[Livre 1] Scorpius Malfoy - The world can stop at any moment.

10 - Père et fils

Cette scène se passe le 1er janvier 2020.

La rentrée approchait à grands pas. Cela faisait maintenant trois jours depuis le 29 décembre. Il fallait déjà commencer à préparer de nouveau sa valise pour regagner Poudlard. Le blondinet était assis sur son lit, son dos contre le bord de son mur et ses pieds sous les couvertures. Sa valise était grande ouverte et une pile de vêtements était toute froissée dessus. Il aurait voulu sortir sa baguette magique et mettre tout ça en ordre en cinq minutes, mais il n'avait pas le droit d'utiliser la magie en dehors de l'école, alors à la place il devait se débrouiller comme un pauvre moldu. Il ferma les yeux quelques secondes et il les rouvrit quand quelqu'un toqua à la porte.

- Entrez, fit le garçon machinalement.

Ce fut son père qui apparut. Il avait entrouvert la porte et ses yeux l'interrogeaient.

- Je peux entrer ?

Le blondinet haussa les épaules en guise de réponse et Drago finit par faire un pas en avant. Il se tourna et referma la porte. Ses yeux se glissèrent sur son fils, sur sa valise et de nouveau sur son fils. Avait-il besoin d'aide ? Le regard neutre de Scorpius le perdait, il ne savait pas très bien. La communication entre eux était coupée depuis quelques jours et ça le rendait encore plus dingue. Les yeux bleus-gris du garçon examinaient attentivement son père, détail que Drago n'ignora pas. Quand allait-il se décider à ouvrir la bouche pour sortir un mot ? Le père n'était pas du tout à l'aise, mais il tentait de ne pas le montrer. Le regard du petit blond se dirigea de nouveau vers sa valise, un air de dégoût prit sa place sur son visage pâle et son cœur eut un énorme pincement quand il croisa le regard de son père. Même s'il ne lui disait presque rien, son père l'inquiétait. Il soupira tristement et se mordit les lèvres. Des mots dans sa tête brûlaient d'envie de sortir.

- Je veux pas y retourner.

Voilà, c'était dit. Il ne voulait pas retourner à Poudlard et il venait de le faire savoir à son père. Il n'y avait maintenant aucune peur dans son visage maintenant qu'il l'avait enfin dit, il n'appréhendait pas la colère de son père, à vrai dire il s'en fichait. Il avait fermé ses sentiments, sauf que certains restaient encore, ici c'était le dégoût et l'inquiétude pour son paternel. Le reste ? Parti, ou du moins c'était ce qu'il voulait prétendre. Le cœur de Drago manqua un battement et il regarda Scorpius bouche-bée. Il s'écoula de longues secondes avant que celui-ci ne lui réponde.

- Je te demande pardon ?

Scorpius leva les yeux au ciel en silence. Ce n'était même plus de l'énervement, mais plutôt de l'exaspération. Les paroles de son père ne pouvaient pas être plus stupide, franchement.

- Tu m'as très bien compris.

Sa voix grave était froide et sèche, bien plus qu'il ne l'aurait voulu, mais il ne fit aucun effort pour se reprendre et parler avec plus de chaleur. Son visage était de marbre et Drago se trouvait dans une situation délicate. Il avait à la fois envie de le prendre dans ses bras pour lui dire que tout irait bien, mais aussi de s'énerver afin de le faire revenir à la raison et vite. Ne pas retourner à Poudlard ? Son fils blaguait là, ce n'était pas possible ! Jamais il n'aurait cru l'entendre dire ça, mais de l'autre côté, il savait qu'il aurait à y faire face un jour où l'autre. Oui, son fils n'était pas comme lui sur ce point-là. Il ne s'intégrait pas, il ignorait ce qui s'y passait, mais en tous les cas il avait bien caché son jeu auprès de sa mère. Astoria l'avait cru, mais lui n'était pas dupe. Il leur avait dit au début des vacances que ses problèmes d'intégration allaient mieux, - qu'il y "travaillait" si on reprenait les mots exacts- mais il avait très vite passé sur le sujet. Drago était resté suspicieux et aujourd'hui, la question semblait être au cœur de la conversation qu'ils auraient déjà dû avoir depuis un petit bout de temps. Mais voilà, ce n'était pas le moment et à la place Drago sentit la colère monter en lui. Il en avait assez que son fils ne lui parle pas.

