Quatorze décembre - Carrousel

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La jeune femme se mit à rire aux éclats. Elle ne sentait presque plus le froid de décembre. Presque. Elle regarda les volutes de buée qui s'était échappées de sa bouche, sans que cela ne calme son hilarité pour autant. Pourtant, elle détestait l'hiver, elle détestait le froid. Mais là, elle se sentait tellement bien.

Tout en reprenant sa marche, la jeune femme se tourna vers l'homme qui l'accompagnait. Lui aussi avait les joues rouges et un air réjoui, sous son bonnet et sa large écharpe colorée. Il lui emboîta le pas automatiquement. Cette promenade était si agréable, malgré le froid. Puisque celui-ci ne les empêchait pas de discuter de choses et d'autres, sujets qui devenaient tout à coup si passionnants !

Au cours de leurs pérégrinations, ils finirent par arriver sur une place illuminée par de nombreuses guirlandes électriques. Quel contraste, par rapport à l'obscurité relative des autres rues, malgré les décorations de Noël semées ça et là par la mairie ! Elle observa la place avec grand intérêt, retombant brusquement en enfance, avant de se tourner vers son compagnon.

— Oh regarde, une fête foraine ! s'exclama-t-elle joyeusement.

De perplexe, le visage du jeune homme se transforma radicalement, un large sourire venant détendre ses traits. Pour lui aussi, cela évoquait bien des souvenirs. Et vu la buée qui s'échappait de l'un de ces stands, il devait y avoir de la nourriture chaude, peut-être même du vin chaud. Avec le froid qu'il faisait, ce serait parfait !

— Tu veux manger quelque chose ? lui demanda-t-il alors en se tournant vers elle.

Elle accepta avec enthousiasme et ils se dirigèrent du même pas vers le petit chalet en bois, qui embaumait l'air de délicieuses odeurs, au fur et à mesure de leur approche. Ils découvrirent avec plaisir qu'il était très bien achalandé, et choisirent des beignets plongés dans la friture, bien gras mais, surtout, bien chauds.

Reprenant leur promenade tout en mangeant, les deux jeunes gens longèrent les autres stands de la fête foraine. Il y avait là des jeux destinés à tous les âges. Ils observèrent avec intérêt ceux qui y jouaient, enfants comme adultes. Sans en être vraiment conscients, c'était un peu comme s'ils se trouvaient en dehors du temps.

Petit à petit, au hasard de leurs pérégrinations à travers la fête foraine, ils virent de moins en moins de stands de jeux et de plus en plus de manèges et autres stands d'auto-tamponneuses. L'ambiance était de plus en plus animée et bruyante, mais c'était à peine s'ils y faisaient attention. Ils étaient tellement attentifs l'un à l'autre que c'était comme s'ils se trouvaient à l'intérieur d'une grande bulle transparente.

Tout à coup, un manège bien particulier attira l'œil de la jeune femme. Il faut dire qu'il se détachait nettement de ses voisins. Eux étaient anguleux, métalliques et largement couverts de nombreuses ampoules électriques multicolores illuminant leurs dessins aux couleurs criardes. Ce manège-là, au contraire, était rond, en bois, éclairé tout en blanc, presque de manière éthérée. Il était décoré de motifs anciens et délicats.

La jeune femme serra plus fort la main de son compagnon dans la sienne. Elle se tourna vers lui, un sourire rêveur aux lèvres, des étoiles dans les yeux.

— Dis... Ça te dirait d'y faire un tour avec moi ?

PianissimoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant