Upheaval.

9 - Tout ça pour des draps sales...

Et ça tourne, et ça tourne, inlassablement. J'allume la petite télévision, en zappant sur les quelques chaines installées, avant de laisser une émission sur les sorties cinématographique de la semaine. Je m'assois sur la chaise en plastique, qui grince sous mon poids, me mettant dans une position de gêne. A ma droite, JungKook pianote sur son portable d'un geste concentré, à la recherche d'un code pour pouvoir débloquer son foutu niveau.

« C'est chiant. Si j'avais su, je ne serais pas venu avec toi. »

- Merci pour tes gentilles paroles.

Mais JungKook avait raison, c'était chiant. Le pressing ne pouvait pas laver mes draps avant trois jours, et j'en avais besoin dans un certain immédiat, alors ma solution restante était la laverie. Et nous voilà tout les deux, dans la petite pièce comportant une deux machines à laver conçues pour accueillir des housses et couettes de différentes tailles, une télévision et deux chaises, avec quelques magasines posés sur l'un des gros carrés. Nous en avions pour quarante minutes, à peu près, et seulement dix étaient passés. J'essaye d'entamer la conversation, mais JungKook coupait court avec ses : attends. Comme quoi, son application avait plus de valeur que moi.

Pourtant, le contexte était plutôt propice à d'autres choses qu'une partie d'un jeu ridicule qu'il allait abandonner dans une semaine. Nous étions dans une laverie, après tout, avec des machines à laver qui pouvaient offrir des vibrations lors de l'essorage - j'ai vingt minutes pour mettre ce plan à exécution alors ; ou bien juste un bon support pour plus de confort. Mais non, je ne pense pas tout ce que je dis, jamais je ne perdrais ma virginité dans une laverie automatique... Ah, comme quoi, même l'auto-persuasion n'est plus suffisante après s'être fait doigter dans des toilettes de boite de nuit. La bande-annonce du nouveau blockbuster américain me fait perdre le fil de mes pensées perverses.

Nous sortons de la rame de métro, mais pas à celle qui nous emmène au plus près de notre appartement. JungKook avait besoin de s'acheter le dernier Tomb Raider et avait profité de cette occasion pour l'acquérir. Je le suis jusqu'à l'intérieur de la petite boutique, mon gros sac en main – il trainait à moitié au sol, pour tout dire, mais JungKook n'avait pas accepté de le porter pour le retour, car il savait que je n'étais pas si faible que je le prétendais. Le vendeur me fixe, me demandant si je recherchais quelque chose en particulier, ignorant complètement mon ami. Je réponds par la négative, suivant curieusement JungKook, après tout, je ne sors pas souvent avec lui, comme ça. Pour l'extérieur, on devait ressembler à un couple, pour lui, on devait ressembler à des potes, et pour moi, on ne ressemblait qu'à la différence. J'étais très différent après tout, déjà, je n'étais même pas une vraie fille, et en plus, j'étais gay.

« Tes parents te donnent encore de l'argent ? »

- Oui, mais pas énormément. Comme on a bien divisé le loyer, mon petit salaire suffit, puis ma mère me donne pour les soirées et tout ça.

- Tu as de la chance.

- Pourquoi ?

- Tu as une bonne relation avec eux, je t'envie. Les miens ne prennent même plus de mes nouvelles.

- En même temps, vaut mieux.

- Comment ça ?

Je fronce les sourcils, vexé, pendant que le plus jeune attrape son jeu compatible avec son PC. Il lisait le résumé et les configurations requises, pour savoir si son ordinateur allait faire tourner le jeu ou non.

« J'veux dire par là que tu n'as pas eu besoin de donner des explications quand à ça. »

Quand JungKook disait le « quand à ça », il montrait mon corps de bas en haut avec le boitier contenant le DVD d'installation. J'acquiesce, et il se dirige vers la caisse. A son panier, il rajoute deux porte-clés emblématique de la série Tokyo Ghoul, c'est-à-dire Ken Kaneki et son œil rouge. Je lui demande pourquoi il avait acheté les deux produits complémentaires, et il m'en tend directement un, avant même de payer.