Gabe

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  GABE

Depuis six mois, mon unité et moi-même sommes déployés en Afghanistan. Certaines des missions que nous effectuons resteront ancrées dans notre mémoire. La dernière en date que j'ai conduite durant mon déploiement a été très lourde, non seulement sur le côté physique, mais aussi psychique.

Début du flashback

Nous avions comme ordre de mission d'escorter un convoi de l'ONU qui devait fournir des vivres pour ravitailler des habitants dans une contrée entièrement isolée non loin d'une zone de conflit. Notre étude de terrain pour apprêter cette opération nous a révélé que la majorité des villageois soutenaient notre présence dans leurs pays, mais que le tiers des occupants de cet endroit étaient des rebelles. Pour notre survie, nous devions redoubler de sécurité et d'attention. Le briefing rapporté quelques heures plus tôt par nos supérieurs a révélé que dans cette caravane se trouvait un homme d'une aisance financière exorbitante. Ce dernier avait fait don de diverses marchandises, et avait décrété qu'il assisterait à cette livraison en étant accompagné par deux journalistes. Nous en avons tous conclu que ce personnage n'était qu'un politicien qui cherchait à se faire passer pour un bon samaritain dans le but d'augmenter sa popularité lors des prochaines élections. Des renforts militaires nous ont été accordés, faisant doubler le nombre de l'unité. Et malgré toutes les précautions que nous avions mises en place, rien ne s'est déroulé comme nous l'avions prévu...

Nous venions d'arriver pour sécuriser la zone. Nous étions à peine descendus de notre véhicule blindé que Riley s'est dirigé vers une petite maison. J'ai observé mon binôme avec attention. Il a marqué l'arrêt devant la porte, les poils sur le dos. J'ai appelé mes collègues pour procéder à une reconnaissance des lieux. Par précaution, nous avions faits immobiliser le convoi dans une zone de sureté. Quand nous sommes entrés dans la bâtisse, rien ne nous laissait penser que ce logis abritait âmes qui vivent. Nous avons passé au peigne fin l'habitation et n'avons rien découvert d'étrange ni perçu le moindre cliquetis d'une bombe qui serait calfeutrée sous les tapis qui ornaient le sol. Malgré notre fouille intensive des lieux, Riley continuait à grogner. Je sentais que quelque chose n'allait pas. Je connais mon chien à la perfection, et jamais durant toutes nos missions, ce dernier ne s'est trompé. J'ai informé le fourgon de l'ONU de continuer à patienter le temps que nous effectuions une nouvelle exploration, mais ils n'ont pas voulu prendre en compte mon avertissement.

J'ai donc décidé de continuer mes recherches avec Riley, le reste de mon équipe étant partie accueillir les véhicules. La maison était un vrai taudis. Je m'en souviens comme si j'étais encore dans ce lieu. Je revois cette petite pièce qui devait servir de salon et de chambre. Dans le coin de l'habitation, il y avait trois tapis avec des oreillers et des morceaux de tissus qui devaient servir de couverture. Des bols en terre sale, des casseroles et diverses affaires jonchaient le sol. Ici, nous côtoyons la misère, le désespoir, la tristesse, la douleur, la rage et la haine. Lorsque je me retrouve face à tous ces sentiments à chacun de mes déploiements, mon humanité en prend un gros coup. Comment l'homme peut-il être aussi barbare ? Le plus éreintant, c'est de voir dans les yeux d'une mère la déchéance quand cette dernière porte dans ses bras son enfant mort. Toute cette indigence accumulée fait que je suis devenu un SEAL. Je me sens utile, j'apporte mon soutien et mon aide aux personnes les plus démunies à se protéger contre toute cette rage qui règne dans ce pays.

A travers la fenêtre sans vitre, j'aperçois les villageois se presser d'un pas victorieux vers le convoi qui vient de se garer dans le centre du village. Mon regard dévie de nouveau sur un des tapis qui jonche au sol. Il était légèrement plié, dans le coin de ce tissu, je pouvais distinguer un début de fissure. Je me suis approché et j'ai retiré entièrement ce morceau de toile. Ma surprise était à son comble quand j'ai compris que l'entaille était le début d'une trappe. J'ai informé sur le champ les soldats qui sont venus me prêter mains fortes ; Riley à mes côtés, ne cessait de geindre. Avec toute la délicatesse du monde, je l'ai ouverte, arme à la main, prêt à tirer. Ce genre de « cache » est très fréquent. C'est dans ce style d'endroit que les rebelles planquent leurs armes. Une fois ouverte, la profondeur n'était pas très grande, mais la quantité d'armes qui y recelait, était impressionnante. J'ai tout de suite alerté mon colonel de ma découverte. Et en une fraction de seconde l'enfer s'est déchaîné. J'entendais des hurlements, des tirs fusaient, les habitants couraient dans tous les sens et à la radio ne cessait de résonner ces paroles « guet-apens ». Je n'ai pas eu le temps de rejoindre le reste de mon unité. Mon corps toujours en alerte s'est figé devant l'apparition du petit garçon âgé d'environ 8 ans qui se tenait face à moi. Son apparence était triste à voir, son corps frêle était vêtu d'une longue tunique grise délabrée et déchirée recouvert d'un petit gilet fermé. Ses pieds étaient dépourvus de sandales. Son regard était à la fois surpris et rempli de peur vu que mon arme était braquée sur lui. Nous avons des ordres. Toutes personnes représentaient potentiellement un danger, même les enfants. Cela peut paraître choquant, mais les terroristes les utilisent pour nous attendrir et ils l'ont bien compris. Combien de frères d'armes sont tombés dans ce piège en y laissant la vie... beaucoup trop. Nous avons pour ordre de ne jamais laisser un assaillant vivant... même si celui-ci est un môme.

GabeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant