Chapitre 4 : Un Crime Auditif

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Il n'y avait pas de bal ce soir, seulement une cantatrice d'opérette décidée à vriller les tympans de toute la maisonnée. Les oreilles abimées par ses fausses notes, Aliénor quitta rapidement la salle de musique. Une partie des invités y était enfermée, les larmes aux yeux par la magnifique prestation de la femme. Pour une louve, cela relevait du crime auditif.

Dans un salon, Mamie Millicent effectuait une séance de tirage de cartes aux jeunes femmes, tandis que dans un autre une pléthore d'hommes jouait aux cartes. Madame Léopoldine ayant était interdite de séance de spiritisme, certains se plaignaient de son absence. Toutefois, il suffisait à ceux-là de croiser Florentin pour se taire.

C'est dans la pièce dédiée aux conversations en tous genres qu'elle trouva Hawk. Installé avec plusieurs hommes, ils discutaient de l'influence de l'Église sur la France. Un sujet passionnant, vraiment, auquel aucune des femmes en présence ne participait. Évidemment. Une aristocrate ne devait pas avoir de conversation intelligente. C'était bien connu.

-Lord Abiscon. Puis-je vous parler ?

L'exorciste s'excusa avec un sourire, avant de la rejoindre un peu rapidement. En fait, il devait être ravi de s'échapper.

-Que puis-je pour vous, mademoiselle de Millicent ? s'enquit-il en lui offrant son bras.

-Discuter un peu des récents évènements, fit-elle avec un sourire.

Avec un hochement de tête, il entreprit de marcher à son côté, au travers des différents lieux de la soirée.

-J'ai trouvé étrange qu'Oncle Oscar soit en partie sorti du miroir. Ce n'était jamais arrivé, jusqu'à présent.

Hawk baissa ses yeux vairons sur elle, l'air grave. Pas une ombre de sourire ne planait sur ses lèvres.

-Je ne pensais pas que tu le remarquerais. Mais effectivement, c'est problématique.

-Comment cela ?

-Hé bien... quelqu'un cherche à le faire sortir des Enfers.

Le faire sortir ? Surprise, elle considéra l'exorciste.

-Je cherche justement qui pourrait chercher à libérer un individu aussi dangereux. Tant que je n'aurais pas mis la main dessus, je ne pourrais pas sceller l'accès à Oscar.

-Oh... Tu veux dire qu'un individu accomplit des rites sataniques pour le faire revenir ? Mais enfin... Nous l'aurions vu !

Cette fois-ci, il lui sourit. D'une façon fortement déplaisante.

-Les humains sont capables du pire, Aliénor. Bon, je te laisse. Je repars à mon inspection.

Sur quoi il retourna à son bain de foule, guettant les conversations, cherchant un responsable à la dégradation de leur situation. Hum... Effectivement, elle ne l'avait jamais vu aussi sociable. Elle aurait dû se douter qu'il y avait anguille sous roche.

-Ma chérie.

Le Duc de Millicent lui accorda un doux sourire quand elle se tourna vers lui. Grand et fort, son père faisait envie à bien des femmes. Qui se confrontaient toujours à sa froideur. Une seule femme l'intéressait, et c'était son épouse. La Duchesse avait un fichu caractère qu'il aimait plus que tout.

-Papa. Tu as fui toi aussi la cantatrice ?

Il grimaça en portant une main à son oreille. Loup-garou de naissance, il était encore plus sensible qu'elle. D'ailleurs, elle n'avait pas vu Aurore ce soir...

-Oui. J'ai un message de la part de ta sœur, qui elle a carrément fui le château avec Erik : elle a laissé le livre dans ta chambre.

Le livre ? Quel livre ? Oh ! Ce livre !

4. La Parade du CuistreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant