une vérité dure à admettre

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   L'obscurité dans laquelle je suis plongé actuellement me permets d'observer impassible assis sur la table de ping-pong, ce lieu où vingt minutes plus tôt j'ai offert un baiser rempli d'espérance à Lizzy. Un espoir qu'elle a empressement dégagé de ma réalité quand elle m'a annoncée d'une voix froide et irascible qu'Angèle n'est pas ma fille. Depuis, ces mots ne cessent de résonner dans ma tête. Comment ai-je pu croire que cette gosse aurait pu être la nôtre ? C'est complètement insensé. Quatre ans qu'elle est partie sans se retourner, sans donner aucune nouvelle, pas une lettre ni un coup de téléphone... le néant total. Pourtant, pas une seule journée n'est passée sans que je ne me relate les promesses que je lui ai faites.

FLASHBACK

Quatre ans plus tôt

-Je t'avais promis que d'ici les étoiles filantes seront plus perceptibles du fait que l'obscurité est la pièce maîtresse de la colline. Précisais-je en blottissant plus intimement son dos contre mon torse. Tendrement, je passais mes bras autour de sa taille dans le but que sa tête vienne se poser dans le creux de mon épaule. J'aimais être dans une position aussi intime avec elle. Son effluve exotique de noix de coco éveillait mes sens, troublant mon envie de la posséder. Je ravalais ma salive avec difficulté en projetant des images déprimantes pour écarter celles où je la revoyais nue, le regard brûlant d'un désir inexplicable. Celui qui m'a transcendé dès que j'ai défloré ma douce. Ce désir qui me consumait perpétuellement dès que nous étions séparés. Lizzy, pourquoi aimes-tu autant les étoiles ? Demandais-je dans l'espoir qu'elle puisse m'aider, sans le savoir, à contrer cette sensation qui ne cessait de s'amplifier pour elle. Huit mois que nous étions ensemble. Chaque regard que je posais sur sa personne accentuait ce fil qui nous reliait. Quand nous faisions l'amour, j'avais l'intime conviction que rien ne pourrait faire obstacle à notre union.

-Elles permettent à mon esprit de voyager, de se libérer de toutes les tensions qui me blessent. Tu sais Gabe, chaque fois que je les observe, je me sens libre. Je me perds dans l'infini de leur beauté. C'est comme si elles étaient les guérisseuses de mes maux. Me soufflait-elle d'une voix douce et sereine. Le père Havilland me disait toujours que lors des enterrements qu'il menait, le soir une nouvelle étoile brillait dans le ciel. Qu'elle était l'union de l'âme de la personne défunte avec son ange. Ajoutait-elle en blottissant ses mains dans les miennes qu'elle promène sur son corps pour les conduire jusqu'à sa poitrine. En peu de temps, Li a su prendre des initiatives dans notre couple. Sa timidité si excentrique du début a laissé place à une jeune femme amoureuse qui ne se gênait plus de m'embrasser devant mon unité, voire même devant son père... mon colonel.

-Ah ouais, il te disait cela le père Havilland ? Lui fis-je constater en souriant tout en déposant un baiser dans son cou qui l'avait fait frémir sans prémisses.

-Gabe ! Grondait-elle en se retournant pour me faire face. Grâce à lui, je sais que ma fille s'appellera Angèle.

-Tu es enceinte ? Demandais-je sérieusement tout en sentant mon désir sexuel s'estomper pour laisser mes muscles se tendres à l'attente de sa réponse.

-Non ! Justifiait-elle si froidement, que mes nerfs se relaxaient prestement. Mais quand je serais enceinte et si c'est une fille, elle se prénommera Angèle. Ma main se posait sur sa joue glissant jusqu'à ses lèvres. Je scrutais ses prunelles, le désir qui illuminait ses pupilles me faisait frissonner. Je n'ai que seize ans et je ne suis encore qu'une gamine, mais je sais que le moment venu, je voudrais des enfants. Clarifiait-elle ses yeux ancrés aux miens. Je sentais mon cœur rater un battement, réalisant que nous parlions d'enfants comme un couple marié. L'intuition qu'elle était ma destinée s'emparait de mon âme, elle sera la mère de nos enfants, la femme qui portera mon nom. Cette certitude était trop présente en moi pour que je puisse me tromper sur notre futur. En entrant dans ma vie, Li a su me donner un but, un objectif, non un désir de fonder ma famille avec elle.

