Soirée presque ratée

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- Non mais je te jure, la meuf était ouf de derrière. Un cul mais éééénorme, une taille mon pote jamais t'as vu une taille aussi fine ! Je me suis dit, forcément, elle a des seins de dingue tu vois ? Et là...

Ça faisait 15 minutes que Claude parlait de sa semaine en Espagne et qu'il décrivait des courbes féminines peu réalistes, en faisant des grands gestes au milieu de la boîte de nuit.

Guillaume l'écoutait attentivement en se fendant la gueule, Aurélien souriait pour la forme mais se demandait intérieurement si il était gay, ou bi, ou autre chose. C'est débile, lui-même avait dit à Gringe il y a quelques semaines que ça n'avait aucune importance.

- Et là mon pote, continua Claude en tapant sur l'épaule de Gringe, elle se retourne !
- Et quoi ? réussit à articuler Guillaume entre deux fous-rires.
- Tu me crois si j'te dis que c'était un mec ?

Gringe laissa tomber sa tête sur le bar, n'arrivant plus à respirer entre les histoires hilarantes de Claude et son sang qui se transformait bientôt en whisky.

- T'entends ça Orel ? hurla Gringe, en riant.
- Moi j'le crois ! lança Skread.
- Putain pas moi, poursuivis Ablaye. Ça arrive jamais c'te merde, c'est pas possible. Surtout dans un supermarché, qui se trimballe en mini-jupe et en talons ?
- Mec c'est l'Espagne, la paëlla, le sable fin, les latinasssss ! renchérit Claude.
- Justement. Tout le monde est en claquette et en short Decathlon, argumenta Ablaye.
- T'es trop terre à terre, y a des trans' à la pelle en Espagne ! dit Gringe après avoir commandé un autre verre au barman.
- P'têtre que c'était pas un humain. Genre la légende de Lidl ? interrogea Skread.
- Mais non les gars, je vous dit que c'était un mec avec un tarpé immense ! insista Claude, complétement allumé.
- Y a même pas de Lidl en Espagne, dit Ablaye.
- Bon, qui veut une bière ? demanda Skread.
Tous levèrent la main, sauf Aurélien, qui regardait ailleurs.
- Orel ? lança Skread.
- Pardon, qu'est-ce qu'il y a ? répondit-il encore dans les nuages.
- Bière ?
- Oh, volontiers.

Ils laissèrent alors Skread au bar et s'installèrent à une table, près de la zone où tout le monde "dansait".
Ils discutèrent ensemble, Aurélien ayant pris conscience qu'il était au beau milieu d'une soirée avec ses potes et qu'il se poserait des questions existentielles plus tard.
En attendant Skread et leur bières, ils tenairent une discussion... profonde.

- Mattez celle-ci, robe rouge, là, lança Claude, peu discret, pointant la fille du menton.
- Trop maquillée, déclara Guillaume.
- Moi j'kiffe plus celle juste à côté, la black avec un haut bleu. Ça c'est une vraie femme ! lança Ablaye.
- 'Tain toi et les blacks, repris Claude en soupirant. Regarde plutôt la créature qui se dirige vers le bar, juste là, en noir.
- Mouais, un peu trop blanche à mon goût, dit Ablaye.
- Bingo, lança simplement Gringe, qui s'était arrêté de parler quand il avait vu passer cette fille.

Sa longue chevelure blonde et lisse tombait le long de son dos, contrastant avec sa robe noire, moulante, qui lui arrivait à mi-cuisse.
Ses longues jambes pâles plongeait dans ses talons-aiguille, et ses ongles vernis de blanc tapotaient sur le bar.

Elle fit quelques pas pour aller s'asseoir à un tabouret, et tourna la tête en direction du barman, laissant paraître son visage de poupée.

Deux grands yeux noirs surmontés de sourcils fins, lui donnant un air froid. Un nez fin et droit, en dessous duquel se trouvait ses lèvres brillantes et pleines.

Gringe avait retrouvé cet air de prédateur qu'Orel reconnaissait, mais redoutait depuis quelques semaines. Il lui lança un regard en coin, elle lui répondit par un sourire timide.
Il se leva lentement sous le regard d'Aurélien, décontenancé, ne sachant pas trop quoi faire à part rester là.
Et admirer la scène.

Guillaume était comme un poisson dans l'eau : la drague et lui ne faisait qu'un.
Quelle fille pourrait résister à ses yeux verts, sa posture confiante et son air sombre, presque invincible ?
À ses belles paroles (en l'air, certes), à sa démarche assurée ?
Pas beaucoup, même Orel n'y résistait pas.

Aurélien regardait ce triste scénario sans un mot ni un sourire :
Guillaume prit place à côté de sa proie, ouvrit la bouche et commença à parler avec elle. D'où il était, Orel ne pouvait rien comprendre. Il pouvait juste voir la demoiselle rire encore et encore, et regarder de plus en plus attentivement Gringe.

Orel ne pouvait rien faire.

- GRINGE, MON POULAIN ! gueula Claude en courant vers lui, bousculant Skread qui arrivait à la table.

Mais il n'était pas seul dans sa merde.

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