Ce n'est de loin pas physique, Gringe

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Ça faisait une petite semaine que Gringe multipliait les "attentions physiques" avec Orel, qui les acceptait, et qui avait arrêté d'y réfléchir.

Il était aux alentours de 23h, Gringe avait passé une sale journée. Orel revint de la cuisine avec deux tasses de chocolat chaud, il en posa une sur la table basse du salon, devant Gringe, et garda l'autre dans sa main en s'asseyant sur le canapé.
Il se colla à Guillaume, par habitude, et s'appuya un peu contre son ami.
Gringe fronça les sourcils et regarda Aurélien de haut en bas.

- Tu fous quoi ? le questionna-t-il sèchement.

Orel se redressa, un peu surpris, et se calla contre le dossier du canapé, évitant Gringe du regard.

- Ah... Pardon, dit-il tout bas, un peu déçu.

Guillaume le vit, soupira et se reconcentra à nouveau sur la télévision. Mais Aurélien avait visiblement décidé d'en parler.

- T'as été un nounours toute la semaine et d'un coup tu deviens encore plus sec qu'avant. Il se passe quoi, t'as pu baiser une meuf aujourd'hui donc t'as plus besoin de contact physique ? dit d'une traite Aurélien, fixant toujours l'écran en face d'eux.
- ... J'ai juste passé une sale journée, répondit Gringe, hésitant.

Un blanc s'installa.

- Et j'ai pas baisé, t'es pas un bouche-trou de contact physique, pour ton information, ajouta-t-il.

Orel posa sa tasse fumante sur la table basse et pivota un peu, de manière à avoir Guillaume en face de lui.

- Alors c'est quoi le soucis ? demanda-t-il.
- Je viens de te dire, juste une mauvaise journée.
- Je parle du soucis de la semaine qui vient de passer.
- Mais tu vas arrêter de me casser les couilles ? dit Gringe en tentant de rire un peu, et en attrapant sa tasse de chocolat pour en boire une gorgée.
- Arrête Gringe, tu sais comme moi que c'était chelou, lança Orel, très sérieux.

Guillaume reposa la tasse sur la table, et se tourna également, fixant son regard dans celui d'Aurélien.

- Alors ? demanda Orel après quelques minutes passées à essayer de soutenir le regard de Guillaume.

Guillaume soupira, se réinstalla contre le dossier du canapé et étendit son bras, invitant Aurélien à se blottir contre lui, ce qu'Orel fit, sans un mot.

Quelques heures plus tard, Aurélien annonça qu'il allait gentiment se diriger vers son lit.

- Reste encore un peu, dit doucement Gringe, ce qui eu pour effet de réveiller un peu Orel.
- Mais putain, t'es vraiment bipolaire toi. Un jour t'es content, un jour t'es déprimé. Un jour t'es homophobe et un jour t'es dép', c'est quoi ton soucis ?

Gringe se dégagea un peu de l'étreinte d'Orel, et le regarda durement :
- Mais ça va pas de dire des trucs comme ça ? Si moi j'suis pédé, j'sais pas c'que t'es toi, vu comme tu kiffes dormir sur moi.
- Ça va Gringe, c'était pour rire. Mais quand même, je sais très bien que toi même tu te trouves chelou.
- Nan. J'ai juste... accepté que j'aimais bien de temps en temps être un peu plus... tactile, annonça difficilement Guillaume.
- Que t'aimais bien être plus pd, quoi.

Gringe mit une petite claque amicale à l'arrière du crâne d'Orel.

- C'est physique, c'est tout, dit fermement Guillaume.

Orel se releva et regarda Gringe.

- Quoi ? attaqua tout de suite Guillaume, tu vas me dire que tu veux me câliner parce que je suis "une belle personne" ? se moqua-t-il un peu.

- C'est loin d'être "physique" pour moi, comme tu dis. C'est un peu de tout.
- Wow, stop Orel. Direct. Stop, dit Gringe, ne voulant pas se lancer dans la discussion qui s'annonçait.
- Merde Guillaume, assume. J'ai vu la manière dont on s'est regardé, dont tu m'as caressé les cheveux, et me dit pas que tous les meilleurs potes s'embrassent sur le front parce que tu m'avais jamais fait ça. Et j'ai juste accepté que je n'allais pas fuir ce qui se passait.
- J'étais crevé, tu m'as fait rire, ça m'a attendri, j'sais pas c'était spontané...
- Y a qu'avec des meufs qu'on fait des trucs pareils, spontané ou pas putain. Juste regarde les choses en face. Je suis très sérieux.
- Quoi, tu vas me faire la morale comme quoi je suis qu'un lâche qui fuit toujours ? Tu sais quoi Orel, va te faire foutre. J'avais justement décidé de ne plus retenir les mouvements que mon corps me criait de laisser aller. J'avais décidé de commencer à assumer un peu, à ma manière, et toi t'es là à me gueuler dessus, à me forcer la main. Va bien te faire foutre.

Orel se leva du canapé, presque les larmes aux yeux, et renversa sa tasse de chocolat sur la table basse sans faire exprès. Il se dirigea vers sa chambre, en espérant que Gringe le retienne, ce qui n'arriva pas.
Aurélien était sensible, et l'avis de Gringe comptait beaucoup dans sa vie, alors le moindre truc qui lui disait le mettait dans un état pas possible.
Et il s'enferma, se coucha dans son lit et pleura silencieusement.

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