Chapitre 20 : Le secret d'Hiver

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Je levais un court instant la bille vers la Lune. Aussitôt, un chemin d'étoiles brillantes se traça devant moi. Sans un seul regard en arrière, je m'élançais, pleine d'assurance, dans la forêt sombre.

Bientôt, cette dernière se fit plus dense, plus épaisse. Et alors que j'étais sûre d'être sortie de la zone de sécurité, un faisceau lumineux passa à quelques mètres de moi, un peu plus en avant. Je stoppais immédiatement ma course, laissant le chemin d'étoile disparaître, alors que je me cachais dans un buisson qui, Dieu merci, avait résisté à l'hiver, me permettant de me dissimuler. Un homme surgit quelques secondes plus tard, regardant avec attention aux alentours. Il braqua soudainement sa lampe vers mon buisson, et approcha, à l'affut. Je me rapetissais, me recroquevillais le plus possible, priant silencieusement pour qu'il ne me voit pas. Il s'approcha encore, fouettant l'air glacé de la forêt de sa lumière jaunâtre. Je retenais ma respiration, ou ne respirais que par le nez doucement, car l'air que j'expirais risquait de me trahir. Alors que sa lumière m'éclairais presque, et que je tentais de ne faire qu'une avec la nuit, un crépitement le fit s'arrêta. Sa lumière s'abaissa, me frôlant presque, alors qu'il faisait un peu de bruit. Cela devait être un talkie-walkie. Mon hypothèse fut confirmée quand il décrocha, et que sa voix grave s'éleva dans la nuit.

-Excuse-moi. J'avais cru voir quelqu'un. Déclara-t-il.

-Et alors, ta conclusion ? Répondit une voix robotique dans l'appareil.

-Sûrement un animal sauvage. Répliqua l'homme à la lampe.

J'attendais patiemment la réponse, mais elle se fit attendre. Je crus même qu'il était arrivé quelque chose à l'autre personne. Puis finalement, il répondit.

-N'oublie pas pour qui tu travailles. Et surtout pourquoi.

-Je protège et...

-Je n'ai pas besoin de tes gémissements de chien battu. Retournes à ton poste, et  tâche de ne plus laisser ton coéquipier seul, parce que tu as entendu un chien errant, compris ? Répliqua sèchement la voix.

-C...Compris.

-Des centaines tueraient pour avoir ton poste. Ne l'oublie, et ne me fais pas regretter de d'avoir promu. Terminé. Lâcha une dernière fois la voix, avant qu'elle et son crépitement ne s'arrêtent.

L'homme fit alors demi-tour, et je l'entendis s'éloigner dans la forêt. Quand j'estimais qu'il était suffisamment loin, j'osais jeter un coup d'œil, pour voir la lumière, telle une luciole, disparaître dans la nuit.

J'attendais encore quelques secondes, puis je m'élançais en courant dans la forêt, suivant de nouveau le chemin étoilé d'Hiver. La fraîcheur du soir contrastait avec ma chaleur corporelle, me brûlant la gorge, et me glaçant les os.

Une dizaine de minutes plus tard, je me m'arrêtais de courir, mais continuait à marcher, me laissant le temps de reprendre ma respiration. Je ne savais quelle heure il était, mais la Lune était presque à son zénith. Autant dire que je n'avais pas de temps à perdre. Encore trop fatiguée pour reprendre ma course, j'accélérais le pas.

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J'avançais toujours, me demandais si ce chemin allait enfin prendre fin, ou bien s'il me fallait plus d'une nuit pour en atteindre le bout. Puis soudainement, il n'y eut plus d'étoiles. Le chemin s'arrêtait brusquement. Le reste d'étoiles s'éteignirent, me plongeant dans un noir complet, que quelques rayons de lune timides venait troubler. Je fouillais dans ma poche, et en sortais la bille. Il devait y avoir une erreur. Ce chemin ne pouvait pas s'arrêter comme cela en plein milieu de nulle part. Je la trouvais enfin, et l'attrapais, prête à la superposée avec la Lune. Seulement elle fut à peine dans ma main, ou plutôt dans mon gant, qu'elle fondit comme neige au soleil. En quelque secondes, ma précieuse Lune n'était plus qu'une poignée d'eau froide.

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