Pianissimo

Douze décembre - Le pouvoir des fables

La jeune femme soupira. Pourquoi était-ce toujours au moment du coucher que ses enfants étaient le plus excités ? Le repas était terminé, la toilette était faite, les dents brossées... mais la mise en pyjama était une épreuve chaque soir ! Sans compter les mille petites choses à dire dont ils se souvenaient brusquement. Non, décidément, à croire que les enfants n'aimaient pas la séparation du soir.

Enfin, elle avait fini d'enfiler au plus jeune, récalcitrant et qui gigotait dans tous les sens, son pyjama. Restait maintenant à attraper la précédente. Elle sautait sur un lit avec sa sœur, sa grande complice. La mère soupira à nouveau et leur rappela que, le lendemain, il y aurait à nouveau école. Qu'il fallait donc vite dormir, afin d'être en pleine forme pour bien travailler.

Évidemment, cela fit rire les enfants. Ah, aucun doute là-dessus, les réveils difficiles étaient bien oubliés, à l'heure du coucher ! Avec beaucoup d'énergie et le peu de patience qui lui restait, la jeune femme parvint néanmoins à mettre tout le monde en pyjama et à les envoyer se coucher. Bientôt, enfin, elle pourrait se poser un peu, dans le calme enfin retrouvé, et souffler.

Mais elle oubliait un détail. Détail crucial, qu'une petite voix prit soin de lui rappeler.

— Maman... Et l'histoire du soir ?

Être parent, le tonneau des Danaïdes, le rocher de Sisyphe... La jeune femme retint à temps un nouveau soupir. Avec un peu de chance, ses enfants resteraient sages, du moins calmes, pendant la lecture. Avec beaucoup de chance, ils parviendraient même à s'endormir dans la foulée...

Elle s'approcha de la bibliothèque contenant tous les livres d'enfants et commença par hésiter. Mieux valait pour elle, néanmoins, ne pas trop tarder ! Sans cela, c'était certain, ils allaient commencer par réclamer telle ou telle histoire... et se disputer, voire se battre, afin d'obtenir gain de cause. Voyons voir... Pourquoi pas un conte de fée ? Ça, au moins, c'était une valeur sûre.

La jeune femme se retourna vers ses enfants et réclama à nouveau le silence. Silence vite obtenu, cette fois-ci, par la perspective, bien alléchante pour ses petits, d'une histoire. Elle prit son temps pour s'asseoir et pour ouvrir l'ouvrage, cherchant soigneusement une histoire qui pourrait les intéresser, mais qu'ils ne connaissaient pas trop pour autant.

Captivés par avance, les trois jeunes enfants se turent, suspendus aux lèvres de leur mère, afin de mieux entendre.

— Il était une fois...