Chapitre 14 : Ne jamais faire de promesses impossibles à tenir

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Tobio s'agenouilla à mon niveau, et me serra silencieusement dans ses bras, cachant son visage dans mon épaule. Je ne réagissais même pas, encore en état de choc. La femme qui m'avait accueilli la première fois s'approcha, et claqua des doigts.

-Emmenez-les dans la salle de soins. Déclara-t-elle.

Deux hommes en costume, se ressemblant comme deux gouttes d'eau avec leurs costumes s'approchèrent. L'un d'entre eux passa son bras sous mes genoux et dans mon dos. Puis il me souleva comme si je ne pesais pas plus qu'un bébé. Il traversa la pièce, et passa dans celle d'à côté, qui ressemblait totalement à une infirmerie. Deux lits étaient côte à côte, séparés uniquement d'un rideau. Il me posa sur l'un d'eux avec toute la délicatesse du monde, tandis que Tobio était déposé sur l'autre. Puis ils sortirent, nous laissant seuls dans la pièce avec la femme.

Elle s'approcha de moi.

-Tu te souviens de moi ? Je sais que l'on n'a pas pu se revoir depuis ton arrivée. Je vais juste vérifier si tu n'es pas blessée. Tu as mal quelque part ? Me demanda-t-elle avec une voix clame et douce.

-Je crois que je me suis foulée la cheville en tombant. Murmurais-je d'une voix cassée.

-D'accord. J'ai entendu des coups de feu, j'ai eu très peur pour vous. Visiblement aucun d'entre vous n'a été touché.

Elle fouilla dans ses tiroirs, et en sortit une sorte de morceau de...bois ?

-Tient. Mord ça pendant que j'installe l'attelle. C'est un morceau de canne à sucre. Tu peux mordre n'importe quelle partie. Je pense que ça va faire mal, vu que tu as courus sur ta blessure. Au lieu de crier, passe tes nerfs là-dessus.

- Printemps à empêché une balle d'atteindre Angel'. Puis nous avons fusionnés avec Automne. Il nous a accordé suffisamment d'énergie pour pouvoir courir plus vite. Sinon on ne s'en serait pas sortit. Commenta finalement Tobio d'une voix fatiguée.

-Vraiment ? C'est incroyable ! C'est une chose tellement rare, que les Saisons acceptent une fusion. Et en plus avec si peu d'expérience vous y arrivez déjà...Vous devez être une paire de Gardiens sacrément puissant. Commenta-t-elle en sortant une attelle de son emballage.

Elle jeta le papier à la poubelle, puis vint s'asseoir sur le lit, juste à côté de mes pieds.

-Quelle cheville ?

-La droite.

-Je vais la manipuler un tout petit peu pour vérifier que ce n'est que ça. Il va falloir que tu gardes ta cheville immobile dans la position où je l'aurai mise.

-Pourquoi ?

-Je vais faire...un peu comme une radio. C'est un pouvoir que j'ai. Ce n'est pas aussi précis que les appareils de nos jours, mais on devra se contenter de ça. Prête ?

J'hochais la tête, mes battements de cœur accélérant. Est-ce que j'allais avoir aussi mal que ça ?

-Calmes-toi, voyons. J'entends les battements de ton cœur d'ici.

Finalement, elle appuya sur ma cheville, et tira un peu sur mes orteils, faisant comme si j'étais sur la pointe des pieds. La douleur fut comme un choc électrique, qui sembla traverser toute ma jambe et remonter jusqu'à mon cerveau. A la place d'hurler, comme elle me l'avait demandée, je mordais dans ce morceau de canne à sucre. Un liquide sucré coula le long de ma langue, une maigre consolation, que j'accueillais cependant à bras ouverts. Cela dura quelques secondes, avant qu'elle ne relâche le tout.

-Une grosse entorse, rien de bien grave. Je vais te passer une pommade et te bander la cheville. Tu auras une attelle par-dessus, que tu devras enlever quand tu iras dormir, mais que tu porteras le jour.

J'acquiesçais en silence. La pommade qu'elle passa fut glacée, mais me fit un bien fou. Quand elle eut finit de soigner, elle tira le rideau entre Tobio et moi pour m'ausculter, et voyant que je n'avais que quelques blessures superficielles, et sembla rassurée. Elle désinfecta mes quelques plaies, puis me conduisit vers ce qui servait de salle de bain, dans une autre pièce, m'aidant pour éviter que je ne m'appuie sur ma cheville meurtrie.

-A quel point est-il grand cet abri ? C'est plus une maison de plein pied à ce rythme là. Déclarais-je alors qu'on rentrait dans la salle de bain.

-On peut dire ça. Tout est prévu pour qu'on puisse y vivre au moins un mois avant de devoir sortir. Il est enchanté par une puissante magie, qui le dissimule aux yeux des autres. Cependant tu devras dormir dans la même chambre que Tobio, Juliette et Nathan.

-Nathan ?

-Tu n'as pas beaucoup parlé à ton nouveau camarade apparemment.

-Euh...Pas vraiment. Soupirais-je.

-Il a du mal à s'ouvrir aux autres. Mais quand il le fait, c'est un tout autre garçon. Il est plein de charmes, tu verras.

-J'ai une question.

-Vas-y je t'en prie. Après j'irais voir Tobio si tu veux bien.

-Oui, bien sûr. En fait, je me disais juste...je me demandais si le fait qu'il ait le même nombre de filles et de garçons était volontaire ? Je veux dire, est-ce que c'est une simple coïncidence, ou bien est-ce que je serais obligée de m'unir avec Tobio ou Nathan ? Mariage forcé, ce genre de choses.

-Tu es promises à quelqu'un d'autre ? Ou alors...Oh, je vois...Quelqu'un aurait-il volé ton cœur ? Demanda-t-elle avec un sourire en coin.

A cette réplique, l'image d'Automne s'afficha dans mon esprit. Est-ce qu'on pouvait tomber amoureux d'une saison ? Probablement pas. Je devais sûrement juste aimer l'ambiance et le charme de l'automne en général et pas d'Automne en particulier. Je m'empressais donc de chasser cette pensée stupide.

-Non ! Pas du tout. C'est juste que...Je trouve ça trop gros pour être une coïncidence.

-Ce n'est pas une coïncidence, en effet. Mais il n'est pas question d'union ou quoi que ce soit. Il y a le même nombre de garçon et de filles pour qu'aucun ne soit exclu. Bien, je te laisse te décrasser le visage. Tu pourras te changer avec les vêtements posés juste là.

-Merci.

Elle sortit de la salle de bain, refermant la porte derrière elle. Je m'empressais d'enlever toute la terre de mon visage, puis de me changer, faisant attention de ne pas trop m'appuyer sur ma cheville.

Je sortais ensuite de la salle de bain, rejoignant clopin-clopant l'infirmerie où se trouvait surement encore Tobio, refusant l'aide d'un des hommes qui passait par là.

Un tout autre sentiment m'habitait en ce moment. L'eau froide semblait m'avoir remit les idées en place. Et au lieu de pleurer, il était l'heure de demander des justifications. On m'avait promis sécurité, épanouissement et j'en passais. A la place, j'avais eut une cheville en moins pour un petit moment, et une arme pointée sur moi. S'ils ne pouvaient pas assurer ma sécurité, il ne fallait pas venir me chercher, alors que je menais une vie tranquille ! Désormais, des psychopathes étaient au courant de mon existence, et en plus, deux d'entre eux connaissaient mon visage ! 

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