Chapitre 9 : Invocation Impromptue

4.6K 750 92
                                    

Aliénor muta, pour se jeter littéralement à la gorge de l'un des satyres. L'autre l'aurait probablement ceinturée, si une forme n'était pas tombée du ciel pour le clouer au sol.

-Tu ne toucheras pas à ma sœur ! tonna Florentin en lui ouvrant la gorge.

La créature se vida de son sang noirâtre, pendant que son frère saisissait la jeune femme par la peau du cou.

-Toi, tu voles !

Hein ?

La seconde suivante, il la jetait dans les airs, de toutes ses forces. Sous sa forme de louve, Aliénor émit un couinement animal de bon aloi. Il l'avait propulsé avec une telle force qu'elle s'éleva à cinq bons mètres au-dessus de la mêlée ! Or, une vague noire menaçait de submerger Florentin ! Ses ailes de libellules déployées, elle se serait précipitée pour le sauver, si on ne l'avait pas attrapée au vol. Quoi, encore !?

En levant le museau, elle découvrit sa mère. En habits mondains, les cheveux décoiffés, elle posa un regard déterminé sur sa cadette.

-Je vais te mettre en sécurité, déclara-t-elle. Et tu n'as pas intérêt à sortir de ta chambre.

Quoi ? Non ! Non !

Bloquée sous le bras de la Duchesse de Millicent tel un petit chien, Aliénor vit la scène de bataille s'éloigner. Il y avait encore plus de diables et de satyres que ce qu'elle croyait. Ils se jetaient tous sur Florentin avec férocité... Oh bon sang ! Son père venait de les rejoindre, sous sa forme de loup-garou. Talonné par Aurore, elle aussi transformée, et Erik, ils firent une percée dans les rangs des démons.

Angèle atterrit sur le balcon d'Aliénor, donnant directement sur la scène chaotique. Les Millicent n'allaient pas faire le poids... Ils étaient trop nombreux ! Des satyres continuaient à jaillir des miroirs ! Ils allaient...

-Nous nous occupons de cette affaire, déclara sa mère en la déposant sur le sol de sa chambre, avant de tirer un pistolet et une dague de sous ses jupons. Léopoldine, je compte sur vous.

Quoi !? Mais elle s'envola, sans lui laisser le temps de reprendre apparence humaine. Un cri de rage échappa à la jeune femme lorsque Léopoldine la retint, affolée.

-Tu dois rester ici !

-Ils vont se faire tuer ! rugit-elle, de nouveau femme. Ils sont trop nombreux !

-Si Oscar te met la main dessus, cria la sorcière, alors c'est la fin pour tout le monde !

Des hurlements inhumains résonnèrent, faisant trembler tout le château. Non... Non ! La panique, mêlée à la rage, lui fit prendre sa décision.

-Il ne gagnera pas ! cracha Aliénor. Léopoldine, recule !

-Non...

La Millicent darda sur elle un regard implacable, plein de détermination. Une détermination que la sorcière avait déjà vue chez sa sœur, son frère. Ses parents. Rien ne pourrait l'arrêter. Elle la lâcha donc, non sans se poster devant la fenêtre.

Étrangement, ce n'est pas là qu'elle se rendit. Repoussant la table basse, entièrement nue, Aliénor fit face au pentacle gravé sur son sol. Léopoldine écarquilla les yeux en le découvrant. Comment avait-elle fait pour ne pas le voir avant !?

Agenouillée, la jeune femme posa ses mains sur le cercle extérieur du pentacle, la rage au cœur.

-Bérith ! tonna-t-elle. Je t'invoque !

Les symboles répondirent à son appel. Ivre de colère, elle prêta à peine attention à la lumière aveuglante. Se redressant de toute sa taille dans la fumée jaillissant des arcanes, elle s'apprêta à faire face au Duc infernal...

Et se retrouva devant un homme à la peau humide d'un bain. Une serviette en travers des hanches, une autre sur les épaules et un chapelet en travers des pectoraux, l'individu invoqué lui renvoya un regard surpris.

-Oups. Je ne pensais pas être appelé si tôt.

Un regard vairon bien connu.

-Ha... Hawk ? bafouilla Aliénor.


4. La Parade du CuistreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant