il y a 4 ans...

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         Je me réveille brusquement, le corps entièrement greffé contre une surface chaude et moelleuse. Je me souviens d'être dans le lit de Gabe. Je me retire de ses bras en prenant soin de ne pas le réveiller. Je sais que pour un soldat, les occasions de dormir sont rares. Je me retourne dans le but de me lever du matelas tout en basculant mes jambes pour qu'elles viennent se poser au sol. Je reste ainsi quelques minutes en observant la pièce autour de moi. La résonance d'un orage traversant la base me rappelle que cette nuit j'ai fait l'amour avec Gabe. J'ai laissé mon corps s'imprégner de ce moment intime. Ce lien brisé m'est revenu comme un boomerang. Les mots qu'il a éparpillés dans mon esprit m'ont rassurée et libérée. Je sais que je ne peux plus reculer, que si je désire revivre « un nous » et laisser partir mon passé, je dois affronter avec courage la conversation qu'il va désirer obtenir dès son réveil.

Mais sommes-nous redevenus un "nous" ou sommes-nous tout simplement deux adultes consentants le temps d'une partie de jambe en l'air ?

Ma peau frissonne, un air frais s'obstine à venir chatouiller mon épiderme. Je me lève du lit cherchant du regard avec la faible clarté que l'orage m'offre des vêtements à enfiler. Une douleur trésaille dans mon pied. Je grimace violement face à la souffrance qui s'installe dans ma jambe. J'essaie de comprendre la cause de cette agression... ses plaques de matricule. Elles jonchent le sol et sont la raison de ce mal. Je me baisse doucement pour les ramasser et au contact de ces dernières, un flash d'il y a quatre ans m'enveloppe l'esprit, revivant la scène où je découvre Gabe et cette garce emboîtés l'un dans l'autre.

J'ai envie de hurler ma rage, de pleurer ma colère tant ce souvenir est douloureux. Mes membres se tétanisent, mes doigts se referment brusquement sur les bouts de métal. Mon souffle devient court, ma vue se floute, j'angoisse. La peur accapare la moindre raison qui me permettrait de ne pas sombrer dans d'obscurs songes. Tout mon corps flanche, mes genoux vacillent et je tombe au sol. Mes cris, mes pleurs grondent aussi fort que l'orage qui brise le silence que la nuit nous apporte. Cette image devant mes yeux ne cesse de se jouer sans interruption. Cette scène répugnante m'arrache une envie de vomir. Revivre ce moment de mon passé dans ma mémoire, me ramène à cette nuit cauchemardesque, cette soirée de l'horreur, ce moment qui a détruit mon existence.

Deux mains m'empoignent solidement, je suis blottie contre un buste chaud et dur. Je tremble par le mal qui me ronge. Cette souffrance gagne de l'emprise sur mon corps. Je suffoque, mes bras gesticulent dans l'espoir de m'extirper de ceux de Gabe. J'ai besoin d'air, besoin de sentir le vent s'écraser sur ma peau. La seule chose que je détecte est la voix de mon amant.

-Chut, je suis là. Calme-toi Lizzy. Respire lentement. Le ton calme qu'il emploie pour me rassurer m'apaise. Inspire par le nez et expire par la bouche. Me conseille-t-il d'une voix douce. Je suis ses recommandations. Mon souffle reprend un léger rythme régulier. Je le sens, il est là près de moi frottant mon corps de ses deux mains, ses gestes me brûlent. Je sers fortement ses médailles dans ma main, un liquide chaud se laisse glisser le long de mon poignet. Lizzy, ouvre la main ! M'ordonne-t-il.

-Non ! Pourquoi... le supplié-je. Pourquoi tu ne portais pas tes plaques quand tu as couché avec elle ? Imploré-je prise de spasmes sous mes larmes qui affluent à outrance.

-Lizzy, tu es la seule qui peut me les retirer. Tu te souviens ? M'explique-t-il en prenant mon visage en coupe dans ses mains. Pourquoi me parles-tu de mes plaques ? Réclame-t-il la voix tremblante. Ses mains m'attirent à lui, il blottit mon visage contre son torse, son menton se pose sur le dessus de ma tête. Je te jure, que je n'ai jamais couché avec une autre que toi durant notre relation, et jamais personne n'a eu le droit de me les enlever. Tu es la seule ! Essaie-t-il de me dire tout en me berçant contre sa poitrine. Les battements de son cœur qui résonnent à mes oreilles délit les tensions présentes dans mes membres. Explique-moi !

GabeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant