Je ne cesse de me ressasser les dires que Gabe m'a craché au visage et, bien qu'il ait prodigué des insultes blessantes envers ma cousine, l'unique phrase qui résonne en moi me réconforte dans ma pensée que ces deux êtres étaient faits pour être réunis... « Je venais lui demander l'autorisation de l'épouser ». Après son départ, j'ai discuté avec Chris, il m'a avoué être au courant de la demande de son meilleur ami et que lui-même l'avait encouragé à le faire même si Li n'était pas encore entièrement une adulte. Sachant que le père de sa petite amie était son colonel, Gabe avait peur de l'affronter car il était persuadé que son chef songerait que sa demande n'était qu'un moyen pour obtenir ses faveurs. Alors que non, ce soldat était éperdument amoureux de Lizzy.
Je ris, seule sur le trottoir d'une des rues froides et ternes de la base en repensant au moment où il nous a montré son tatouage. Cela fait quatre ans maintenant que Gabe a fait noircir sa peau à l'encre indélébile. Une phrase si simple aux yeux des autres, mais si profonde pour lui. « Cette phrase est ma réalité » avait-il confié à mon mari. Bien que des années se soient écoulées, jamais il n'a tenté ou pris l'initiative de la faire ôter ou recouvrir par une autre esquisse. Je pénètre chez ma tante comme à mon habitude sans frapper. Je glisse mon gilet sur la patère du hall d'entrée.
-Tata ? Appelé-je, dans l'espoir qu'elle soit présente.
Livia a été très touchée par le départ de sa fille. À plusieurs reprises, je l'ai tenue dans mes bras pour qu'elle puisse pleurer et évacuer ce chagrin qui la rongeait mais jamais elle n'a cessé de me questionner sur les raisons du départ de ma cousine. Alors quand j'ai vu son regard rempli de bonheur le jour où elle m'a annoncé le retour de Lizzy, j'ai pris la décision de connaître la vérité sur ce qui a brisé notre famille. Son visage couvert de farine me sourit lorsqu'elle sort enfin de la cuisine. Mes yeux sont attirés par une petite silhouette qui timidement se cache derrière elle. De beaux yeux verts-émeraude m'observent avec minutie, ses longs cheveux noirs de jais maintenus dans une natte africaine sont parsemés de poudre blanche. Je ne peux m'empêcher de sourire en ouvrant mes bras pour que ma filleule vienne s'y blottir. Ce petit ange qui a su, d'un seul regard m'apprivoiser. Quand ses prunelles ont rencontré pour la première fois les miennes, je me suis sentie fondre littéralement, ouvrant ma vie à cette petite fille.
-Ma chérie, que tu m'as manquée ! Dis-je en la serrant fortement contre moi me couvrant le visage de farine qui décore ses cheveux.
-Tata, tata ! Crie-t-elle en emprisonnant ma bouille de ses petites mains pleines de pâte. Ze fais un goto avec mamie. Je me tourne vers Livia qui me sourit avec un éclat de tristesse dans les yeux. Je repose Angèle au sol pour aller embrasser ma tante qui dépose sa main sur ma joue.
-Je suis heureuse que tu sois là, me précise-t-elle d'une intonation chagrinée tout en observant Angèle repartir à la cuisine. Je sens par l'intonation vibrante de sa voix qu'un malaise est présent sous son toit. Elle est sur la balancelle. J'ai peur Justine. Chaque nuit depuis quatre jours je l'entends pleurer. Deklan m'empêche d'aller vers elle dans l'espoir d'apaiser sa douleur. Je ne pourrais pas supporter que ma fille reparte d'ici. Elle agit comme si de rien n'était, mais je sais que quelque chose ne va pas. M'explique-t-elle les yeux embués par les larmes. Sors-là Justine, nous partons chez mon frère ce week-end avec Angèle. Mon bébé n'a même pas hésité une seule seconde pour que l'on prenne la petite avec nous.
-Je vais la sortir, ça lui fera du bien de vivre une soirée sans se sentir coupable envers Angèle. Je te promets de lui faire oublier ce mal qui nous l'a enlevé il y a quatre ans. Précisé-je en la voyant me sourire avant qu'elle ne se tourne pour retourner vers sa petite fille dans la cuisine.
J'approche à pas feutrés de la balancelle qui se trouve dans le fond du jardin. Lizzy est de dos fixant un point invisible devant elle. Ses cheveux sont lâchés, je peux apercevoir ses genoux blottis entre ses bras.
VOUS LISEZ
Gabe
RandomCertains regards vous laissent de marbre, et il y a ce regard.... Ce regard qui devient obsessionnel, Ce regard qui émoustille votre corps, brisant les frontières de vos interdits.... Il était le héros de mes songes, Il était celui qui me f...