Voilà deux heures que j'ai quitté Jackson, Angèle et Clem. Cent vingt minutes que je suis assise devant le bâtiment central de cette base. J'observe un à un les personnes qui défilent sur le bitume, s'empressant de mener leur journée comme il se doit. Je suis là, au milieu de ces personnes autant civils que militaires, autant hommes que femmes, tremblante sur un banc froid, aussi écaillé que mon âme, aussi misérable que moi avec mes mensonges.
J'aimerais faire disparaitre tous ces moments qui me sont néfastes qui me pourrissent l'existence. JE pense à Gabe, à son mensonge sur son frère jumeaux, j'ai envie de le détester car si j'avais su dans le passé que Slater avait existé, je n'aurais pas été violée. Je lève les yeux au ciel, ravalant mes larmes, pinçant mes lèvres. Je n'ai pas le droit d'en vouloir à Gabe, je n'ai pas le droit de le rendre fautif de l'acte de violence que j'ai subis. Il n'est pas là cause de mes tourments.
Les paroles de mon frère adoptif me font réaliser l'erreur que j'ai commise il y a quatre ans, si j'avais eu le courage qu'ils ont, la volonté d'affronter ma vie, j'aurais supporté les regards, de honte, de pitié. Je n'était pas prête à le faire, incapable de révéler le malheur qui venait de s'abattre sur moi. J'ai toujours affirmé que ma rupture avec Gabe était la principale cause de ma fuite, j'ai menti à toutes les personnes qui me sont chères, je ne pouvais pas ou tout simplement je ne voulais pas admettre avoir été violée par lui, par cet homme qui envahit chaque seconde mes pensées depuis mon retour.
Prononcer son nom me brûle les entrailles, je laisse sans peur, couler les larmes de ma tristesse. J'ai honte de ne pouvoir divulguer son identité, mais la peur qu'il mette à exécution ses menaces, sur ma famille et Gabe, me tétanise, me paralyse la volonté de le faire tomber.
J'observe le bâtiment, je sais que je n'ai plus le choix, que d'ici peu, la seule personne qui ne devait jamais l'apprendre va le découvrir par un étranger. Que va-t-il penser de moi? j'ai envie de crier, de déverser cette souffrance que j'accumule depuis toutes ces années à tenter de fuir mon passé. Je ne fais rien, j'avance m'engouffrant entre les portes, me laissant happer par la chaleur du Hall. Le regard des employés qui circulent dans ce lieu se pose sur moi alors que j'avance les bras le long de mon corps, le visage meurtris par cette émotion qui menace d'exploser.
-Mlle! puis-je vous aider? me demande la douce voix d'Annabelle. Je cesse mes pas pour dévier mon corps vers elle, je tente vainement de lui sourire mais l'arrondis de ses yeux me prouve que ma tête ne doit pas faire être agréable à regarder. Il est dans son bureau. me précise t'elle gentiment
JE ne peux plus reculer, je dois l'affronter pour le décevoir. je ferme les paupières baissant mon visage, je cherche une contenance pour trouver cette puissance qui m'aidera à franchir cette porte. Tremblante, je pose ma main sur la poignée, je la déverrouille en poussant légèrement ce bois qui me sépare de mon père.
Je ne bouge pas du chambranle, je sais, du moment que j'aurais franchis le seuil, ma vie va prendre un autre chemin.
-Lizzy, articule mon père qui se redresse de son fauteuil pour venir à ma rencontre. Que se passe t'il? pourquoi pleures-tu? sa voix caresse mon ouïe par la légère intonation d'angoisse qui y rode.
Je pleure comme une gamine, de honte, de peur, de soulagement, je pleure comme la Lizzy de seize ans aurait pleuré face à son père. J'avance d'un pas, mes chaussures sont celles de mes seize ans, je suis redevenue cette ado détruite, impuissante, totalement brisée par un homme. Le poids des bras de mon père sur mes épaules me confirme que je suis collé contre son torse, il m'offre une étreinte, un moment de douceur comme il le faisait quand j'étais enfant. Mes larmes cascadent sans que je ne puisse marchander avec elles et qu'elles cessent, je suis envahit par un maelstrom d'émotions sous les paroles rassurantes de mon paternel.
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Gabe
LosoweCertains regards vous laissent de marbre, et il y a ce regard.... Ce regard qui devient obsessionnel, Ce regard qui émoustille votre corps, brisant les frontières de vos interdits.... Il était le héros de mes songes, Il était celui qui me f...