Laisse les choses se faire

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Aurélien déglutit. Il voyait de quoi Gringe parlait mais ne savait pas comment discuter de ça. Avec du recul, il ne s'était rien passé, non ?

- Du coup, repris Gringe, je veux juste voir un truc si tu permets.
- Euh, oui oui, répondit Orel, hésitant.

Gringe se décolla du mur contre lequel il était appuyé, et s'approcha d'Aurélien, qui lui, eu peur un instant.
Guillaume lui pris simplement les mains et le regarda dans les yeux. Les mains de Gringe étaient douces, son regard l'était tout autant. Aurélien ne comprenait même plus les sensations qui lui tordait le ventre.

- Putain, lâcha Gringe en se dégageant et en redressant son bonnet.
- Qu'est-ce qu'il se passe ? demanda Orel de la manière la plus naturelle qui soit.

Gringe le regarda et réfléchis un instant à sa réponse. Il sentait qu'Aurélien était fébrile dans sa voix.
Il choisit de dire la vérité, mais de ne pas tout dire.

- J'sais pas, je déteste toucher les gens d'habitude et aujourd'hui ça me fait que dalle, peut-être que c'est parce que je suis de bonne humeur.
- Ah... répondit Orel, presque déçu que Gringe ait dit que ça lui faisait "que dalle".

Parce que pas à lui.

*

Il était bientôt 1h du matin, peut-être même plus, Orel ne savait pas vraiment. Il avait passé la soirée dans une boîte remplie de monde, accompagné de Gringe et de leurs amis. Il n'avait que fait boire et danser depuis 21h, et il commençait à ne plus tenir debout.

Gringe, qui n'avait que bu quelques verres, vint chercher Orel, assis sur une banquette de la boîte, qui dormait presque.
Il lui souleva le menton, l'obligeant à le regarder, et lui cria :

- On va peut-être rentrer non ? Je me fais chier et tu t'endors bientôt.
- Mh, lui répondit Orel, visiblement d'accord.

Après un chemin un peu compliqué, que Gringe avait passé à soutenir Orel et à prier Dieu pour qu'il ne vomisse pas, ils arrivèrent sur le pallier.

Orel fouilla ses poches, puis regarda Gringe, avec un mélange d'inquiétude et d'exaspération :

- Dit-moi que tu as pris tes putes de clés, articula Aurélien, les miennes sont dans la veste de Claude.

Pour toute réponse, Guillaume se laissa glisser dos à la porte jusqu'à toucher le sol, et étendit ses longues jambes devant lui.
Orel soupira : Gringe n'avait pas ses clés.
Il se laissa tomber à côté de son ami.

Automatiquement, Guillaume souleva son bras et le passa derrière les épaules d'Aurélien. Ce dernier regarda la main de Gringe qui dépassait sur sa droite, puis Gringe à sa gauche.

- Qu'est-ce que tu fous depuis avant ? Toucher les gens c'est devenu ta passion ?
- Ferme ta gueule Orel, c'est question de gain de place.
- Mh, super.

Un silence confortable s'installa, Orel se calla contre Guillaume et s'autorisa même à poser sa tête contre son cou.
Il se dit que pour beaucoup de personnes, ces contacts n'avaient rien de spécial. Mais entre Gringe et lui il y en avait très peu, donc le moindre truc était un peu surprenant, surtout quand c'était Guillaume qui prenait les devants.

- Ça t'arrange les gains de place, on dirait, hein ? lança Gringe en riant.

Alors juste pour l'emmerder, Aurélien passa, comme tout à l'heure, son bras en travers du torse de son ami, et étendit ses jambes juste à côté de celles de Gringe.

- T'es con Orel, lui dit étrangement Gringe en souriant...

...et en déposant un baiser sur le front d'Aurélien.

ObsessionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant