Chapitre 3 - Partie 1

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- Qui est là ?

Ma voix s'était faite plus tremblante que je ne l'aurai voulu. Hors de question de donner à cette personne la satisfaction de me faire peur. En même temps, inutile de vous avouer que j'étais tétanisée. Pour toute réponse, l'homme toussa une deuxième fois et je vis les contours de sa silhouette se mouvoir.

- Aidez-moi ! se mit-il à geindre subitement d'une voix douce et faiblarde.

- Pa... Pardon ? bégayai-je choquée de prendre conscience qu'il avait plus de l'agneau que du serial killer.

- Aidez-moi ! répéta-t-il avant de s'effondrer sur le sol.

Je vis son ombre s'affaisser et se transformer en une tâche sombre entre les pierres tombales. Je n'hésitai pas une seule seconde et me précipitai sur lui pour lui venir en aide. Il ralluma en moi les derniers soupçons d'humanités qui m'animaient encore.

Je m'accroupis à ses côtés et pris son pouls. Manifestement, il était encore en vie. L'obscurité était telle que je ne pus déchiffrer ni les traits de son visage ni voir les vêtements qu'il portait. Tout ce que je pus remarquer lorsque je le saisis par les poignées pour le trainer à l'intérieur de la maison, c'était la nudité de ses avants bras.

 Avec le recul, j'avoue avoir pris beaucoup de risque ce jour-là. Je ne savais rien de cet homme, ni de ce qui avait bien pu le mettre dans cet état, et voilà que je traînai son corps jusque chez-moi à travers les feuilles mortes et les débris charriés par le vent. Il n'était pas particulièrement lourd, moins que mon panier à bois, pensai-je, et le tirai jusqu'au salon avant de le laisser en plan pour aller chercher mon panier de bûche. Une fois la tâche accomplis, je refermais la porte à la hâte et m'y adossais pour reprendre mon souffle.

Je fermai les yeux et m'obligeai à compter jusqu'à dix avant de rouvrir les yeux. Un, deux, trois, quatre, cinq, six... ça allait déjà mieux. Mon pouls avait sensiblement ralenti et j'étais prête à affronter la situation. 

J'observais avec anxiété l'ouverture entre la cuisine et le salon par laquelle seuls les pieds de mon inconnu dépassaient. Je prenais enfin conscience de ce que je venais de faire. Il y avait un étranger chez moi, en pleine nuit, et c'est moi qui l'y avais conduit. Je fus tout à coup comme paralysée et ne trouvais plus le courage d'aller assumer mes actes. Je m'attendais à chaque instant à le voir se lever et débouler dans la pièce, un sourire diabolique étirant ses traits.

J'attendis dans cette position, le dos figé contre la porte. Soudainement, ne sachant pas quoi faire maintenant qu'il était là, mon cœurse mit de nouveau à tambouriner à ma poitrine, pendant ce qui me sembla être une éternité.

Je ne sais pas vraiment ce que j'attendais, mais je l'attendais. J'imaginais sans doute que son corps allait disparaître ou alors que j'allais me réveiller d'un mauvais rêve d'une minute à l'autre. 

Comme rien ne se produisit, je me détendis un peu et me massai nerveusement la nuque pour en faire disparaître la raideur qui s'en était emparée. Où avais-je mis mon arme déjà ? Ah oui, dans le salon...

Je me secouai un peu et m'obligeai à sortir de ma tétanie. Je n'allais quand même pas rester immobile comme ça pendant des heures ! C'est moi qui l'avais amené ici après tout. Je devais me faire confiance. Si j'avais trouvé bon de le faire pénétrer dans ma maison, c'est que j'avais estimé que c'était une bonne chose et je ne devais jamais douter de l'éducation que m'avaient donné mes parents. Il faut toujours aider une personne dans le besoin.

De là où ils étaient, ils m'observaient et rien ne justifierait que je leur fasse honte. Ils voudraient que j'aille au bout de ma démarche et que j'aide cet homme. Je n'allais pas les décevoir. 

S.A.MOù les histoires vivent. Découvrez maintenant