allé très loin de l'appart, et il aperçu Claude sortir de l'immeuble, et se dirigea vers lui.

- Bah alors mon pote ! Je dérangeais visiblement ! lança Claude.
- S'cuse mec. Une histoire débile, je...
- Ok, je m'en fous. Juste sache une chose, c'est que j'ai aucune idée de quoi vous causiez, ou de ce qu'Orel m'aurait raconté, parce qu'il l'a pas fait.
- Ouais, ok disons ça.
- Et t'as de la chance parce que franchement c'est à la portée de n'importe quel guignol de comprendre ce qu'il se passe. Mais je vais faire comme si je ne savais rien...
- Ouais merci.
- ...À une condition.
- Arg, putain Claude, tu vas pas me faire du chantage quand même !
- Non, pas de ça. Mais si Aurélien chiale encore une fois à cause de toi, tu vas m'entendre.
- Co-comment ça ? lui demanda Guillaume, surpris.

*

10 minutes seulement après que Claude soit parti, c'était Guillaume qui rentrait dans l'appartement, la tête baissé et se tordant les mains nerveusement.
Il se déchaussa et fit quelques pas, mais Orel n'était pas dans le salon. Il alla donc dans la cuisine. Toujours pas. Gringe toqua à la porte de sa chambre, qui s'ouvrit après que Gringe ait insisté 2 ou 3 fois. Aurélien enleva ses écouteurs.

- Je t'avais pas entendu. Qu'est-ce que tu veux ? demanda-t-il d'un ton las.

Gringe le regarda un instant, essayant de soutenir son regard froid, en vain. Il fixa alors à nouveau le sol, qui devint soudainement intéressant.

Aurélien l'observa des pieds à la tête. On aurait dit un gosse qui avait fait une bêtise, en même temps c'était ça, à peu de choses près. Il portait un jeans noir, un sweat bleu mais pas son incontournable bonnet, qui était sur le sol à quelques mètres de là, dans le couloir. Chose rare.

Son regard était bloqué sur le sol, ses lèvres pincées, et il se tordait anxieusement les doigts dans tous les sens.
Après un moment, Guillaume ouvrit enfin la bouche :

- Je voulais m'excuser.
- Bien. C'est tout ?
- Quoi ?
- Autre chose ?
- Orel je...

Il avait refermé la porte.
"Il a fermé la porte.", se répéta Gringe en boucle.

- Et après c'est moi qui fuit ou je ne sais quelle connerie ? Si on ne me donne pas l'occasion de m'excuser je ne vois pas comment je suis sensé faire ! cria-t-il.

Aurélien rouvrit cette satanée porte, pris Gringe par la taille et plaqua ses lèvres contre les siennes. Il se détacha pour le regarder enfin dans les yeux.

- Juste, tait-toi, lui répondit-il.

ObsessionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant