Chapitre 6 : Automne

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-Il n'est pas venu finalement...Déclarais-je en fixant l'assiette fumante et encore remplie en face de moi.

En voyant ma mine déconfite, Jack s'empressa de me consoler.

-Il a du être retenu ! Je vous assure qu'il avait hâte de vous rencontrer. Un léger contretemps probablement.

Je me levais, tentant de cacher le plus possible ma frustration, par un air impassible.

-Ne vous en faites pas pour si peu. Vous le rencontrerez obligatoirement ce soir.

Raté. Je n'étais pas douée pour cacher mes émotions visiblement.

-La bon côté, c'est qu'il vous reste une bonne demi heure pour découvrir nos extérieurs. Pourquoi ne pas aller voir la Forêt aux Quatre saisons ? J'ai bien vu quelle vous faisait de l'œil. Je dois vous laisser.

-J'y vais toute seule ? Enfin je veux dire...Je ne suis pas censée être surveillée ?

-Nous n'avons jamais dit qu'être ici signifiait être en prison. Sur ce, à plus tard.

-Oh, Jack ! Serez-vous là pour aller rencontrer mes parents ?

-Si tel est votre désir, je le serais. Déclara-t-il avant de disparaître.

Inconsciemment, je me sentis tout de suite soulagée. Quand je m'en rendis compte, je tiquais. Jamais je n'avais fait confiance à une personne aussi vite. Je décidais néanmoins de laisser ces pensées de côté, et sortait du bâtiment.

Le vent frais hivernal mordit la peau de mon visage sauvagement, et je regrettais l'absence de mon manteau. Néanmoins, j'avançais dans la cour. Les arbres n'avaient plus de feuilles, et leurs branches semblaient se plier au gré du vent. La présence de fleur était énigmatique cependant. Surtout qu'elles avaient l'air d'être en parfait état. Je ne tentais pas d'en savoir plus, et me dirigeais à grand pas, après l'avoir repérée, de cette mystérieuse forêt. Les premiers arbres semblaient appartenir à la catégorie « printemps ». Les feuilles jeunes et brillantes se mouvaient doucement, s'unissant avec le vent, et formant un semblant de chant. Il me sembla même entendre quelques oiseaux. La forêt, d'emblée, me sembla dense. Néanmoins, c'est sans peur que j'y entrais, par un petit chemin. « Chemin » était un bien grand mot, puisqu'il s'agissait juste d'un endroit où je pouvais passer sans difficulté. J'enjambais les racines facilement, et m'enfonçais de plus en plus. D'ailleurs, plus je m'enfonçais, plus forêt était épaisse.

Un bruit derrière moi me fit m'arrêter net. Je me figeais, sentant déjà la peur envahir mes muscles, mes membres et mon esprit. C'est à ce moment là qu'il me sembla les percevoir : ces sortes de rires étranges, semblant provenir des arbres eux-mêmes. Je me retournais, mais ne vit rien derrière moi. Je fis quelques pas, et un nouveau bruit, de branche cassée cette fois ci, se fit entendre. Sans réfléchir, je m'élançais, courant le plus vite possible. Les rires semblaient devenir de plus en plus forts, alors que j'entendais clairement quelqu'un me courir après. Il se rapprochait, je le sentais, je l'entendais. Alors j'accélérais. Je plaquais mes mains sur mes oreilles, et inconsciemment, fermait les yeux. Était-ce un monstre ? Une bête, ou bien un psychopathe qui me courrait après ? Et là, évidemment, je trébuchais. Pendant un instant, je perdis tous repères. Puis je rencontrais le sol, glacial, mais plus confortable que prévu. Je sentis quelque chose se poser sur ma joue, comme une goutte d'eau. J'ouvrais doucement les yeux, hésitante.

De la neige. De la neige tapissait le sol autour de moi. J'enlevais les mais de mes oreilles, et le silence m'accueillit. Je me redressais, et tentais d'enlever la neige sur mes vêtements. Puis je levais la tête vers le ciel. Il neigeait doucement, et le ciel semblait s'être couvert de nuages. Du coin de l'œil, je vis quelques choses bouger, et alertée, je regardais autour de moi. Et je la vis.

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