Soigner les coeurs ou les corps ?

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Il était 1h, Orel rentrait chez lui. Il avait passé la soirée avec Bouteille à l'Embuscade, et n'était franchement pas bourré.

C'était une soirée tranquille où il avait simplement discuté avec du monde, de tout et de rien.

Malgré la soirée plutôt cool, il était loin de chez lui et ça, ça le faisait plus que chier. Déjà 20 minutes qu'il marchait dans les rues noires de Caen.

Il n'aimait pas trop cette partie de la ville, il y avait beaucoup de mecs complétement défoncés, des dealers, des affaires pas hyper nettes.

À chaque fois que l'on longeait un bâtiment et qu'on arrivait vers de petites ruelles, on pouvait être sûr qu'en tournant la tête, il se passerait un truc louche à 3 mètres.

Tiens celle-ci par exemple : ruelle étroite, pas éclairée, celle avec les poubelles. Si on regarde bien, on peut voir que...

Oh non.

Merde.

Merde, merde, merde.

*
*     *

- Aïe, fit Guillaume.
- Excuse, je peux pas faire autrement, dit Orel d'un ton désolé.

À 3 heures et demies du matin, Gringe se retrouvait assis sur ce canapé. Dans cet appart si... familier.

Il se retrouvait là, dans un état plus que pitoyable, avec Aurélien, assit en face de lui en train de lui appliquer méticuleusement du désinfectant sur l'arcade sourcilière.

Il ne savait pas quoi dire. Aurélien faisait son affaire comme si ils ne s'étaient jamais disputés ou séparés, sans le regarder vraiment dans les yeux.

Orel se leva pour ranger les pansements et le désinfectant, puis revint s'asseoir au salon, cette fois si par terre, entre la table basse et le canapé, aux pieds de Guillaume.

Ils s'observèrent un moment, chacun détaillant ce qui avait changé chez l'autre.

Aurélien avait changé. Il avait les cheveux un peu plus courts, mais toujours coiffés de manière approximative. C'était propre et rangé chez lui, ses vêtements étaient repassés.

Mais il avait cet air indescriptible sur le visage... Cet air dur, triste. Cet air vide, mais pas comme quand Guillaume l'avait laissé.

Il avait l'air seul.

Guillaume faisait peine à voir. Sans compter ses blessures (les récentes comme celles des dernières semaines), il avait des cernes presque noires, au dessus desquelles se trouvaient ses yeux verts et fuyants.

Il avait presque l'air mort, avec son bonnet troué et sa barbe mal taillée, contrairement à ses habitudes.

On aurait vraiment dit un sans-abri... D'ailleurs :

- Me dis pas que tu vis dehors ? demanda Orel en priant pour qu'il réponde par la négative.
- Ça fait seulememt 2 jours... avoua Gringe, honteux.

Aurélien baissa la tête et se retint de pleurer tout de suite. Il se sentait si coupable.

- Raconte-moi, continua-t-il en attrapant les mains de Guillaume dans les siennes.
- Je... Je vivais chez un pote, mais il pouvait pas m'héberger éternellement, j'ai pas trouvé de taf, j'ai pas de thunes... Gringe marqua une pause, il hésitait sur ce qu'il devait dire ou non, puis décida que foutu pour foutu :
- Et y a un peu trop de gars qui m'en veulent à mon goût, si tu vois ce que je veux dire, termina-t-il en essayant tant bien que mal de sourire.
- Je vois parfaitement, répondit Aurélien d'une voix faible.
- Et toi, comment tu... Comment tu vas ?
- Bien. Rien a vraiment bouger pour moi, à part toi.
- Orel, t'étais pas obligé de faire ça pour moi, je suis désolée, je vais rentrer et te...
- Rentrer où ? le coupa Orel. Tu ne vas pas te comporter comme un gosse et tu vas passer en tout cas cette nuit ici. On avisera demain.
- Mais je...
- Guillaume, dit Orel d'un ton ferme. Tu veux vraiment aller dormir dans un arrêt de bus ?
- Évidemment que non, mais... Merci.
- C'est normal. Tu veux quelque chose ? À manger ?
- Non c'est tout bon ça ira, répondit poliment Gringe.

Aurélien fronça les sourcils :

- Tu as mangé quoi dernièrement ?
- Euh... Un sandwich, répondit Gringe, vaguement surpris par le ton ferme d'Aurélien.
- Quand ça ?
- Hier matin, je crois.

Aurélien soupira en se levant.

- Tu me ferais le plaisir d'aller prendre une douche pendant que je prépare un truc à bouffer ? Ce n'est pas vraiment une question, dit-il en s'éloignant vers la cuisine.

Guillaume se leva rapidement du canapé et attrapa l'avant-bras d'Orel, le forçant à se retourner. Il le pris dans ses bras, entourant ses épaules fortement.

- Merci. Merci milles fois, Orel, vraiment.

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