- Tu vas y retourner Scorpius Malefoy, un point c'est tout.

L'expression du garçon ne changea pas et Drago fronça les sourcils. Qu'attendait son fils pour le contredire ? Pour s'énerver ? Pour donner des arguments invraisemblables ?

- Non, fit-il tout simplement. Si tu crois que je vais te laisser seul, tu rêves.

S'il s'était retrouvé sur un toit, Drago aurait glissé et aurait finit au sol pour atterrir avec violence, mais ici il n'y en avait pas. À la place il serra les poings pour tenter de se contrôler. Il se trouvait pathétique, jamais il ne s'énervait aussi vite de la sorte d'ordinaire avec lui, mais ça faisait tellement longtemps qu'il n'avait pas dormi. Son visage était très pâle – déjà qu'au naturel il n'était pas spécialement coloré - et ses cernes ne cessaient de se creuser. Scorpius repensait à ce fameux soir où il avait surpris son père avec cette bouteille de whisky, ça l'avait dégoûté et la raison pour laquelle il était en train de soumettre cette idée de rester ici à son père était partiellement à cause de cela. Son père avait perdu pour lui toute crédibilité, il avait descendu très très bas dans son estime et dans l'admiration qu'il pouvait avoir pour lui. De l'autre côté, il était torturé par l'idée qu'il devait justement absolument rester pour l'aider à aller mieux. Qu'allait-il faire tout seul ici ? Il allait sûrement aller au travail oui, mais après ? Il continuait de fixer son père d'un air de défi, il ne le lâchait pas du regard ce qui énerva Drago. Ce dernier qui avait les poings serrés s'approchait alors de son fils qui ne cillait pas une seule seconde. Il savait ce qui allait arriver, mais il ne bougea pas, il était comme un robot à qui on avait dit de ne rien faire. Il sentit les doigts de son père se renfermer sur le col de sa chemise avec force. Il dut lutter pour ne pas gémir, car il était en train de lui couper la respiration. Ses yeux clairs continuaient de le fixer sans cesse. « Tu es un idiot. Regarde ce que tu es en train de faire à ton propre fils. Regarde toi. Ça ne te ressemble pas du tout, mais pourtant tu le fais. Continue, je m'en fiche, je n'ai rien à perdre, j'ai déjà tout perdu de toute manière. » voilà ce que le blondinet était en train de penser et lui faire comprendre par son regard. C'était encore plus insupportable pour Drago. Il ne se contrôlait même plus et la neutralité de son fils était vraiment en train de lui taper sur le système. Il le fixait d'un regard de défi, comme si le plus fort des deux était lui et qu'il comptait gagner face à lui, son père. Ses doigts le serrèrent de plus bel et Scorpius ne cillait pas.

- J'y retournerais pas, je m'en fiche de ce que tu peux me dire.

Chose à ne pas dire, il allait sans doute le regretter. Cette relation avec son père lui était jusque-là totalement inconnue, il nageait en plein brouillard, mais il n'était pas stupide pour comprendre qu'il dépassait les limites. Il se sentit soudainement lâcher et fléchir vers l'arrière. Il n'eut pas le temps de se retenir, car l'impact résonna avec force en plein dans toute sa tête. Le blondinet mit quelques secondes à comprendre ce qui s'était passé. Son père l'avait frappé. La colère de Drago s'était exprimée d'une manière terrible, il venait de s'en rendre compte et déjà et il rapprochait de son fils. Il avait honte. Il n'aimait pas lui faire du mal, tout ce qu'il voulait c'était son bien et pourtant il venait de le gifler. Cette fois-ci Scorpius se recula.

- Ne me touches pas, avait répondu Scorpius d'une voix faussement calme.

- Tu y retourneras.

Ce fut les derniers mots de son père avant que ce dernier quitte la pièce. Il avait compris pourquoi son fils avait tant insisté. Le garçon avait laissé apparaître son inquiétude l'espace d'une seconde. Une seconde de trop. Son fils resta de marbre pendant de longues secondes, et des larmes de colère se mirent à rouler sur les joues de Scorpius. Il avait perdu la bataille.

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