-Lizzy, disais-je en déposant mes lèvres sur les siennes tout en la positionnant sur mes cuisses pour qu'elle me regarde. Ce soir, je te promets que je serais toujours là pour toi et... je fermais les yeux pour prendre le courage de terminer ma phrase, car je suis sûr que les mots que je vais lui révéler la feront rire. Alors, dans une grande inspiration sans jamais la quitter des yeux, j'avouais : Je serais le père de tes enfants. Soufflais-je trouillard de sa réaction comprenant que dans à peine une minute, Lizzy va exploser dans un fou rire qui me vexerait car elle croira que je me moquais d'elle. Je voulais qu'elle comprenne que je suis sincère en ce moment. Même si elle va fêter ses dix-sept ans dans peu de temps et que je n'ai que vingt-deux ans, beaucoup disent que nous sommes adorables ensembles malgré notre différence d'âge. Ils pensent tous que notre histoire n'est que passagère. Je voulais qu'elle prenne réellement conscience que je désirais aller plus loin qu'une simple relation. Je suis sérieux, je ne fais jamais de promesses en l'air. Je t'aime Li ! Soufflais-je en plongeant mon regard dans le sien.

- Gabe, murmurait-elle troublée par mes dires. Que les étoiles soient témoins de tes promesses mon beau marine. Avait-elle précisé en m'embrassant avec une gourmandise frissonnante. Une avidité qui ne chassait pas le besoin de la faire mienne mais qui embrasait la volonté affriolante qui coulait dans mes veines de lui faire l'amour, là sur la colline sous le ballet majestueux des étoiles filantes.

Cette nuit-là, nous nous adonnions dans un corps à corps exceptionnel, profond, fusionnel. Nous ne formions qu'une seule et même entité.

Cette nuit-là, plus rien n'existait mise à part elle, moi et le ciel étoilé. Juste l'union parfaite de nos deux âmes qui se mélangèrent pour la dernière fois. Parce que Lizzy disparaissait deux jours plus tard.

Fin du flashback

*****

De nos jours.

-Putain ! Ce qu'on peut être con quand on est amoureux. Sifflé-je en posant mon regard sur Riley qui vient de revenir à mes côtés.

-Je t'ai toujours dit qu'elle t'apporterait que des emmerdes cette gonzesse. Me fit constater Callum en prenant place à mes côtés sur la table. A partir de moment où tu l'as fréquenté, tu as perdu ta concentration. Tu n'étais plus le soldat impulsif qui aurait donné sa vie pour son pays. Rappelle-toi Gabe, tu voulais refuser de suivre la formation des SEALS pour elle, crache-t-il avec amertume, pour une salope qui s'est fait mettre en cloque par un autre ! Ces mots me percutent plus violemment que je ne l'aurai voulu et pour cause... ils viennent de mon mentor. Il a su me faire prendre conscience que cette nana avait abusé de l'amour que j'avais pour elle. Seul Callum a réussi à me faire réaliser que si Li avait ne serait-ce qu'un instant eu des sentiments à mon égard, jamais elle ne se serait barrée !

-Ouais, soufflé-je en me levant. Comme tu dis Callum, une salope. Déclaré-je en posant mon regard sur Jackson qui sort de la salle avec Angèle dans les bras, suivi de Lizzy qui regarde dans notre direction. Je l'observe caresser les cheveux de sa fille d'un geste maternel, protecteur. La colère s'immisce en moi. La rage de n'avoir été qu'un pion dans la vie de cette profiteuse réveille les doutes que j'avais sur sa soi-disant relation avec Jackson. Alors, de les voir ensemble encore plus complices que dans mes souvenirs, je comprends qui est le père de la gamine et, sans attendre, j'en fais part à mon ami présent à mes côtés. Lui aussi observe la scène que ce couple nous offre... Tu sais quoi Callum, je suis sûr que c'est Jackson qui l'a engrossée. Déclaré-je ardemment en crachant au sol, les muscles bandés à leur apogée.













GabeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant