Quatre décembre - Vieille boîte métallique

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La jeune femme toqua à la porte et entra sans attendre.

— Ne bouge pas, Mamie ! s'exclama-t-elle aussitôt.

Elle posa sa veste et son sac avant de se pencher sur sa grand-mère, qui était en train de se lever de sa chaise, pour l'embrasser. La vieille dame était assise devant la table de la cuisine, une revue ouverte devant elle à la page des jeux, un stylo publicitaire posé en travers dessus.

— Alors, ma puce, comment vas-tu aujourd'hui ? demanda celle-ci.

— Bien, Mamie, bien. Et toi ?

— Oh moi, tu sais, à mon âge... Je suis encore vivante, c'est déjà ça. J'ai un peu mal de partout, mais bon, c'est normal...

— Au fait, tu as bien pris tes médicaments ?

— Oui, oui, tu sais, je ne suis pas sénile, affirma-t-elle d'une voix ferme. Ce nest pas parce que j'ai quatre-vingt-quatre ans que je n'ai plus toute ma tête, ma chérie.

— Oh Mamie, je n'ai jamais dit ça ! s'exclama la jeune femme, un peu mortifiée.

Sa grand-mère lui sourit avec tendresse.

— Tu veux prendre le thé avec moi ?

— Volontiers ! répondit la jeune femme en attrapant la bouilloire électrique pour mettre l'eau à chauffer. Attends, Mamie, laisse, je sors les tasses !

Sa grand-mère s'était péniblement mise sur ses pieds et se dirigeait vers l'un des placards de la cuisine.

— J'ai fait des petits gâteaux, ma puce, tu en veux ?

La jeune femme se mit à sourire. Les petits gâteaux de sa grand-mère, c'était toute son enfance. Avant qu'elle ait eu le temps de réagir, l'aïeule avait extirpé du placard une vieille boîte métallique. Vendue remplie de biscuits de nombreuses décennies auparavant, celle-ci avait perdu toutes ses couleurs avec le temps, laissant l'aluminium nu.

La vieille dame déposa la boîte sur la table et l'ouvrit aussitôt. Sur un fond de papier essuie-tout, une vingtaine de sablés recouverts de sucre reposaient sagement, attendant qu'on les mange.

— Mmmh ! Ça sent bon ! ne put s'empêcher de dire la jeune femme.

À ce moment-là, la bouilloire électrique s'arrêta. Elle s'empressa de l'apporter à table pour verser l'eau dans la vieille théière de sa grand-mère, sur le thé parfumé. Pendant qu'il infusait, la jeune femme sortit le sucrier et le déposa à côté des deux tasses.

Elle s'assit aussitôt à côté de sa grand-mère, qui lui tendit un sablé. Et très vite, la conversation dévia vers les souvenirs de l'aïeule. Souvenirs que sa petite-fille ne se lasserait jamais d'écouter...

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