Chapitre 24 : Anniversaire Mortel

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-Dans des terres inconnues, la même nuit- Pdv Tobio-

-Maman ? Demanda le petit garçon en tendant timidement une main vers la femme qui se tenait devant lui.

Cette dernière lui fit un sourire réconfortant, et ouvrit grand ses bras, lui indiquant de venir s'y réfugier. Des larmes s'échappèrent des yeux du garçon, qui sanglota, avant de courir vers elle. Lui aussi ouvrit ses bras, mais il les referma dans du vide, alors que l'image de sa mère s'évaporait, lui échappait d'entre les doigts. Le garçon, désormais seul, s'assit par terre, ramenant ses jambes contre lui, et baissant la tête, sanglotant à nouveau. Seul. Tout seul. Pour toujours. Soudainement, il se sentit bouger et il ouvrit les yeux. Il n'était plus par terre, mais assit dans une voiture, la nuit. Les arbres défilaient à une vitesse folle sur les côtés, et sa mère semblait étrangement souffrir, assise devant lui. Et là, il se sentit emporté, jeté contre la portière, alors que des klaxons résonnent à l'unisson derrière eux. Des phares qui clignotent, la vitre explose, des cris de douleur, des giclées de sang et une douleur indescriptible. Des derniers soupirs de vie. Puis plus rien.

J'ouvre les yeux, la respiration totalement coupée, avec l'impression que quelque chose m'écrase, tellement qu'il pourrait briser mes côtes unes à unes. Je reprends une respiration avec un bruit rauque, tout en m'extirpant de sous la couette. Le sol glacé sur lequel je suis couché n'aide en point ma douleur. Ma gorge est sèche, et ma bouche est pâteuse. L'air rentre difficilement, et je le recrache avec dégoût. Sous mon poids, mes jambes cèdent, et ma tête se met à tourner. Une douleur me frappe encore et encore. La dernière fois que j'ai vécu ma mort, j'étais resté une semaine inconscient. Parce que ce soir là, une partie de moi est morte. J'ai laissé mon passé dans l'habitacle sanglant, et j'ai fais face au futur. Je ressens la même douleur, celle de lorsque les morceaux de verre se sont enfoncés dans ma peau, l'on tranchée, meurtrie, et ont déchiré ma chair. Celle de mon épaule, qui a violemment tapé contre la portière défoncée. Celle de mes côtes brisées, de mon hémorragie interne. Celle de la mort à laquelle j'ai douloureusement échappé. Mais je sais que le pire est encore à venir. Je sais que lorsque qu'elles vont arriver, je vais avoir mal. Soudainement, j'ai l'impression que deux mains attrapent mon bras gauche. Puis deux sur mon bras droit. Et là, ma souffrance commence. Ce sont elles qui m'ont aidé à sortir de la voiture. Mais pour ça, elles ont du me tirer, aggravant ma douleur, principalement à cause de mes côtes brisées. Elles tirent une fois. La douleur fait danser des points noirs devant mes yeux, mais je retiens mon hurlement. Quand elles recommencent, cette fois-ci je hurle à m'en briser la voix, à en réveiller les morts. Elles me tirent à nouveau et j'ai à nouveau l'impression d'y être, de sentir les morceaux restant de la vitre par laquelle elles me tirent me déchirer la peau à vif. La douleur de mes côtes brisées qui doivent quand même supporter mon poids. La porte métallique de mon cachot s'ouvre, éclairant ma cellule sombre, me rappelant que tout cela n'est qu'une impression que ce n'est pas réel. Juste un souvenir. Une nouvelle vague de douleur me transperce, et je cris à nouveau, mes larmes coulant sur mon visage tordu de douleur, alors qu'on s'approche de moi. Je reconnais à travers ma vue trouble ma gardienne de cellule. Elle tend la main vers moi.

-Ne m'approche pas ! M'écriais-je tout en tentant de combattre la douleur.

Des âmes apparaissent dans la chambre et se précipitent dans ma direction. Comme ce soir là, elles dansent autour de moi, et forment comme un dôme, invisible pour les autres, qui me protège. Quand ma geôlière essaye de me toucher, elle est propulsée à l'autre bout de la pièce. Les mains glacées me lâchent, et cesse de me tirer. Je tente de reprendre mon souffle, puis fini par m'évanouir, exactement comme ce soir là.

Ca y est, j'ai fais ce que j'avais à faire. J'ai payé le prix de ma survie. Comme chaque année, tel un anniversaire funèbre, je subis ce souvenir, en ressentant cette douleur. Elle me hante, elle me ronge et me dévore de l'intérieur, tous les ans. Mais je sais très bien que si elles m'ont aidé, c'est uniquement pour elles ; parce que si le Gardien actuel mourrait, elles devraient attendre encore plus longtemps pour être libre. Libre, moi je ne le serais jamais. Condamné à revivre ma mort.

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