La jeune femme toqua à la porte et entra sans attendre.
— Ne bouge pas, Mamie ! s'exclama-t-elle aussitôt.
Elle posa sa veste et son sac avant de se pencher sur sa grand-mère, qui était en train de se lever de sa chaise, pour l'embrasser. La vieille dame était assise devant la table de la cuisine, une revue ouverte devant elle à la page des jeux, un stylo publicitaire posé en travers dessus.
— Alors, ma puce, comment vas-tu aujourd'hui ? demanda celle-ci.
— Bien, Mamie, bien. Et toi ?
— Oh moi, tu sais, à mon âge... Je suis encore vivante, c'est déjà ça. J'ai un peu mal de partout, mais bon, c'est normal...
— Au fait, tu as bien pris tes médicaments ?
— Oui, oui, tu sais, je ne suis pas sénile, affirma-t-elle d'une voix ferme. Ce nest pas parce que j'ai quatre-vingt-quatre ans que je n'ai plus toute ma tête, ma chérie.
— Oh Mamie, je n'ai jamais dit ça ! s'exclama la jeune femme, un peu mortifiée.
Sa grand-mère lui sourit avec tendresse.
— Tu veux prendre le thé avec moi ?
— Volontiers ! répondit la jeune femme en attrapant la bouilloire électrique pour mettre l'eau à chauffer. Attends, Mamie, laisse, je sors les tasses !
Sa grand-mère s'était péniblement mise sur ses pieds et se dirigeait vers l'un des placards de la cuisine.
— J'ai fait des petits gâteaux, ma puce, tu en veux ?
La jeune femme se mit à sourire. Les petits gâteaux de sa grand-mère, c'était toute son enfance. Avant qu'elle ait eu le temps de réagir, l'aïeule avait extirpé du placard une vieille boîte métallique. Vendue remplie de biscuits de nombreuses décennies auparavant, celle-ci avait perdu toutes ses couleurs avec le temps, laissant l'aluminium nu.
La vieille dame déposa la boîte sur la table et l'ouvrit aussitôt. Sur un fond de papier essuie-tout, une vingtaine de sablés recouverts de sucre reposaient sagement, attendant qu'on les mange.
— Mmmh ! Ça sent bon ! ne put s'empêcher de dire la jeune femme.
À ce moment-là, la bouilloire électrique s'arrêta. Elle s'empressa de l'apporter à table pour verser l'eau dans la vieille théière de sa grand-mère, sur le thé parfumé. Pendant qu'il infusait, la jeune femme sortit le sucrier et le déposa à côté des deux tasses.
Elle s'assit aussitôt à côté de sa grand-mère, qui lui tendit un sablé. Et très vite, la conversation dévia vers les souvenirs de l'aïeule. Souvenirs que sa petite-fille ne se lasserait jamais d'écouter...
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Pianissimo
NouvellesVingt-quatre jeunes femmes différentes, vingt-quatre textes pour un calendrier de l'Avent très spécial... Il fait froid, les jours sont de plus en plus courts, les feuilles mortes sont tombées et la terre semble se reposer. Tout est prêt à renaî...